Vieillir à Cuba n’a rien d’une sinécure. Beaucoup de retraités vivent avec des pensions misérables qui les obligent à trouver un boulot d’appoint (quand ils ne font pas la manche). Heureusement, la baignade reste gratuite ! Pour l’AFP, Yamil Lage est allé à la rencontre de séniors qui, au sein du club « Juvendud accumulada », nagent quotidiennement pour défier le mauvais sort et/ou le temps qui passe. À l’autre bout du monde, les haenyo défient, elles aussi, le temps. Ces plongeuses de l’île de Jeju, qui sont au centre d’une exposition à voir en ce moment au Centre culturel coréen, perpétuent un art de la pêche ancestral, en apnée et sans équipement. Une pratique exigeante et peu lucrative qui ne séduit pas les jeunes générations. De fait, les haenyo photographiées par Kim Hyung-sun ont au bas mot la soixantaine. Pour cette galerie de portraits réalisés à leur sortie de l’eau, le photographe s’est fixé un protocole précis : « Plutôt que de les photographier dans leur environnement, j’ai voulu me concentrer uniquement sur elles. Sur leur visage, leur corps, leur posture. C’est pourquoi j’ai choisi un fond neutre, un tissu blanc, pour faire disparaître le contexte et laisser toute la place au portrait. »

POLITIQUE DU JOUET

Un œil inattentif pourrait voir en Diana Thorneycroft une énième représentante de la toy-photography. Si l’artiste canadienne se sert effectivement de figurines pour créer ses dioramas, son propos n’a rien de ludique. Diplômée de l’Université de Manitoba en 1979 et de celle du Wisconsin l’année suivante, Diana Thorneycroft a trouvé dans ses mises en scène a priori inoffensives le moyen de raconter l’histoire de son pays en s’autorisant des références à divers mouvements artistiques. Dans « The Canadian Martyrdom Series », par exemple, elle confronte les clichés touristiques de son pays aux représentations des martyrs dans la peinture religieuse. Dans « A People’s History », elle dénonce, entre autres, les exactions commises contre les peuples premiers. Et dans « Group of Seven Awkward Moments », elle s’attaque carrément à une institution : le Groupe des Sept. « Ceux qui pensent que le Groupe des Sept représente la « culture canadienne », disait-elle récemment à Talking Pictures, ne tiennent pas compte de la contribution artistique de toute personne de sexe féminin, non blanche ou parlant une autre langue que l’anglais. »

SAY CHEESE AND DIE

« Greg s’amuse à prendre des photos avec l’appareil instantané qu’il a trouvé dans la vieille maison sinistre des Coffman… jusqu’à ce qu’il se rende compte que les photos développées ne sont pas celles qu’il a prises. Elles représentent d’horribles désastres impliquant la personne qui s’y trouve. Le plus effrayant, c’est que les catastrophes commencent à se réaliser ! » Tel est le point de départ de Say cheese and diedouble épisode de Goosebumps (Chair de poule), série canadienne pour adolescents diffusée au milieu des années 1990. Saurez-vous deviner qui interprète le rôle principal dans la première partie ? (il avait alors une quinzaine d’années)

PHO•pho•phoTUS !

Sur le principe de feu Motus, saurez-vous trouver ce mot de cinq lettres en lien avec la photographie ?

En bref et en vrac...

Depuis 2015, Frédérique ne manque aucune édition des Rencontres d’Arles. Sa curiosité naturelle et son discours rafraîchissant battent en brèche les accusations d’élitisme qui pèsent parfois sur le festival.
Nadia Lee Cohen et Martin Parr ont quarante ans d’écart, mais le même regard grinçant sur l’époque. Leur collaboration était écrite.
Laisseriez-vous Liza Fetissova transformer votre appartement en galerie d’art ?
Solar, tel est le nom du collectif lancé par six photographes et une curatrice basées à Marseille. Qui ? Comment ? Dans quel but ? Pour le savoir, écoutez le podcast que leur a consacré « Elles font la culture ».
À l’issue de la 78e assemblée générale de Magnum Photos, Zied Ben Romdhane devient membre à part entière de l’agence et Myriam Boulos passe au statut d’associée.
Blind Magazine a dressé la liste des 100 personnalités les plus influentes de la photographie. Un panel très francophile où l’on retrouve Diane Dufour, Clément Chéroux, Florence Bourgeois, mais aussi Jonas Cuénin, le directeur de… Blind Magazine. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même !
Des infos sur les célébrations du bicentenaire de la photographie commencent à flitrer.
Dans son studio californien, Todd Hido reproduit la lumière du sud de la France pour produire des portraits d’une grâce folle.
De retour sur scène à Cardiff, Oasis (ou du moins son staff) a intimé aux agences de presse couvrant le concert de n’exploiter les photos que pendant une année. Après quoi, les droits d’exploitation reviendraient au groupe. Deal accepté (!) par la News Media Coalition.
Photographiée à son insu, Gisèle Pélicot a obtenu de Paris Match le versement de 40000 € à deux associations soutenant des victimes de violence.
Connu pour son travail photographique autour de la famille et de l’enfance, Alain Laboile vient d’ouvrir un parc artistique dans le Lot.
Le silicium va-t-il bientôt céder la place à la pérovskite dans les capteurs photo ?
Mardi soir au Théâtre antique d’Arles, Nan Goldin a appelé à se mobiliser contre la situation en cours à Gaza.
L’exposition « Une image – Une histoire » est terminée depuis plusieurs semaines, mais on peut la revivre grâce à ce livret.
Le Temps s’est plongé dans ses archives photographiques des années 90, moment charnière en Suisse dans la lutte pour l’égalité des droits homme-femme.

verbatim

Lors de mon exposition aux Rencontres d’Arles 2022, mes anthotypes étaient exposés derrière des volets opaques à la lumière. J’avais écrit un texte qui expliquait que ces tirages étaient très sensibles à la lumière et qu’on pouvait choisir d’ouvrir les volets tout en sachant qu’on allait tuer petit à petit les tirages ou alors, on pouvait choisir de ne pas les regarder et de préserver l’image.

Léa HABOURDIN, tête chercheuse

Il est très important pour moi de ne pas prendre part aux manifestations anti-Erdogan en tant qu’activiste, car mon objectif est avant tout de documenter ces événements. Mais le choix de mes sujets montre bien sûr de quel côté je suis.

Emin ÖZMEN, photojournaliste

la petite musique de fin

Groupe de free jazz formé au printemps 1996 par le clarinettiste et saxophoniste Ken Vandermark, The Vandermak 5 a publié une quinzaine d’albums qui, selon les spécialistes du genre, mêlent post-bop et avant-garde. Sur Beat reader, long format sorti en 2008, chaque titre a la particularité d’être dédié à un artiste de premier plan. Des musiciens bien sûr (Ligeti, Rutherford, Roach), mais surtout des photographes. Cet « Any given number » tout en sobriété est ainsi (logiquement) dédié à Bernd et Hilla Becher. Pour écouter les hommages de The Vandermark 5 à Lee Friedlander, Andreas Gurski, Walker Evans et Daido Moriyama, rendez-vous ici.

« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile
à travers quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.