Loire II

Démarré par Seb Cst, Décembre 29, 2024, 13:58:37

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Verso92

Tout ça pour un accent, grave ?

;-)

Crinquet80

Citation de: Seb Cst le Décembre 31, 2024, 19:29:15Je suppose que tu souhaitais employer le verbe avoir, conjugué ?
Car présentement la signification m'échappe quelque peu.
Bon ok, je ne fais pas beaucoup d'efforts d'extrapolation non plus. Mais quand même.

Plus que 30mn avant que tu ne sois autre chose qu'un correcteur orthographique !  ;D

Seb Cst

Meilleurs vœux à toutes et à tous.
Avec ou sans correction de la concordance des temps.

Ce fil m'a permis d'en savoir un peu plus sur les aspects factuels de la démarche de Gursky, mais sur ses motivations profondes demeure encore pour moi une part de mystère.
Peut-être souhaitait-il une image utopique. Effacer l'arrière-plan comme on fait table rase de la modernité. Mais en conservant la piste en avant-plan...
Par ailleurs Verso nous rappelle que certaines photographies doivent une grande partie de leur intérêt à leur lecture à plusieurs niveaux et à plusieurs distances.
Comme dans la plupart des démarches picturales finalement. La photo est un objet, et sans le tirage définitif le risque est de perdre une grande part du sel de cet objet.

agl33

Citation de: Crinquet80 le Décembre 31, 2024, 23:30:44Plus que 30mn avant que tu ne sois autre chose qu'un correcteur orthographique !  ;D

;-)

Seb Cst

Citation de: Arlecchino le Janvier 01, 2025, 12:49:59Non je ne crois pas, n'oublions pas que Gursky est allemand de naissance et ce titre il a (je pense) hérité de la culture visuelle allemande,
la rigueur et l'obsession de la plastique parfaite.
Gursky montre notre modernité de façon frontale, sauf que lui va plus loin dans la démarche,
car pour atteindre cette perfection plastiques, il n'hésite pas à gommer/arranger ses prises de vues, pour les rendre plastiquement parfaites.
Donc non il ne veut pas effacer la modernité, au contraire il la montre dans toute sa froideur, d'où la vue frontale des visions colorées de notre monde de consommation de masse.
A ce titre Rhein II peut paraitre à contre-courant de ses visions de notre société, le pourquoi ? Je n'ai pas la réponse.

Je ne pense pas qu'il cherche une forme de réalisme frontal avec Rhein II, car sinon il aurait soit choisi un autre point de vue, soit conservé le site industriel.
Je pense au contraire qu'il y a une volonté très forte d'aller au delà. Il cherche le symbole.

Wikipedia propose cette citation sourcée du photographe:
« paradoxalement, cette vue du Rhin ne peut être obtenue in situ, une construction fictive est requise pour fournir une image précise d'une rivière moderne ».
La série du Rhin est en effet en rupture avec ses images les plus saturées en détails, celles montrant la fourmilière contemporaine sous une forme hyperréaliste.
Cela tu le dis très bien dans ta conclusion, avec laquelle je suis justement d'accord.
Le mot fiction est primordial pour situer la démarche.

D'autre part je n'associe absolument pas la rigueur et l'obsession de la plastique parfaite à "l'art allemand".
Que penses-tu de l'expressionnisme ?

Seb Cst

Citation de: Arlecchino le Janvier 01, 2025, 14:30:27C'est quand même une réalité, regarde le Bauhaus, il y avait une certaine rigueur allemande, Walter Gropius le directeur, regarde ce qu'il a construit aux Etats-Unis.
Kandinsky (bon ok il est née en Russie) mais à construit son œuvre en Allemagne, met côte à côte ses tableaux et ceux de Miro, dans l'un il y a une certaine rigueur dans les traits, dans Miro c'est plus de la poésie.
Après je parle pas de généralité, surtout de nos jours...


Il y avait une certaine rigueur oui, mais peut-on la qualifier d'allemande ?
Bon ceci dit, il est clair qu'entre l'esthétique du père du Bauhaus et Niemeyer par exemple, je préfère largement le second.

Quant à la comparaison Miro-Kandinsky, je ne peux la faire car je connais bien trop mal l'œuvre de Miro.
Mais je ne qualifierais pas Kandinsky de rigoriste en tous cas.

