Lynx dans les Pyrénées?

Démarré par waverider34, Juillet 22, 2012, 12:07:16

« précédent - suivant »

Ajyx

Citation de: Zouave15 le Juillet 27, 2012, 09:07:20
Tu es soit mal renseigne, soit de mauvaise foi...

...Ni l'un, ni l'autre,

   Etant écologue spécialisé en biologie de la conservation et travaillant toujours dans cette matière, je peux te donner quelques exemples locaux (je ne travaille pratiquement que dans le Var) :

- Aigle royal = énorme expansion
- Faucon pèlerin = énorme expansion
- Grand-duc = énorme expansion
- Aigle de Bonelli = expansion
- Oiseaux macro insectivores (Guêpier, Rollier, Chevêche, Petit-duc) = forte à énorme expansion suivant les espèces
- Très forte expansion des grands ongulés
- Dynamique d'expansion géographique de la Cistude d'Europe
- Arrivée du Chat forestier dans le Var
- Arrivée du Loup dans le Var
- Arrivée du Lynx dans le Var
- Arrivée de la Genette dans le Var

   En ce qui concerne les zones humides Varoises, surtout temporaires (les plus riches) elles ont effectivement été détruites massivement par l'homme au... 18ème et 19ème siècle, notamment lors de l'avènement de la culture de la vigne. Mais d'autres créations, telles les retenues collinaires DFCI ont permis localement de reconstituer certaines populations d'espèces amphibies critiques. C'est par exemple le cas dans la plaine de Palayson où le rarissime Pélobate cultripède (Amphibiens) connu historiquement d'une seule station (la mare de Catchéou) a su profiter de ces nombreuses créations de points d'eau pour étendre son territoire et renforcer massivement ses effectifs dans les années 1980 à 2000. Il se reproduit actuellement dans 13 pièces d'eau (dont une a été créée à l'occasion d'une expérimentation de génie écologique à laquelle je participais ainsi que l'ONF) et occupe maintenant un territoire d'environ 20 km².

   Il n'en reste pas moins que certains taxons connaissent des situations dramatiques dues à la disparition de leur milieux d'élection (déprises agricoles, reforestation, voire réchauffement climatique...). J'en veux pour preuve le statut actuel de la Tortue d'Hermann et de la Vipère d'Orsini. La première est victime de la déprise d'une agriculture traditionnelle ancienne (vergers pâturés, cultures en terrasse, élevages de parcours), de la reforestation, de l'urbanisation, des incendies et des prélèvements. La rarissime Vipère d'Orsini est une relicte glaciaire en limite d'aire qui ne doit sa survie chez nous qu'à quelques refuges d'altitude (pelouses xériques sommitales) bien fragilisés par l'abandon de l'élevage de parcours et le réchauffement climatique favorisant la reforestation en altitude.

   Tout n'est donc pas encore au mieux mais globalement nous enregistrons une forte remontée de la faune (la liste et les exemples en haut ne sont pas exhaustifs) notamment chez les prédateurs, ce qui est un signe d'amélioration de la santé écologique globale.
André

doudou59

Citation de: Ajyx le Juillet 27, 2012, 14:53:18

   Etant écologue spécialisé en biologie de la conservation et travaillant toujours dans cette matière, je peux te donner quelques exemples locaux (je ne travaille pratiquement que dans le Var) :

- Aigle royal = énorme expansion
- Faucon pèlerin = énorme expansion
- Grand-duc = énorme expansion
- Aigle de Bonelli = expansion
- Oiseaux macro insectivores (Guêpier, Rollier, Chevêche, Petit-duc) = forte à énorme expansion suivant les espèces
- Très forte expansion des grands ongulés
- Dynamique d'expansion géographique de la Cistude d'Europe
- Arrivée du Chat forestier dans le Var
- Arrivée du Loup dans le Var
- Arrivée du Lynx dans le Var
- Arrivée de la Genette dans le Var

