Eternelle bataille repro VS scanner : Je révise mon jugement!

Démarré par titisteph, Juillet 06, 2015, 16:53:04

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titisteph

Bonjour à tous,

Suite aux nombreux fils traitant du sempiternel sujet "Repro avec APN VS scanner à film", je me suis dit que ce serait pas mal si je mettais mes convictions en face de l'expérimentation...

Car jusqu'à présent, j'avais des idées assez précises sur la question. Voire des certitudes.

En gros et pour résumer, je savais que la repro de film avec un bon APN pouvait assez facilement égaler, moyennant du soin, un scanner de film du type Coolscan V. Je l'avais moi-même expérimenté.

J'avais également expérimenté la repro de néga couleur, et là, ça ne marchait pas vraiment... je n'avais jamais des résultats probants.

J'avais essayé toutes les méthodes les plus barbares, les plus pointues (méthodes Picto, et les autres qu'on trouve sur le Net), avec des résultats catastrophiques, ou tout le moins sans intérêt compte tenu du temps perdu à tout régler. Ou comment faire simple quand on peut faire compliqué...

J'en étais resté là, vantant les mérites du Coolscan, qui est décidément une sacrée bête.

Sauf que désormais, mon Coolscan ne fonctionne plus que sous Vuescan. (je vous passe les détails du pourquoi je n'ai pas Silverfast ou bien l'ancien Nikon Scan)
Et avec Vuescan, j'ai toujours eu des résultats assez pourris question chromie. Ceci, quel que soit le scanner. La faute à une ergonomie épouvantable et absconse. Ce n'est pas faute d'avoir tout essayé. Depuis plusieurs années que je me bats avec ce truc, j'ai fini par me faire une raison : j'essaye d'obtenir un scan sans trop de perte d'infos, et je rattrape toute la chromie dans PS. Un enfer.

Alors je me suis dit que quitte à obtenir un résultat pourri, autant essayer depuis une repro.

Voici donc comment je m'y suis pris :
Nikon D750 et objectif macro Olympus OM Zuiko 80mm à F11. Ce caillou est d'une sublime qualité et vaut bien un Nikkor. Je l'utilise via une bague d'adaptation Leitax montée sur une petite bague allonge OM. Ca me permet d'utiliser tous les cailloux OM sur mon Nikon, avec bien sûr la perte de l'infini.

A 100 ISO, en raw, sur une table lumineuse. Bref, du classique.

Les RAW sont traités avec Capture One.
J'inverse le négatif en inversant simplement les curseurs de l'histogramme. Puis j'ajuste un peu tout au mieux. Un coup de pipette pour neutraliser comme je peux la balance, etc.

Il reste néanmoins des bascules imprévisibles (les noirs peuvent tirer vers les rouges alors que les HL peuvent être trop bleues). Je finalise donc dans PS.

J'ai alors réalisé que toutes ces corrections étaient finalement assez rapides et pas insurmontables. Bonne surprise!

Ensuite, j'ai repassé les mêmes négas dans le Coolscan avec Vuescan.

Et là, j'ai déchanté : les scans, en essayant pourtant de faire au mieux, sont bien plus loin du but que les repros!

Mais je pense que ce résultat médiocre vient principalement de l'ergonomie catastrophique de Vuescan. Le Coolscan n'est pas en cause.
A l'inverse, le bon résultat de la repro vient essentiellement de la bonne ergonomie de Capture One, qui permet des miracles.

A l'époque où j'utilisais Silverfast, ou même Nikon Scan, je n'étais pas aussi loin du but. Néanmoins, je n'ai pratiquement jamais obtenu, d'après néga couleur, de bruts de scans "presque bons".

Alors, finalement, la repro de néga d'après APN, ce n'est pas si pourri que ça, c'est même très bon! En tout cas, ce n'est pas pire que le scanner.

Comme quoi, il est bon de temps en temps de mettre ses certitudes à l'épreuve de l'expérimentation.

Voici quelques exemples. Désolé de vous infliger mes photos de famille, je n'ai que ça sous la main. C'est pas folichon, j'en conviens! Ce sont des images anciennes (15 ans d'âge), assez représentatives de ce qu'on trouve dans des archives.

A gauche, le scanner, au milieu la repro. Et à droite, ce que j'obtiens au final avec PS, d'après la repro.

Bon, c'est sûr qu'avec Vuescan, c'est vraiment moche, j'aurais pu faire mieux, j'en conviens...

titisteph

Voici maintenant un crop comparatif.
Où l'on voit que la repro soutient tout-à-fait le scanner question piqué / résolution.
A noter également que les 24 mpx du D750 équivalent exactement les 4000 DPI du Coolscan V.