Seb Cst

Citation de: Arlecchino le Janvier 01, 2025, 17:23:38Je suis née dans un petit village lorrain qui se trouve à 200m du village allemand, donc je sais parler allemand, regarder un film en allemand,
ça me pose pas spécialement de compréhension.
mais leurs culture est différente, même si la World Company est passé par là.

Et j'ai l'impression que Gursky a ce petit côté allemand, bon après je peux me tromper...


Entre le bain culturel et les particularités de chacun, j'avoue me méfier des discours généralisants ou cloisonnants.
L'entre-deux guerres (tu citais Gropius) est caractérisé par une recherche rationaliste, partagée à des degrés divers par tous les pays occidentaux et tous les pays ayant atteint un stade de développement technologique équivalent.
Science et technique deviennent les modèles dominants de description du monde et de création.
Nous en sommes les héritiers, comme Gursky.
Il fait partie d'un courant esthétique dont l'autre "sky", Edward Burtynsky, est un éminent représentant.
Ainsi que Stéphane Couturier. Trois photographes, trois pays, trois convergences au delà des différences individuelles.

Il m'intéresserait de savoir quel impact a pu avoir sur l'œuvre de Gursky la réunification allemande.

Seb Cst

Citation de: Arlecchino le Janvier 01, 2025, 17:55:56C'est vrai que Gursky est née à Leipzig RDA en 1955, donc il connait les deux "mondes" après quelle influence la réunification à eu sur son œuvre alors là... 

Yes œuf corse, j'avais lu quelques éléments de sa biographie, mais ce point essentiel m'avait échappé.
Comment est-il passé à Düsseldorf avant 1989 ?

Seb Cst

Citation de: Arlecchino le Janvier 01, 2025, 18:48:12Je rectifie, "Sa famille déménage à Düsseldorf lorsqu'Andreas est âgé de 2 ans.

Ok. Pourrais-tu donner un lien vers la source please ?
Cela signifierait une enfance à l'Ouest dans une famille issue d'Allemagne de l'Est.

Seb Cst

Merci chef !
Je crois que nous allons pouvoir laisser couler les fleuves.

phot68

Citation de: Bernard34 le Décembre 29, 2024, 15:50:11Avant d'etre un bon commercial il faut être imaginatif et bon photographe .
Un tres bon commercial qui n'a rien a vendre ne vend rien  :D

Voilà une remarque qui pourrait être un point de départ d'un long débat...
Elle est très pertinente, mais...Il y a d'excellents commerciales qui sont capable de ne vendre que du vent...
Certaines œuvres , très médiocres, ont une grande valeur commerciale, uniquement parce qu'elles sont signées par une pointure reconnue du monde artistique 👌

raymondheru

Ce fil présente au moins un intérêt : pouvoir parler d'un grand photographe    ;)

agl33

Citation de: raymondheru le Janvier 04, 2025, 21:06:52Ce fil présente au moins un intérêt : pouvoir parler d'un grand photographe    ;)

Tout à fait.

TYBOR

Bonjour,
Rhin II est de ces 'œuvres" fort pratiques pour le blanchiment d'argent sale... Ce qui explique la somme déboursée pour ce travail plus trafiqué qu'une voiture volée.
Habitant à 4 kilomètre au nord de la Loire, j'avais songé à réaliser Loire II et à la mettre en vente à un prix indécent...
Merci de l'avoir réalisé et de relancer le débat sur ces "œuvres" témoignant d'un vide certain et d'un talent pour l'esbroufe et le néant.

Verso92

Citation de: TYBOR le Janvier 05, 2025, 17:31:42Bonjour,
Rhin II est de ces 'œuvres" fort pratiques pour le blanchiment d'argent sale... Ce qui explique la somme déboursée pour ce travail plus trafiqué qu'une voiture volée.
Habitant à 4 kilomètre au nord de la Loire, j'avais songé à réaliser Loire II et à la mettre en vente à un prix indécent...
Merci de l'avoir réalisé et de relancer le débat sur ces "œuvres" témoignant d'un vide certain et d'un talent pour l'esbroufe et le néant.