   En ce qui concerne les zones humides Varoises, surtout temporaires (les plus riches) elles ont effectivement été détruites massivement par l'homme au... 18ème et 19ème siècle, notamment lors de l'avènement de la culture de la vigne. Mais d'autres créations, telles les retenues collinaires DFCI ont permis localement de reconstituer certaines populations d'espèces amphibies critiques. C'est par exemple le cas dans la plaine de Palayson où le rarissime Pélobate cultripède (Amphibiens) connu historiquement d'une seule station (la mare de Catchéou) a su profiter de ces nombreuses créations de points d'eau pour étendre son territoire et renforcer massivement ses effectifs dans les années 1980 à 2000. Il se reproduit actuellement dans 13 pièces d'eau (dont une a été créée à l'occasion d'une expérimentation de génie écologique à laquelle je participais ainsi que l'ONF) et occupe maintenant un territoire d'environ 20 km².


Et bien ça fait plaisir à lire ça  :)
Comme quoi tout n'est pas noir  :D

Cordialement
David
Un débutant avide d'apprendre

cedricchassagne

Et en février mars tous les ans y'a des truites dans les rivières ... Bref, tout va bien. J'ai une petite bombe aquatique : quand les eaux archi polluées qui composent les couches supérieures des bouts de glaciers qui restent seront dans les torrents ? Ou en sont nos nappes phréatiques ? Quelles espèces ENDEMIQUES DE SOUCHES sont en augmentation ? Quel est le nombre d'espèces ayant disparu en France au cours du XXe siècle ? Quelle proportion cela représente ? Quels sont les conséquences des croisements entre ENDEMIQUES et réintroduits ? Et les pesticides ? Les hormones féminines et autres produits médicaux contenus par les cours d'eau bus et "respires" par pas mal de monde ? Et le remembrement + plan marschall c'était pas au XXe ?

Tu prends l'exemple du var en en soustrayant les questions épineuses, et tu nous assène un tout va bien en France, c'est malhonnête, tout simplement.

Ajyx

...Et tu penses que c'est en "taisant" des obs de Lynx que ça va changer quelque chose.

   En la matière, il est sûr que tout ne va pas pour le mieux mais, plutôt que de me lamenter sur ces problématiques en accusant l'ONCFS, les décideurs, les politiques, les scientifiques... de tous les maux, j'appartiens à ceux qui oeuvrent pour lutter contre ces états de fait et je peux t'assurer qu'en la matière, nous ne comptons pas les heures, les jours, les semaines, les années de travail et d'implication ! A chacun son milieu = ceux qui pleurent et ceux qui agissent !

   Après, je sais également être intellectuellement "honnête". Quand je constate un retour en force global de la faune ainsi que de certaines espèces critiques et, surtout considérées comme d'excellents bio indicateurs, je ne vois pas pourquoi je le cacherai. C'est le cas dans le Var que je connais bien et je ne comprends pas très bien pourquoi ce département serait si différent du reste du pays.

   Mais il est vrai que cette honnêté que j'affiche peut être assez mal perçue dans un contexte où il est bien plus "politiquement correct" de se lamenter que de constater les points positifs.
André

cedricchassagne

Tu sais très bien à quel point le moindre "ça va un peu mieux" peu générer autosatisfecit et abandon. Quand a lutter, j'essaie de sensibiliser le grand public aux problématiques de l'eutrophisation en lien avec le remembrement et l'agriculture intensive depuis plus de dix ans, avec le soutien de Jean Louis Etienne. Je ne suis donc pas qu'un râleur.

cedricchassagne

Quand a taire une observ, saches que lorsqu'il de trop évidents conflits d'intérêts, parfois stupéfiants, on est en droit d'être au mieux méfiant, au pire silencieux.