J'ai fait un peu exploser les HL sur la repro, mais je garantis que les infos sont sur le fichier RAW. J'ai juste négligé de les préserver lors de mes bidouilles.

titisteph

Voici au passage le fichier de la repro, avec toutes les infos de contraste, montrant que "tout y est".

Verso92

Citation de: titisteph le Juillet 06, 2015, 16:53:04
Nikon D750 et objectif macro Olympus OM Zuiko 80mm à F11. Ce caillou est d'une sublime qualité et vaut bien un Nikkor.

J'espère bien qu'il est meilleur (optimisé spécialement pour le rapport 1:1)...
Edit : oups, désolé... j'avions point vu qu'il y avait une suite en cours !

titisteph

Un autre comparatif.
Ce négatif est du Reala. J'ai donc choisi dans Vuescan le profil Reala.
C'est toujours aussi mauvais avec vuescan.

titisteph

Voici le crop. A gauche la repro, à droite, le scanner.

Il est à noter que la repro est un tout petit poil plus choucrouteuse, moins sèche que le scan. Mais il y a autant de détails.

Et j'ai remarqué que le grain, sur les repros, est moins présent. C'est un gros avantage sur le scanner qui a tendance à transformer le grain d'un néga 100 ISO en 800 ISO!

titisteph

Un autre comparatif. Cette fois-ci le négatif est du 400 ISO (Fuji Superia). La prise du vue est du flash balancé au plafond, mélangé avec le tungstène des lampes du salon. La photo est de 1998.

Vuescan, question chromie, faudra m'expliquer... Je ne doute pas que certains y parviennent. Perso, j'ai laissé tomber.

La repro, une fois terminée dans PS est juste comme il faut : neutre, mais chaude (je sais, ça peut sembler paradoxal...), avec du contraste mais pas plate, pas de bascules, les noirs sont neutres, des détails partout...

Bon, la déco rococo et le look des figurants, eux, on ne pourra pas les changer!!

titisteph

Voici, en gros, les réglages que j'adopte en "base", dans C1.

titisteph

Pour terminer ce petit test, une remarque quant aux poussières : j'en ai eu très peu sur mes repros, alors que je m'attendais à bien pire.

C'est à mettre sur le compte de l'éclairage très diffus de la table lumineuse, qui a tendance à les masquer, au contraire du scanner et son éclairage ponctuel. Un peu l'histoire des têtes d'agrandisseur diffuses VS à condenseurs.

Mais il est indéniable que la passe infrarouge "antipoussières" des scanners est de toute façon un plus.

Le néga couleur étant fort peu contrasté, c'est un bel avantage en repro, car cette technique a tendance à en rajouter. En l'occurence, c'est parfait, les images sont justes comme il faut, et avec des détails absolument partout, sans jouer sur les curseurs de récupération des ombres ou HL.
Il faut quand même bracketter pour avoir le meilleur fichier.

Et la repro, ça va super vite...

dioptre

Pourquoi f/11 ?
Si tu es au rapport 1/1 du point de vue diffraction cela correspond à f/22.
Elle devient importante
l'optimum serait plutôt à 5,6 ou 8
Tu vas rétorquer : oui mais la profondeur de champ !

Diapoo®

Tu vas nous fâcher GMC qui écrit dans le dernier numéro (test du scanner Réflecta RPS 10M) : « Les scanners de films sont une espèce en voie de disparition et il n'existe plus, sur le marché, que des "jouets" délivrant de piètres résultats (autant photographier une diapo au fond d'une boîte de Chipsters ...) » ... Toute allusion à un article concurrent n'étant sans doute pas fortuite  ;D ;D ;D

Plus sérieusement, merci pour ce travail intéressant et bien documenté. Question : pourrais-tu nous dire pourquoi ton Coolscan ne marche plus avec NikonScan ni SilverFast ? Merci  ;)
Le mieux est l'ennemi du bien...

titisteph

Je vais d'abord répondre à Dioptre :
Oui, pourquoi F11? En vérité, j'ai essayé F8 et n'ai noté absolument aucune différence, comme vous pouvez le constater sur ce comparatif.

C'est peut-être meilleur à 5,6, mais je n'ai pas essayé. Car je sais que par expérience, la plus grande profondeur de champ possible est un vrai plus : combien de fois ai-je pesté contre le Coolscan quand il délivrait une image piquée au centre et floue sur les bords (ou l'inverse) dès que l'image était bombée!

Mais il est vrai que c'est surtout important en diapo, ça l'est moins pour les négas, qui restent plats une fois mis dans un passe-vue (j'utilise le passe vue Nikon FH-3 même en repro).

Mais je peux me tromper. Je tenterai 5,6 lors d'une prochaine séance.