Souvent, je me dis que parler photo sur Chassimages, c'est peine perdue (à part s'il s'agit de l'OM-707)...

TYBOR

Bonsoir,
Pas l'OM707, mais l' OM101...
Parler photo, n'empêche nullement de retourner quelques cadres dont le revers a un aspect beaucoup moins plaisant...
Ce n'est pas seulement la Photo qui est gangrenée, c'est l'Art en général... Et ce n'est pas nouveau.

Verso92

Citation de: TYBOR le Janvier 05, 2025, 23:05:57Parler photo, n'empêche nullement de retourner quelques cadres dont le revers a un aspect beaucoup moins plaisant...
Ce n'est pas seulement la Photo qui est gangrenée, c'est l'Art en général... Et ce n'est pas nouveau.

Aimer le travail de Gursky (et d'un certain nombre de photographes) serait donc une tare ?

Seb Cst

Citation de: TYBOR le Janvier 05, 2025, 17:31:42Rhin II est de ces 'œuvres" fort pratiques pour le blanchiment d'argent sale...
Ce qui explique la somme déboursée pour ce travail plus trafiqué qu'une voiture volée.
Habitant à 4 kilomètre au nord de la Loire, j'avais songé à réaliser Loire II et à la mettre en vente à un prix indécent...
Merci de l'avoir réalisé et de relancer le débat sur ces "œuvres" témoignant d'un vide certain et d'un talent pour l'esbroufe et le néant.

J'ai bien réalisé cette photo dans l'esprit du Gursky nous occupant. Personne ici n'en aurait douté.
Notamment pour amorcer un débat mais pas seulement.
Premier point, passant devant ce canal avec cette lumière, alors que je n'habite plus la région depuis trois décennies, il m'a semblé que la démarche consistant à jouer des horizontales me permettait d'exprimer ce que je ressens devant ce paysage, où je ne viens qu'assez épsiodiquement pour voir ma famille.
Je vis au pied des montagnes, j'ai toujours cherché les diagonales et les verticales.
A Orléans je ne les trouve qu'auprès des arbres et des flèches de la cathédrale. Hormis ces jalons l'horizontale y est un point de départ et d'arrivée, une référence incontournable.

Deuxième point. J'aime les travaux de la paire de sky (Gursky  & Burtynsky), mais la série Rhein représente pour moi une sorte de mystère.
Elle est en rupture avec les travaux emblématiques de Gursky où il joue de la saturation du détail humain, où la critique de la société de consommation est toujours sous-jacente.

Le débat sur le marché de l'art vient forcément croiser celui sur la valeur de l'art.
Pourquoi cette Rhein II fut-elle la plus chère du monde un temps, alors que d'autres oeuvres de Gursky auraient mérité large reconnaissance ?
Gursky lui-même fut-il regardant, voire exigeant, sur les référence de l'acheteur ?



Seb Cst

Citation de: Arlecchino le Janvier 06, 2025, 21:06:27"Par sa représentation minimaliste, il est traité ici comme un concept." ça vaut que ça vaut...
...

Je ne suis pas vraiment convaincu par cet article.
La relation entre l'homme et la nature est devenu un sujet universel. Il n'est pas l'apanage d'un courant de pensée ou d'un courant artistique allemand.
Les premières phrases, surlignées, ont donc pour moi un statut logique ambigu.
Par ailleurs nombre de symboles picturaux peuvent acquérir le statut de concept (ce n'est pas une causalité bien entendu).
Le reste de l'article ne fait que survoler le sujet.

Seb Cst

Je n'avais pas encore regardé la vidéo.
Concernant Rhein le mystère demeure. Ce ne sont pas les propos de Gursky dans ce reportage qui vont vraiment lever le voile.
A nous de l'accepter comme tel.

Stepbystep

Citation de: Verso92 le Janvier 05, 2025, 20:46:06Souvent, je me dis que parler photo sur Chassimages, c'est peine perdue (à part s'il s'agit de l'OM-707)...

C'est le même qui avait sorti qu'il faisait de meilleures photos que Steve McCurry

Verso92

Citation de: Seb Cst le Janvier 06, 2025, 20:46:54Deuxième point. J'aime les travaux de la paire de sky (Gursky  & Burtynsky), mais la série Rhein représente pour moi une sorte de mystère.
Elle est en rupture avec les travaux emblématiques de Gursky où il joue de la saturation du détail humain, où la critique de la société de consommation est toujours sous-jacente.