Nikojorj

Citation de: cedricchassagne le Juillet 27, 2012, 15:23:17quand les eaux archi polluées qui composent les couches supérieures des bouts de glaciers qui restent seront dans les torrents ?
Ah, tiens, là on se rapproche de mon domaine de compétence : tu as des mesures et des faits sur cette pollution superficielle des glaciers?  Et qu'est-ce qui te fait dire qu'elle serait libérée d'un coup, ou au moins de façon plus brutale qu'elle se serait déposée?

Autant, sur le rôle des pesticides en général je te suis fort bien, autant là, j'ai peur qu'on soit plus dans l'anecdotique...
La seule pollution significative que je connaisse en altitude, c'est la radioactivité ;D (radon + rayons cosmiques), mais bon je veux bien changer d'avis.

Ajyx

Citation de: cedricchassagne le Juillet 27, 2012, 16:46:55
Quand a taire une observ, saches que lorsqu'il de trop évidents conflits d'intérêts, parfois stupéfiants, on est en droit d'être au mieux méfiant, au pire silencieux.

...Quand on a découvert le Loup dans le Var (confirmé par l'analyse ADN de crottes et d'urine), le scientifique qui était avec moi m'a dit : on en parle pas, c'est trop "chaud", il va y avoir des conflits.

   Nous avions affaire à un couple. En effet, nous avions suivi leurs traces sur 13 kilomètres dans la neige fraîche : le mâle, comme chez les chiens, pisse sur le côté quand la femelle fait entre les pattes. Nous avons donc attendu avec impatience que ce couple produise des jeunes et forme une meute...
   
   Malheureusement, nous apprenions l'année suivante que les éleveurs du coin, pas plus cons que d'autres, avaient réussi à flinguer les deux individus que nous suivions en se postant près d'une carcasse de brebis attaquée la veille.

   Il nous a fallu attendre l'année suivante pour que le Loup fasse à nouveau son apparition sur le secteur. A ce moment, nous l'avons immédiatement déclaré et, depuis, après les mesures mises en place, plus aucun flingage et une meute est constituée.
André

Ajyx

...Et cela grâce à l'énorme travail d'investigation, de surveillances, suivis, constatations d'attaques pour indemnisation, information, sensibilistation... mené par... l'ONCFS !
André

cedricchassagne

Citation de: Nikojorj le Juillet 27, 2012, 17:49:19
Ah, tiens, là on se rapproche de mon domaine de compétence : tu as des mesures et des faits sur cette pollution superficielle des glaciers?  Et qu'est-ce qui te fait dire qu'elle serait libérée d'un coup, ou au moins de façon plus brutale qu'elle se serait déposée?

Autant, sur le rôle des pesticides en général je te suis fort bien, autant là, j'ai peur qu'on soit plus dans l'anecdotique...
La seule pollution significative que je connaisse en altitude, c'est la radioactivité ;D (radon + rayons cosmiques), mais bon je veux bien changer d'avis.

Par exemple :

http://www.contre-la-polution.fr.gd/La-fonte-des-glaciers-lib%E8re-des-substances-chimiques.htm

cedricchassagne

La libération sera mathématiquement exponentiellement plus rapide du fait du réchauffement climatique.

Nikojorj

Citation de: cedricchassagne le Juillet 27, 2012, 18:37:32
http://www.contre-la-polution.fr.gd/La-fonte-des-glaciers-lib%E8re-des-substances-chimiques.htm
Ca c'est de la publi ;D , mais cela dit merci bien quand même : en remontant le fil je suis tombé sur ça par exemple http://www.dioxin20xx.org/pdfs/2009/09-70.pdf ou http://www.dioxin20xx.org/pdfs/2010/10-1035.pdf ça aussi.
Maintenant, la question que je me pose : certes, on peut détecter ces polluants (dans le premier article, on peut voir que sauf pour le DDT, ils ne sont pas loin au-dessus du seuil de détection noté LOD sur les graphiques); mais sont-ils assez concentrés pour avoir un effet? la question est posée en discussion du 2e article.

