Lynx dans les Pyrénées?

Démarré par waverider34, Juillet 22, 2012, 12:07:16

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Ajyx

Citation de: Zouave15 le Juillet 30, 2012, 16:27:56
Mais, car il y  un mais, on raisonne encore en liste d'espèces, ce qui revient en gros à protéger ce qui a déjà été identifié comme rare et menacé. Quant le raisonnement a lieu par milieu d'intérêt, c'est mieux mais les zones sont souvent petites et sans moyens, ou bien confiées à des « partenaires » qui agissent surtout selon leur intérêt (ONF) ou, pire, interdites au public (d'où une fermeture des milieux).

...Je suis bien d'accord avec le problème des listes d'espèces, d'autant qu'elles sont vraiment loin d'être exhaustives et comportent des inepties. Mais elles sont là, c'est mieux que rien.
   Pour les milieux, c'est bien sûr beaucoup plus intéressant mais, comme tu le dis, ces zones sont souvent petites, confinées et donc très dures à protéger, restaurer, agrandir, pérenniser, ou à mettre en connexion avec d'autres qui se trouvent souvent bien loin.
André

Ajyx

Citation de: Zouave15 le Juillet 30, 2012, 16:27:56
De plus, les dispositifs actuels sont totalement inopérants sur les deux plus gros problèmes du sud, la déprise agricole et l'urbanisation en bord de mer et basses plaines (on ne peut pas protéger un lieu si on n'y trouve déjà plus rien).

...Effectivement mais que faire ? Les zones littorales déjà détruites ne seront jamais restaurées, il est trop tard, et la déprise agricole nous échappe totalement, encore moins les pratiques terribles de certains agriculteurs encore en place !
André

Zouave15

finalement, tu arrives d'une certaine manière au même constat d'impuissance que moi. Je pense cependant qu'avec une volonté politique, on pourrait faire beaucoup.

Si le Var et le 06 sont sûrement plus ou moins foutus pour la côte, hormis les endroits actuellement protégés, il reste quand même toute la Provence, le Languedoc et le Roussillon, soit les 4/5e de la surface méditerranéenne.

En Camargue, une autre gestion pourrait être imposée. La Crau peut être sauvée. La basse vallée de l'Aude est entièrement à protéger, c'est possible, et il suffirait de rendre inconstructibles des zones qui de toute façon sont inondables (pour rappel, à l'époque historique, le cours de l'Aude a changé en une fois, suite à des inondations catastrophiques et le transport de millions de mètres cubes de galets).

La déprise agricole a une solution « simple », qui est de rendre accessible le foncier à de jeunes agriculteurs, notamment bio, qui ne demandent qu'à s'installer mais ne peuvent ni acheter les terres ni les louer.

On pourrait même décider que certaines terres doivent être affectées au bio, laissant l'agriculture traditionnelle sur les seuls lieux où elle est réellement « justifiée » (au moins rentable), lieux qui par ailleurs ont moins d'intérêt écologique.

Le bois pourrait être consommé avec une incitation aux chaudières à bois et corrélativement la désaisie de la gestion des forêts mal gérées par l'ONF (qui sont légion, toute la chênaie verte). L'ONF est une part importante du problème.

La chasse pourrait être gérée partout comme elle l'est de manière exemplaire en certains endroits (par plans de chasse).

Quant au pâturage, il pourrait avoir une gestion nationale, ce qui résoudrait facilement les problèmes de surpâturage et à l'inverse la déprise par endroits, et réglerait les crispations avec le loup et l'ours (même si de mon point de vue ces derniers points sont anecdotiques).

Quant aux forêts privées, on peut imposer l'exploitation. Certes, et d'une manière générale si on veut faire de l'écologie, il faut passer par-dessus les lois sur la propriété privée, ce qui demande peut-être un changement constitutionnel...

Je préférerais toutes ces mesures à la reconstitution médiatisée de telle mare ou de telle espèce. À noter, en outre, que ces diverses dispositions coûteraient très peu cher, voire rien. Accessoirement, ça pourrait créer des postes dans les métiers de l'écologie (du fait des surfaces bien plus vastes).

Ajyx

#128
...Bien d'accord avec toi sur l'ensemble de ce que tu préconise mais, en la matière, nous nous écartons un peu de nos domaines de compétence, là on touche à la politque et au registre social, moi je ne suis qu'un écol... pardons naturaliste.

