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Comment raconter le féminicide qu’a été la chasse aux sorcières perpétrée entre le XVe et le XVIIIe siècle ? Déjà en allant sur les lieux de ces exactions, s’est dit Judith Prat, journaliste et documentariste aragonaise qui, pour sa série « Brujas » exposée à Toulouse jusqu’au 31 octobre, s’est rendue dans divers villages des Pyrénées françaises et espagnoles pour y traquer les signes de ce passé funeste : « On voit sur pas mal de maisons, sur les toits où il y avait des cheminées, des pierres bloquant l’entrée et éviter ainsi que les sorcières entrent. Ou alors sur les portes des maisons il y avait des fleurs pour repousser les sorcières. » Pour donner corps à ce travail, elle est ensuite allée à la rencontre de femmes habitant en ces lieux et ayant un profil similaire à celles que jadis on condamnaient à mort, non pas parce qu’elles jetaient des sorts, mais parce qu’elles portaient en elles un feu émancipateur. Ce que rappelait très bien Judith Prat lors du vernissage.

 

DU PAIN SUR LES PLANCHES

Lancée le 19 octobre dernier, la 15e édition du festival Planches-Contact sera inaugurée ce week-end à Deauville. Au programme : un concert photographique (avec David Bryant de Godspeed You! Black Emperor, groupe dont on vous parlait dans CC#352), un studio ambulant, des lectures de portfolios avec des professionnels de l’image, des conférences (dont cette intrigante relecture de l’Histoire sous le prisme de l’IA), des projections (notamment Dans le cœur une hirondelle de Rima Samman), une vente aux enchères au profit de la Croix-Rouge, des vernissages itinérants en présence des artistes (Dominique Isserman, Julien Mignot, Sara Imloul, Éric Bouvet et bien d’autres) et, passage à l’heure d’hiver oblige, l’incontournable concours photo de la 25e heure. Il est à noter que la plupart de ces animations sont en accès libre (moyennant réservation préalable).

LA MORT EN FACE

Parce que nous vivons cernés d’images, « Allons-y voir ! », nouvelle émission de France Culture, se propose de nous aider à les analyser. Récemment, Patrick Boucheron et ses invités ont parlé de la photographie posthume, pratique en vogue au milieu du XIXe siècle et qui ne se limitait pas aux enfants morts en couche. Même s’il est question de l’apport du daguerréotype dans la transmission de ces clichés, l’angle est moins technique qu’historique et philosophique. Certaines passages, certains détails sont assez glaçants (on vous laisse découvrir le mos Teutonicus), mais ils nous rappellent combien nos sociétés occidentales modernes tendent à mettre à distance la réalité visuelle de la mort. Si vous n’avez pas une heure devant vous, écoutez au moins la brillante carte postale de Mathieu Potte-Bonneville (à partir de 25′) consacrée à la notification des iPhone : « Vous avez un nouveau souvenir. »

SUR LES PLATEAUX DE WONG KAR WAI

Il y a 27 ans, Wing Shya faisait ses premiers pas de photographe de plateau sur le tournage d’Happy together de Wong Kar Wai. Le cinéaste, a-t-il raconté à Aperture, l’avait engagé malgré son inexpérience. Les premiers jours, Wing Shya se fit d’ailleurs tancer par le preneur de son parce que son boîtier faisait trop de bruit au déclenchement. À partir de là et pour les films suivants (In the mood for love, Eros et 2046), le photographe délaissa les tournages effectifs pour se concentrer sur les à-côtés, le hors champ et les moments où les acteurs et actrices tombaient le masque.

interlud(iqu)e

Sur le principe de feu Motus, saurez-vous retrouver ce mot de cinq lettres en lien avec la photographie ?

la foire aux questions

• Pourquoi Einstein tire-t-il la langue sur la célèbre photo ?
• Est-ce le plus grand photographe de rue dont vous n’avez jamais entendu parler ?
• Depuis quand les journaux publient-ils des photographies ?
• Comment retrouver la localisation d’une photographie ?
• La photographie scolaire devient-elle trop excentrique ?
• Combien coûte de démarrer une chaîne YouTube de photographie ?
• Comment flouter un visage sur une photo facilement ? 
• Un an après son ouverture à Brest, la Maison de la photographie a-t-elle atteint ses objectifs ? (article réservé aux abonnés)
• Où sont passées nos photos de l’année 2004 ?
• Comment prendre de belles photos en automne ?
• De quoi les images de l’effondrement de Detroit sont-elles le nom ?
• Pourquoi ces toilettes high-tech prennent-elles des photos de votre caca ?

Au moins, avec Slimane, c’est très clair : zéro photo. D’autres te disent OK pour en prendre, en échange d’une validation. Et au moment de valider, il ne t’autorise à en diffuser qu’une seule sur la trentaine que tu leur as envoyée. C’est de pire en pire.

GÉRARD PIWTORAK, photographe de concerts

la petite Musique de fin

Si l’on doit reconnaître un mérite au mouvement punk, c’est celui d’avoir montré que l’on pouvait produire de la musique avec de petits moyens et que l’on devait bannir le mot carrière de son vocabulaire. Formé en 1978, le duo belge Too Much a suivi ce précepte : un seul 45 tours au compteur avec, en face A, « Silex Pistols » (ça ne s’invente pas), et en face B ce « Photo Photo » dont les paroles gentiment débiles vous évoqueront peut-être « Ça plane pour moi » de Plastic Bertrand. Rien d’étonnant, elles sont signées par le même auteur : Yvan Lacomblez.

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