Citation de: cedricchassagne le Juillet 27, 2012, 18:44:32
La libération sera mathématiquement exponentiellement plus rapide du fait du réchauffement climatique.
Fais pas ton M. Bout. ;D Oui, elle sera plus rapide, mais le "exponentiel" dessert ton propos. ;D

cedricchassagne

#87
Ajyx, par chance, l'endroit concerne est déserté, deux hameaux et des centaines de kms2 de foret presque sans interruption, plus de jeunes, des vieux qui ne font plus que jardiner, il reste bien une poignee de chasseurs, vieillissants, qui n'arpentent plus les forets au dessus d'eux, mais plutôt la vallée. J'oubliais : plus de troupeaux, quelques vaches, quelques moutons, nada mas. Un paradis quoi. Et de magnifiques torrents riches en fario de souche. Ah, oui, au fait, le lynx ne dédaigne pas le poisson, en tête de torrent, il pêche, le bougre !

cedricchassagne

Exponentiellement : Bah c'est ce que m'a explique mon frère ;) ! La fonte s'accelere, la surface diminue d'autant, les dépôts sont de plus en plus concentres pour certaines matières, d'ou l'exponentielle. Si il a faux je rigole il est mathématicien, ça va lui couter cher ;) !

Zouave15

Citation de: doudou59 le Juillet 27, 2012, 14:01:53
Les marais sont entretenus par les chasseurs quelque soit la saison et donc cela profite à d'autres espèces.

C'est de la désinformation pure. Ça peut être parfois vrai, quand la gestion est pluripartite, mais c'est le plus souvent archi-faux (exemple : en Camargue), la « gestion cynégétique » est responsable de la disparition de 90 % de la diversité spécifique de la flore, par exemple, et cause d'invasions par des espèces exotiques (c'est même l'ONCFS qui l'écrit).

Citation de: doudou59 le Juillet 27, 2012, 14:01:53
en mission ici

Je n'ai pas lancé le débat sur la gestion et si on aborde ce sujet, on me trouve c'est certain.

Citation de: doudou59 le Juillet 27, 2012, 14:01:53
tu n'as jamais été en contact avec des chasseurs

J'ai travaillé pour l'ONCFS, je connais aussi les dessous...

Zouave15

#90
Citation de: Ajyx le Juillet 27, 2012, 14:53:18
   Il n'en reste pas moins que certains taxons connaissent des situations dramatiques dues à la disparition de leur milieux d'élection (déprises agricoles, reforestation, voire réchauffement climatique...). J'en veux pour preuve le statut actuel de la Tortue d'Hermann et de la Vipère d'Orsini. La première est victime de la déprise d'une agriculture traditionnelle ancienne (vergers pâturés, cultures en terrasse, élevages de parcours), de la reforestation, de l'urbanisation, des incendies et des prélèvements. La rarissime Vipère d'Orsini est une relicte glaciaire en limite d'aire qui ne doit sa survie chez nous qu'à quelques refuges d'altitude (pelouses xériques sommitales) bien fragilisés par l'abandon de l'élevage de parcours et le réchauffement climatique favorisant la reforestation en altitude.

Sur ce point on est d'accords, mais pas sur le « certains taxons » car ils sont majoritaires d'une part, et souvent originaux, endémiques ou d'amplitude écologique faible d'autre part. Tu cites surtout des espèces emnblématiques, mais c'est vrai que c'est dans l'air du temps, et c'est ce qu'on nous assène pour tenter de nous convaincre que la gestion écologique est un bienfait.

PS : puisqu'apparemment il faut donner son pedigree pour étayer ses propos, j'ai un master en écologie (reçu premier) entre autres.

Zouave15

Citation de: Ajyx le Juillet 27, 2012, 18:12:58
...Quand on a découvert le Loup dans le Var

Mais tu compares des choses qui ne le sont pas, tu l'as d'ailleurs dit toi-même en me reprenant sur les différences entre le loup et le lynx.