Les choses sont peut-être un peu différentes pour moi... comme déjà évoqué, quand je suis allé voir l'expo à Beaubourg en 2002, Rhein II était la première photo de l'expo, en entrant, à gauche. C'est donc par celle-ci que je suis entré dans l'univers de Gursky, photographe que je ne connaissais pas.

Je suis resté plusieurs minutes devant, assez étonné par sa dualité... à la fois abstraite et ancrée dans une solide concrétitude : en s'approchant du tirage, on pouvait distinguer chaque brin d'herbe !

Cette sorte de vertige, liée à la possibilité d'immersion dans l'image, est présente dans plusieurs de ses images (celle du concert de Madonna, par exemple). Comme déjà expliqué, c'est une sensation qu'on ne peut éprouver que devant les tirages, pas en vue Web ou dans un bouquin...


Le double effet Kiss Cool, c'est quand en 2011 Rhein II a fait la une en devenant la photo la plus chère du monde. On était en train de lire l'article sur le Web avec mon collègue Christophe quand deux (jeunes) membres du club photo nous ont rejoint. Là, ce fut une suite de sarcasmes sur la qualité et l'intérêt supposé de la photo.

Christophe et moi avons essayé de leur expliquer le pourquoi du comment, l'école de Düsseldorf, toussa et, apparemment, on a été plutôt convaincants, puisqu'ils ont trouvé notre petit exposé improvisé intéressant et nous ont demandé de faire un exposé en bonne et due forme sur l'histoire de la photographie. C'est Christophe qui s'y est collé, et il nous a pondu un pavé (trois ou quatre sessions de 1h30, de mémoire...  ;-).


https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/FLscB1s

Seb Cst

Citation de: Verso92 le Janvier 07, 2025, 19:12:37Les choses sont peut-être un peu différentes pour moi... comme déjà évoqué, quand je suis allé voir l'expo à Beaubourg en 2002,
Rhein II était la première photo de l'expo, en entrant, à gauche. C'est donc par celle-ci que je suis entré dans l'univers de Gursky, photographe que je ne connaissais pas.

Citation de: Seb Cst le Janvier 01, 2025, 12:30:41Peut-être souhaitait-il une image utopique. Effacer l'arrière-plan comme on fait table rase de la modernité. Mais en conservant la piste en avant-plan...
Par ailleurs Verso nous rappelle que certaines photographies doivent une grande partie de leur intérêt à leur lecture à plusieurs niveaux et à plusieurs distances.
Comme dans la plupart des démarches picturales finalement. La photo est un objet, et sans le tirage définitif le risque est de perdre une grande part du sel de cet objet.

...

Je remets ici ma réponse #63, car dans le flot elle a pu passer inaperçue.
Sur l'ensemble de l'œuvre et sur la démarche je pense que nous sommes en phase.

Mes interrogations concernant Rhein sont bien spécifiques et liées d'une part à la composition très primale, sinon primaire, d'autre part à la volonté de l'auteur de se servir d'une partie du motif pour en effacer la majeure partie du reste.
La photo du concert de Madonna que tu mets en exemple fait partie de ces travaux de Gursky que j'adore.
Mais l'approche procède autrement, et il est difficile de repérer ce qui a pu être recollé a posteriori.

Verso92

Citation de: Seb Cst le Janvier 07, 2025, 19:29:57La photo du concert de Madonna que tu mets en exemple fait partie de ces travaux de Gursky que j'adore.
Mais l'approche procède autrement, et il est difficile de repérer ce qui a pu être recollé a posteriori.

En postant cette photo du concert de Madonna, je m'aperçois que j'ai fait une sorte de démonstration par l'absurde : en s'approchant du tirage, on peut presque distinguer chaque personne dans le public... mais là, sur l'image Web postée au-dessus, on est obligé de me croire sur parole !

;-)

Seb Cst

Le site du centre Pompidou propose une visualisation intéressante de ces images. Façon Prodibi.

https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/FLscB1s

Un petit clic dans l'image et le zooming trip commence.