CitationQuestion : pourrais-tu nous dire pourquoi ton Coolscan ne marche plus avec NikonScan ni SilverFast ?

En vérité, Silverfast marche très bien avec le Coolscan, c'est juste que je n'ai aucune envie de dépenser des centaines d'euros pour ce soft. Mais c'est un excellent soft. On fait certainement du meilleur travail que Vuescan avec. Je l'ai utilisé il y a quelques années, c'était super.

Nikon Scan, c'est un autre problème. Ce soft n'est plus réactualisé par Nikon et il n'est plus compatible avec les systèmes actuels sous Mac. On pourrait faire des bidouilles pour l'installer quand même, mais ça nécessite de consacrer un DD avec un vieux système dedans, redémarrer avec, etc.

Et de plus, je l'ai déjà évoqué, Nikon Scan a un problème de communication avec mon exemplaire de Coolscan : il ne marche pas en néga couleur, il plante sans arrêt.


Samoreen

Bonjour,

Citation de: titisteph le Juillet 06, 2015, 16:53:04
Ensuite, j'ai repassé les mêmes négas dans le Coolscan avec Vuescan.

Oui mais comment? Ça ne nous donne pas beaucoup d'indications sur le processus. Beaucoup de ceux qui pratiquent le scan de négatifs régulièrement (parce qu'ils continuent de photographier en argentique, au moins partiellement) en sont venus à la conclusion que pour obtenir le meilleur résultat, il faut faire un scan brut en désactivant toutes les fonctions de correction du logiciel de scan sauf le dépoussiérage. Tout le reste du traitement se fait dans LR ou PS avec une étape de débruitage pour enlever les parasites créés par le scanner (Noiseware dans mon cas).

De plus, un des avantages du Coolscan + Nikon Scan, c'est qu'il n'y a pas besoin d'indiquer un profil spécifique au film utilisé. Avec VueScan, c'est plus délicat dans la mesure où quand il n'y a pas de profil correspondant, il faut utiliser le profil générique qui donne des résultats aléatoires.

Moyennant quoi on obtient des résultats tout à fait décents dans des conditions de productivité bien meilleures : quand on a 2 ou 3 bobines de 36 à scanner, un Coolscan s'avère de loin plus pratique que la repro. Exemple joint.

Patrick

titisteph

Je suis tout-à-fait d'accord avec toi. On obtient dexcellentes choses avec Nikon Scan.
Mais j'ai déjà dit pourquoi je n'utilisais plus ce soft, à mon regret. J'ai continué tant que j'ai pu, mais il est arrivé un moment où c'est devenu trop lourd pour moi, question config sous mac.

Par ailleurs ma démo vise juste à valider le fait que l'on puisse sortir de bonnes choses en repro de néga couleur.
En gros, de prouver qu'on pouvait s'en sortir sans scanner, vu que ces derniers vont tendre à disparaitre au fil des ans.

Vuescan étant une horreur, il est vrai qu'il n'est pas bien difficile de faire mieux autrement. Le coolscan, bien mené, avec un excellent soft, reste complètement dans la course.

titisteph

En ce qui me concerne, je commence à me poser des questions quant à la pertinence de continuer à utiliser le coolscan et vuescan. Ce dernier soft est tellement mauvais qu'il flingue complètement le potentiel du coolscan, c'est vraiment dommage.
Il n'y a qu'en noir et blanc que j'arrive à quelque chose.
Il me faudrait investir dans silverfast, mais aucune envie de dépenser tant, moi qui ne scanne que quelques fois par an.

Samoreen

Citation de: titisteph le Juillet 06, 2015, 20:39:50
et vuescan. Ce dernier soft est tellement mauvais qu'il flingue complètement le potentiel du coolscan

On l'utilise dans mon club et je l'ai déjà utilisé avec le Coolscan (V ED). Le problème est qu'il y a beaucoup de choses à régler et que l'interface est vraiment calamiteuse. Mais sinon, une fois que l'on a trouvé (ou fabriqué) le bon profil, les résultats sont plutôt bons. Il y a un bouquin sous Kindle (The Vuescan Bible) qui permet de pénétrer ce fouillis avec un peu plus de décontraction.
Patrick

Diapoo®

Tant que nous y sommes, j'en profite pour vous poser une autre question : quel type de fichier sortez-vous du scanner, donc avant passage dans PS ou autre pour le traitement final ?

Sachant, à ma connaissance (... incertaine  :D), que les NEF de Coolscan sont aujourd'hui inexploitables, restent a priori les Jpeg (8 bits), les Tiff 8 bits ou les énormes Tiff 16 bits  ???

Merci pour votre réponse. Depuis peu à la retraite, je vais devoir moi aussi m'attaquer au problème (j'avais prévu en temps utile un 5000 ED  ;)).
Le mieux est l'ennemi du bien...