Par ailleurs, c'est aussi une question d'importance de cette présence. Par exemple, le loup était connu dans les Hautes-Alpes au moins dès 1978. J'y étais, on faisait des relevés et on s'est bien gardé de le dire. L'information a été donnée par le Mercantour vers 1983 (je ne sais plus exactement) seulement lorsque le loup était vraiment bien installé et qu'il était difficile de dire qu'il n'était pas là.

Cela étant, la défense du loup non seulement ne m'émeut pas mais m'irrite car il n'en a pas besoin (forte dynamique d'expansion) et que ce sont autant de budgets et d'énergie qui ne sont pas consacrés à des choses plus importantes.

Quant à te considérer comme agissant, c'est ton droit, et de nous mettre dans le camps des râleurs, simplement vaut-il mieux agir d'une façon néfaste ou ne pas agir ? Les actions sont toujours menées de manière spectaculaire et en espérant enterrer les vrais problèmes, et il n'y a pas de raison que ça s'arrête car ça marche. La gestion écologique est le plus souvent une aberration (oubliant au passage les thèses de Mac Arthur) mais bon, c'est un pis aller, et tant mieux pour toi si tu fais ce boulot passionnant. Mais il faut également voir les choses de manière plus globale, rapporter les actions au territoire, faire de l'écologie également sur une carte et pas seulement sur le terrain. C'est alors que beaucoup d'espoirs s'effondrent.

PS : au passage, j'ai travaillé notamment sur les méthodes d'études aussi permet-moi d'être sceptique sur la réalité des constats quand ils sont rapportés au territoire (par exemple avec l'effet de concentration en lisière)...

Ajyx

Citation de: Zouave15 le Juillet 27, 2012, 20:25:16
Sur ce point on est d'accords, mais pas sur le « certains taxons » car ils sont majoritaires d'une part, et souvent originaux, endémiques ou d'amplitude écologique faible d'autre part. Tu cites surtout des espèces emnblématiques, mais c'est vrai que c'est dans l'air du temps, et c'est ce qu'on nous assène pour tenter de nous convaincre que la gestion écologique est un bienfait.

PS : puisqu'apparemment il faut donner son pedigree pour étayer ses propos, j'ai un master en écologie (reçu premier) entre autres.

...Non, ces taxons sténoèces ne sont certainement pas majoritaires par rapport à l'ensemble des faunes et flores mais ils affichent effectivement une très forte valeur patrimoniale et conservatoire. Et, contrairement à ce que tu affirmes, ils sont actuellement très "pris en compte" (Tortue d'Hermann, Vipère d'Orsini, Pélobate cultripède par exemple) et, bien que les difficultés soient grandes, les résultats parlent d'eux mêmes = Pour le Pélobate cultripède sur lequel j'ai travaillé durant pas mal d'années à l'acquisition des connaissances et à la conservation, les opérations de CMR (marquage-capture-remarquage par implantation de transpondeurs) nous ont donnés des chiffres vraiment encourageant après nos actions de génie et de restauration écologiques = évaluation statistique d'une pop de reproducteurs dans une mare de 50 m de diamètre = 217 individus.

   PS : Je n'ai jamais communiqué mon pédigrée mais simplement indiqué ma profession ! Après, rassure-toi, je ne suis qu'un tout petit écologue de quartier et jamais arrivé premier de ma promo  :)
André

Ajyx

#93
Citation de: Zouave15 le Juillet 27, 2012, 20:42:30
PS : au passage, j'ai travaillé notamment sur les méthodes d'études aussi permet-moi d'être sceptique sur la réalité des constats quand ils sont rapportés au territoire (par exemple avec l'effet de concentration en lisière)...

...Ca doit être dû au fait que je ne suis pas arrivé premier à ma promo mais je ne comprends pas du tout ce que tu veux dire  ???
André

Ajyx

Citation de: Zouave15 le Juillet 27, 2012, 20:42:30
...Cela étant, la défense du loup non seulement ne m'émeut pas mais m'irrite car il n'en a pas besoin (forte dynamique d'expansion) et que ce sont autant de budgets et d'énergie qui ne sont pas consacrés à des choses plus importantes...