   Par contre, vraiment pas d'accord avec ce que tu avances vis-à-vis de l'action médiatique concernant la restauration d'une mare. D'une part, cette mare (Catchéou) est une véritable richesse faunistique et floristique, ensuite l'action n'était vraiment pas médiatisée, enfin, nous n'avons pas fait que restaurer ce haut lieu de la biodiversité. De nombreuses actions de genie écologique ont été engagées : création d'une nouvelle mare et suivi des espèces (faune, flore) qui la colonisaient naturellement, à quelle vitesse, dans quel ordre... Restauration écologique de deux autres points d'eau (désempoissonnement par mise à sec) et suivi identique au précédent... Action de génie écologique (surcreusement d'une mare très temporaire) pour vérifier les réactions de la faune et de la flore...
   Et nous avons obtenu des résultats très intéressants qui serviront en matière de protection, gestion, restauration...

   Mais, comment dire ? En la matière, c'est un peu comme une baignoire qui fuit par de multiples trous. Moi, je n'ai que deux mains et j'essaye d'en boucher un ou deux... je ne pourrai pas tout faire mais je pense qu'il vaut mieux faire un peu et participer plutôt que de voir la baignoire fuir et se lamenter sans bouger !
André

Zouave15

Au sujet de la mare, c'était une image, je pensais surtout à la Crau (même si c'est bien de l'avoir fait) et à cette vallée du Jura dont j'ai oublié le nom (la Loue, peut-être). Tout cela est très bien, mais vu l'argent engagé il me semble qu'il y a des moyens plus efficaces de l'utiliser en protection, d'une part, et d'autre part ces réalisations (certes à la mode, le génie écologique) servent d'alibis à d'autres choses.

Je préfère l'action réglementaire : nous suivons les milieux au niveau botanique, mais plutôt sans rien dire, tout en étant présents auprès des habitants, et nous ne faisons intervenir le Conservatoire ou l'ONC (que nous connaissons bien) seulement si un projet menace le site (comme récemment, une rectification de route qui allait faire disparaître une tourbière cachée).

En soi, ça ne me plaît pas forcément, car je serais plus porté vers une protection avec pédagogie, donc lieux non seulement ouverts au public (c'est le cas) mais connus, signalés, etc. Mais je suis réaliste.

Il y a également un autre aspect, c'est que la botanique est le parent pauvre, et que bien des protections décidées pour des oiseaux ou autres aboutissent à une banalisation de la flore (pour des raisons diverses selon les milieux). Dans 99 % des cas nous évitons les lieux protégés pour les oiseaux, tout simplement parce qu'il n'y a rien.

remico

Citation de: waverider34 le Juillet 24, 2012, 09:41:20
La fourrure laineuse: ce détail m'a marqué.

Identique à celle de la photographie. Se pourrait-il que le lynx conserve en été une fourrure si épaisse? Lorsque j'ai communiqué ce détail au début du fil, je trouvais cela surprenant mais néanmoins authentique et frappant.

Je suis certain d'avoir aperçu ce détail, cette caractéristique du pelage.

Photo ci-dessous  issu d'un pdf : http://www.uicn.fr/IMG/pdf/Liste_rouge_France_Mammiferes_de_metropole.pdf
Il y a les listes rouges des espèces menacées sur le même site uicn.fr www.uicn.fr/Liste-rouge-France.html
Et le texte sur le lynx qui l'accompagne:

Lynx lynx
Le Lynx boréal, le plus grand des félins européens, trouve refuge dans des milieux essentiellement forestiers qui lui sont propices. En France, il a disparu des plaines au Moyen Age et des principaux massifs montagneux au XIXème siècle, en raison de la déforestation, d'une forte pression de chasse et de la raréfaction de ses proies (principalement des ongulés sauvages). Il a ensuite fait sa réapparition dans les Alpes et le Jura, où il est arrivé spontanément à partir de populations suisses réintroduites dans les années 70, et dans le massif des Vosges grâce à un programme de réintroduction débuté en 1983.

Espèce très endurante, le lynx adulte a généralement un domaine vital de 200 à 300 km2. Mais cette espèce présente encore une aire de répartition réduite en France, résultat d'une forte fragmentation des ensembles forestiers en raison de l'urbanisation et des espaces cultivés. Cette fragmentation amoindrit notamment les possibilités de dispersion et les échanges d'individus entre les différents noyaux de populations. Les effectifs du lynx restent très faibles sur le territoire français, inférieurs à 150 adultes. Le trafic routier et ferroviaire est la principale cause de mortalité de l'espèce, touchant surtout les juvéniles. Et en raison de sa prédation occasionnelle sur les moutons, le lynx est victime du braconnage qui représente encore une menace importante pour sa survie en France.

waverider34

Merci à tous les participants,

Vos interventions ont parfois dépassé mes interrogations et je vous en remercie sincèrement!    :)
.. très belle image Remico.  ;)

remico

Bonne chance au loup-cervier autre nom du lynx.

Carte de répartition du cerf en France (source oncfs )