Au programme cette semaine, un classique et un inclassable : Göksin Sipahioglu (photo) et Krass Clement, tous deux exposés à Paris. L’agenda fait le tour des événements capitaux de la capitale, le tout agrémenté de quelques brèves photographiques.
? Á LA UNE ?

Bien que la Maison du Danemark lui ait offert ses cimaises en 2010, Krass Clement reste méconnu ici. L’œuvre du photographe, qui s’étend sur près d’une quarantaine d’années et une dizaine de pays, a pourtant tout pour plaire au public français. À en croire l’auteur lui-même, elle est à la jonction de la mélancolie scandinave et d’un certain goût parisien pour la flânerie. “Waiting for yesterday”, l’exposition présentée à la galerie in camera, puise dans Venten på i går, dernier ouvrage en date du Danois paru en 2012, et consacré à l’Allemagne de l’Est hier et aujourd’hui. “Ce pays, explique le septuagénaire photographe, a disparu en partie et s’est transformé en quelque chose d’autre. Avec une froideur qui, de mon point de vue, n’existait pas auparavant.” Ce chaud-froid s’illustre dans le choix de marier clichés noir et blanc espiègles ou délicats et nus frontaux aux couleurs crues. Mais tous, affirme Clement, sont reliés par un même fil voyeuriste : “Souvenirs des coups d’œil enfantins, jetés en cachette, et plus tard, des regards fixes, inquiets, remplis d’espoir inassouvi, de l’homme adulte.”


? Extraits de “Venten på i går” © Krass Clement, courtesy in camera galerie

? Krass Clement – Waiting for yesterday. Jusqu’au 14 janvier. In camera galerie, 21 rue Las Cases, 75007 Paris. Tél. 01-47-05-51-77.

? ÇA COMMENCE CE WEEK-END ?

Disparu en 2011, Göksin Sipahioglu aurait eu 90 ans ce mois-ci. L’occasion pour Éléphant Paname de rendre hommage à cette figure majeure du photoreportage — derrière le viseur puis derrière les bureaux de l’agence Sipa Press qu’il créa en 1973. Tout le monde connaît l’histoire du natif de Smyrne, passé par le lycée français d’Istanbul avant d’étudier le journalisme à l’université, rubricard photo pour le quotidien Istanbul Ekspress avant d’en devenir le rédacteur en chef deux ans plus tard. À 30 ans, son ascension a déjà la fulgurance des destins hors-normes. En 1957, il fonde la Yeni Gazete qu’il quitte trois ans plus tard pour prendre les rênes du grand quotidien Vatan : nouvelle formule, vente triplée. Mais tous les succès du monde ne peuvent rien contre l’envie d’indépendance et le goût du scoop. Dès 1960, Göksin Sipahioglu emprunte la voie du reportage free-lance.
C’est cette partie de sa vie qu’explore l’exposition présentée à Éléphant Paname. En 40 tirages, elle raconte les remous des années 1960 (la crise des missiles vue depuis le sol cubain, la Chine de Mao, les manifestations indépendantistes à Djibouti, la guerre du Cambodge, Mai 68…) et se ménage des accents de légèreté à travers quelques portraits de femmes rencontrées sous toutes les latitudes.


? Lagos, Nigeria, 1964 © Sipahioglu/Sipa 
Photo issue d’une série de reportages effectués par Göksin Sipahioglu dans les pays africains devenus indépendants au début des années 1960.


? Cambodge, mai 1970 © Sipahioglu/Sipa 

? Göksin Sipahioglu. Du 16 décembre au 16 janvier. Éléphant Paname, 10 rue Volney, 75002 Paris.

? L’AGENDA DE LA SEMAINE ?

Vendredi 16 décembre
? Strasbourg (67), 14h : atelier photo pour les 10-14 ans organisé par Stimultania : la photographe Marion Pedenon propose aux enfants de partir à la découverte d’un quartier de Strasbourg (67). www.stimultania.org/strasbourg/
? Montfermeil (93), 19h : projection au gymnase Henri Vidal de Les Bosquets, court-métrage réalisé par Ladj Ly et JR. 17 minutes qui retracent de manière poétique l’histoire et la mutation des Bosquets mais reviennent aussi sur les événements, plus tragiques, des émeutes de 2005.