...Très discutable : d'une part la présence des grands prédateurs est fondamentale en matière d'écologie (mais tu dois le savoir !), d'autre part les problématiques sociales sont tellement "tendues" vis-à-vis de cette espèce "démoniaque", qu'il faut vraiment continuer à s'investir dans sa protection !

   Bien d'accord avec les budgets devant être dispatchés sur d'autres compartiments mais on touche là au registre sensible des sous que l'état veut bien mettre dans des programmes à mon sens vitaux !
André

doudou59

Citation de: Zouave15 le Juillet 27, 2012, 20:20:07
C'est de la désinformation pure. Ça peut être parfois vrai, quand la gestion est pluripartite, mais c'est le plus souvent archi-faux (exemple : en Camargue), la « gestion cynégétique » est responsable de la disparition de 90 % de la diversité spécifique de la flore, par exemple, et cause d'invasions par des espèces exotiques (c'est même l'ONCFS qui l'écrit).

Je n'ai pas lancé le débat sur la gestion et si on aborde ce sujet, on me trouve c'est certain.

J'ai travaillé pour l'ONCFS, je connais aussi les dessous...

En Camargue, pour ce que j'ai entendu de la part d'autres personnes, les marais sont de plus en plus envahis par les roseaux.
Après, sur cette région, je n'y connais rien. Moi je suis du Nord :) Et dans cette région, bon nombre de marais sont entretenus pour la chasse, et donc par les chasseurs. Quand on voit des zones placées en réserve qui sont envahis par les arbres et qui se bouche petit à petit, ça fait mal au cœur...
Et je ne vois pas en quoi les chasseurs parce qu'ils entretiennent leur marais sont responsables de la prolifération d'espèces invasives...
Tu n'as pas lancé le débat de la gestion non, j'ai écrit cela car c'est toi qui est venu me dire "que j'étais un chasseur en mission ici" (il vaut mieux citer toute la phrase car là tu sors le mot de son contexte)
Je suis juste comme toi quelqu'un qui s'intéresse à la nature qui l'entoure et qui la photographie, et donc qui vient sur des forums de photographies (je crois pas avoir vu écrit "interdit aux chasseurs")

Et de quels dessous tu parles? (en message si tu préfères)
(Ce n'est absolument pas pour t'agresser en privé mais juste pour me renseigner, comme je l'ai déjà dit il y a des imbéciles partout et donc oui il se peut qu'il y ait des comportements condamnables, aussi bien chez les chasseurs que chez les personnes anti-chasses)

Cordialement
David

PS: j'ai aucun diplôme en écologie (je suis en prépa math spé), ce qui ne m'empêche pas de donner mon avis  ;)

Un débutant avide d'apprendre

Ajyx

...Zouave15,

   Puisque tu parlais des budgets et que tu es botaniste, tu seras content d'apprendre qu'avec l'ONF et grâce à des bugets nationaux et européens, nous avons créé une réserve biologique dirigée sur la mare méditerranéenne temporaire de Catchéou (le Muy, plaine de Palayson, Var) que tu dois connaître puisqu'il s'agit d'un spot européen en matière de flore rare et protégée !

   Sur cette même mare, nous avons engagé, toujours avec l'ONF et les mêmes crédits, des opérations de restauration écologique après les dramatiques incendies de 2003. Et cela a parfaitement fonctionné !

   Enfin, toujours avec l'ONF et les mêmes bugets, nous avons créé une réserve biologique intégrale dans le massif des Maures (Var) !

   Je pense que les choses sont en marche et j'y participe activement. Et malheureusement, je continue, persiste et signe en disant que la faune connaît une forte expansion globale (en effectif et en répartition).