Verso92

Citation de: Diapoo® le Juillet 06, 2015, 23:49:19
Sachant, à ma connaissance (... incertaine  :D), que les NEF de Coolscan sont aujourd'hui inexploitables [...]

Par quel subterfuge ?

titisteph

Je sors du tiff 8 bits ou 16 bits. Le tiff est vraiment un format universel.

Mais je dois à la vérité de dire que les 16 bits n'améliorent les choses que de façon extrêmement marginale. Pour ne pas dire autrement! A vrai dire, avec le Coolscan et Nikon Scan, je n'ai jamais pu mettre en évidence une vraie différence. Mais il ne faut pas généraliser, j'ai un scanner Epson 4990 qui est nettement meilleur en 16 bits (sinon, il fait des cassures dans les dégradés).

Pour me donner bonne conscience, je scanne en 16 bits dans Vuescan (je crois que dans Nikon Scan, c'était du 14 bits, pas du 16), puis je passe en 8 bits dans PS.

Quand l'image est très sous-ex et que j'ai absolument besoin d'en garder sous le pied, je fais le traitement en restant en 16. Mais à la toute fin, je passe quoi qu'il arrive en 8 bits. Ca ne détruit absolument rien.

Et je vais vous faire une confidence, ne le répétez à personne : quand l'image est finalisée, et donc qu'elle me convient, je l'enregistre en jpeg qualité 12. Les mauvaises langues diront que l'image s'abîme. C'est vrai en théorie.

En pratique, faites le test : mettez côte à côte le tiff et le jpeg. Observez bien les dégradés. Puis ensuite, zoomez à 100, 200, 300%. Vous ne voyez toujours pas de différence? C'est normal, il n'y en a aucune! Ceux qui affirment le contraire n'ont pas fait le test. Enregistrer en qualité 12 ne provoque aucune destruction visible, surtout sur un scan où le grain du film est l'information qui prédomine.

Le gros avantage : on enlève un zéro au poids de chaque fichier!

On dit aussi que l'image va s'abîmer à l'enregistrement suivant suite à une modif qu'on aura apportée. C'est encore inexact en qualité 12. Donner un coup de tampon ou changer la balance, puis réenregistrer ne change strictement rien. Vous pouvez faire comme ça 10 générations d'enregistrements successifs, et comparer avec l'original, vous ne verrez aucune perte. C'est assez déroutant.
Voir exemple ci-joint. J'ai donné un coup de tampon dans le noir entre chaque enregistrement.

Ceci dit, un petit bémol : l'enregistrement en jpeg nécessite une étape de compression-décompression à l'enregistrement puis ouverture. Il peut arriver qu'il y ait des problèmes de fiabilité lors de ces étapes, et que le fichier refuse de s'ouvrir. On a droit alors au message : "fichier endommagé, segment de jpeg tronqué". Et là, c'est mort.
Ce problème est réel, et j'ai dans mes archives quelques images (moins de 4 ou 5) ainsi irrécupérables. Donc les images vraiment importantes, uniques, gardez-les quand même en tiff, c'est plus sûr.

VentdeSable


jpsagaire

Citation de: titisteph le Juillet 07, 2015, 09:35:05
Quand l'image est très sous-ex et que j'ai absolument besoin d'en garder sous le pied, je fais le traitement en restant en 16. Mais à la toute fin, je passe quoi qu'il arrive en 8 bits. Ca ne détruit absolument rien.

Et je vais vous faire une confidence, ne le répétez à personne : quand l'image est finalisée, et donc qu'elle me convient, je l'enregistre en jpeg qualité 12. Les mauvaises langues diront que l'image s'abîme. C'est vrai en théorie.

Oui l'avantage du 16/14 bits est que les destructions liées aux traitements sont bien plus amorties. Donc, négligeables pour faire court. Car 65000 nuances par (canal) couleur pour le 16 bits, contre 256 pour le 8 bits. Une fois les éventuelles modifs nécessaires faites, passer à 8 bits suffit. Quand au fait de passer en jpeg pour tirage, tout est affaire de compression, l'idéal étant de ne plus avoir à redimensionner.

;)

à lire on apprend beaucoup !

Pweeny

Pour ma part, je n'utilise que VueScan avec le V750 Pro. Je caractérise méticuleusement le masque orange en jouant sur les gains analogiques. Je désactive ensuite toute correction par VueScan et j'exporte dans Photoshop. Là, Couleurs Automatiques, puis réglage des niveaux. J'obtiens ainsi un fichier Raw, sans bascule, comparable à celui d'un numérique.
Voir ci-dessous le graphe raw lors de la caractérisation du masque orange avec VueScan.

Pweeny


Pweeny


Pweeny