Samedi 17 décembre
? Paris (17e), 11h-19h : Robert R. Rousseau, photographe humaniste, signe ses livres à la Galerie des Arts plastiques.
? Paris (3e), 12h : table ronde « Au-delà du medium, l’image » organisée à la galerie Escougnou-Cetraro dans le cadre de l’exposition du même nom. Réservations : galerie@escougnou-cetraro.fr
? Paris (18e), 13h : « BAL books weekend », salon de l’édition indépendante organisé par Le BAL. Au programme : livres, fanzines, signatures, rencontres avec les éditeurs et les photographes. Plus d’infos ici.
? Paris (4e), 15-18h : dédicace de David Lesage à la galerie Sakura.
? Paris (2e), 19h : conversation au Silencio entre Amaury Da Cunha et Julien Magre, à l’occasion de la sortie du livre de ce dernier Je n’ai plus peur du noir.

Dimanche 18 décembre
? Paris (18e), 12h : « BAL books weekend », salon de l’édition indépendante organisé par Le BAL (voir samedi 17).
? France Inter, 23h15 : Brigitte Patient reçoit Clémentine Mercier de Libération et Rémi Coignet de The Eyes pour évoquer les livres photo qui ont marqué l’année écoulée.

Mardi 20 décembre
? Paris (9e), 15h : vente à l’Hôtel Drouot de 120 photographies issues des collections de Gérard Lévy (1934-2016), dont une rayographie de Man Ray estimée à 150 000-200 000 €. Exposition de ces pièces les 17 et 19 décembre, de 11h à 18h.

? DES CHIFFRES ET DES LETTRES ?

25
C’est l’âge de Karam Almasri, jeune Syrien devenu photographe et vidéaste par les aléas de la guerre et auquel la Fondation Varenne a décerné son Grand Prix 2016 dans la catégorie « Reporters d’images ». L’occasion de relire « Couvrir Alep, la peur au ventre et le ventre vide », billet du blog AFP « Making of » où il retraçait son douloureux parcours.

140
C’est le nombre de photographes contemporains défendus par François Cheval depuis son arrivée, il y a 20 ans, au musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône. Alors qu’il s’apprête à passer le relais, il se confie à Sophie Bernard pour L’OEil de la photographie.

180
C’est le nombre de photos réunies dans L’Annuel 2017 de l’AFP, ouvrage paru le 8 décembre aux éditions de La Découverte où l’on retrouve tous les faits marquants (ou non) de l’année écoulée (Alep, Trump, Rio, Calais…) immortalisés par les photographes de l’Agence France-Presse. Le site du Daily Mail vous en donne un avant-goût.

655
C’est la durée en secondes de Sensations, vidéo postée cette semaine par Sandrine et Matt Booth pour accompagner la sortie de leur livre éponyme. Un concentré de douceur qui fait du bien en ces temps tourmentés.

AFD
L’Agence Française de Développement a dévoilé ce mardi à la MEP les trois lauréats du 5e Prix Photo AFD. Pascal Maître remporte le prix du meilleur projet de reportage, à ce titre il bénéficie d’une aide financière de 15000 € pour réaliser un travail sur les enjeux et l’importance de l’accès à l’électricité en Afrique. Le prix du meilleur reportage a été remis à Corentin Fohlen pour un sujet sur Haïti, « Les possibilités d’une île ». Celui de la meilleure œuvre multimédia a été décerné à Anne Paq pour « Obliterated families », documentaire racontant des histoires personnelles de familles habitant la bande de Gaza.

SCAM
Depuis 1993, la Scam remet son prix photographique, le Prix Roger Pic, en mémoire à ce grand photographe et militant du droit d’auteur. Ce prix, doté de 4500 €, récompense l’auteur d’un portfolio photographique. La date limite d’inscription étant fixée au 20 décembre, il ne vous reste que quelques jours pour soumettre vos photos au jury. Règlement complet ici.

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