   Pour le Lynx, tu devrais lire le dernier bulletin du Groupe Lynx mis en ligne plus haut. Tu constateras que 95 % des articles relatifs à des actions de suivi, de protection et de connaissance de l'espèce sont signés... ONCFS !
André

Ajyx

#97
...Ah ! Zut ! Zouave15,

   J'ai oublié de mentionner qu'avec les mêmes crédits et toujours sous l'égide de l'ONF, une grosse étude pluridisciplinaire engageant plusieurs universités et spécialistes, dont je faisais partie (même si je ne suis pas sorti premier de ma promo), a pu travailler durant 4 années l'impact des incendies sur les mares et ruisseaux temporaires méditerranéens (Amphibiens, Reptiles amphibies, particulièrement la Cistude d'Europe, Invertébrés aquatiques et flore) !

   C'était une première en la matière (travailler l'impact des incendies sur les milieux humides, c'est pas banal) et les résultats vont permettre de mieux comprendre, appréhender et lutter contre les conséquences de ce fléau !

   Tu vois, les crédits sont parfois bien employés !
André

Zouave15

Bon déjà, il faut arrêter avec le pedigree, je n'aime pas ces discussions où les protagonistes alignent leur CV ou la partie qui les arrange, ou bien/et considèrent les autres comme ignorants dans le domaine.

Cette conversation a dérivé parce que vous avez vanté les mérites de la gestion, l'un par la chasse, l'autre par les services d'écologie de l'état.

Je ne vais pas redévelopper le problème de la gestion par l'ONCFS car il y a déjà un très long fil sur Bénélux. Pour résumer c'est d'une part le problème de l'aspect juge et partie, d'autre part le fait que le mot clé pour eux est « régulation ». Or on l'applique à des choses qu'on ne comprend pas et qui ne sont pas régulables (du fait des caractéristiques de la dynamique de population de ces espèces). En outre, cela pose un problème de fond qui n'est jamais débattu (l'idée de « réguler » la nature après avoir tout détruit est en soi absurde).

Quant aux espèces citées, tu les appelles patrimoniales, je préfère réitérer mon terme « emblématique » (et mon clavier a fourché, j'ai tapé « majoritaire » à la place) ,mais ça revient au même. Le fait est qu'elles représentent moins de 1 pour cent mille de la diversité spécifique. Pour certaines, elles peuvent être des « indicateurs », mais cette notion est discutable car elles ne sont jamais indicatrices de diversité spécifique, mais d'abondances de proies qui leur conviennent (qui peuvent être de peu d'espèces voire d'espèces exotiques).

Pour la Camargue et pour ailleurs, ce n'est pas une histoire de roseaux, même si en effet cela se voit, c'est une affaire de durée de la mise en eau. Pour avoir du canard à tirer on met en eau sur une longue durée voire toute l'année, au lieu de laisser les étangs s'assécher, ce qui a pour effet d'éliminer (à 90 %) la flore indigène, qui est remplacée par des espèces pour la plupart invasives et exotiques.

Sinon, je sais bien que certaines actions (mares ou autres) sont intéressantes et efficaces, mais si tu regardes sur une carte la surface représentée par rapport au reste, tu comprendras le problème. Aujourd'hui, si on prend par exemple la botanique, il n'y a pas ou très peu de disparition d'espèces, mais si on veut toutes les voir, il faut faire énormément de kilomètres car chaque plante se trouve dans une ou quelques stations.

Si on prend les relevés, on trouve une présence presque normale, mais le biais est que ces plantes sont recherchées, et qu'elles sont notées à égalité avec les plantes banales.

Au final, l'écologie aujourd'hui consiste à protéger ou remettre en état des zones plus ou moins emblématiques, de surface limitée... Ça fonctionne mais d'une part ce n'est pas ma conception (« réserves d'indiens ») d'autre part c'est de la courte vue car à cause des effets d'îlots, si rien n'est fait autour, cela ne sauvera pas les populations (qui disparaîtront au premier problème, épidémie par exemple). Cela étant, je comprend tout à fait que lorsqu'on travaille pour ces entités on soit satisfait (job intéressant et gratifiant) et qu'on voie les choses de manière positive.

Citation de: Zouave15 le Juillet 27, 2012, 20:42:30
PS : au passage, j'ai travaillé notamment sur les méthodes d'études aussi permet-moi d'être sceptique sur la réalité des constats quand ils sont rapportés au territoire (par exemple avec l'effet de concentration en lisière)...

Il y a de nombreux biais dans les études et relevés, et ces biais ne sont jamais pris en compte, ou fort peu. La compétence de l'observateur n'est pas caractérisée, l'analyse de la structure de la végétation n'est pas faite, etc. Au sujet des lisières, dans des lieux de déprise agricole, on se retrouve avec des surfaces homogènes et inextricables qui sont des déserts biologiques, avec autour des lisières souvent artificiellement augmentées de diverses manières. Les relevés sont faits plus ou moins sur ces lisières (même si sur le terrain on a l'impression inverse, quand on note avec GPS les parcours sur une carte ça saute aux yeux). Donc les relevés sont lisière-dpendant, ce qui est normal car le reste est souvent impénétrable, mais cela crée un biais car la diversité spécifique et la densité sont bien plus importantes en lisière.

Quant au loup, je crains qu'on ne puisse se mettre d'accord... Mais pourquoi dépenser de l'argent et braquer les populations pour protéger un animal en expansion, venu d'ailleurs (Italie) et en immigration constante ? En soi, le protéger, d'accord, mais si cela ruine d'autres efforts (ce qui est le cas), je ne suis plus d'accord. Et cela met en danger d'autres super-prédateurs car pour le commun des mortels loup = ours = lynx.

Ajyx

...La fragmentation des habitats et des populations est en effet l'un des problèmes majeurs en matière de biologie de la conservation d'autant qu'elle est intimement liée aux activités humaines et qu'il est très difficile, voire utopique, en pleine période d'expansion démographique et géographique du genre humain, de vouloir faire stopper net les besoins engendrés par ce phénomène. De plus, il ne faudrait pas non plus que ce soit l'Homme qui se retrouve parqué dans des « réserves d'indiens ».

   Néanmoins, contrairement à ce que tu affirmes, ces problématiques de fragmentation des habitats et des populations sont maintenant prises en compte par les autorités (DREAL par exemple) avant toute autorisation en matière d'études d'impact ou d'incidences. En effet, la notion de trame verte et bleue (continuum ou corridors écologiques terrestres et aquatiques), initiée par le grenelle de l'environnement est très sérieusement traitée par l'administration, les scientifiques, les bureaux d'études...
   J'en veux pour preuve une étude concernant le diagnostic environnemental d'une commune à forte richesse biologique (7 ZNIEFF et 2 SIC) à laquelle je participe actuellement au sein d'une équipe traitant les compartiments faune, flore, habitats, hydro... L'ensemble des membres de l'équipe aborde en priorité cet aspect permettant au mieux de lutter contre la fragmentation, le mitage, l'urbanisation inconsidérée...

   Pour le Loup, toujours pas d'accord avec toi. Si tu penses qu'il ne faut pas investir dans la protection des grands prédateurs et laisser une (des) situation se dégrader sans rien faire...
   D'autant que je ne vois pas pourquoi les éleveurs ne seraient pas pris en compte et indemnisés lors d'attaques. On ne peut en même temps vanter le retour de l'élevage de parcours très favorable à la diversité et la richesse écologique et laisser les éleveurs en difficulté ! Au risque bien sûr de connaître ce que nous avons vécu dans le Var avec le tir du premier couple !

   PS : une fois de plus, je n'ai jamais donné mon CV mais seulement indiqué ma profession, non pas pour rabaisser les autres (ça n'est vraiment pas mon genre) mais pour faire savoir que je travaille sur les problématiques dont on parle... Et je ne me serais certainement pas permis d'afficher mon cursus et clamer ma première place de la promo !
André