Eizo CS240

Démarré par canonbeber, Novembre 16, 2014, 22:33:35

« précédent - suivant »

hamacintosh

Citation de: gourou1951 le Avril 16, 2015, 12:56:34
Le boutique ou j'ai acheté le EIZO CS240 m'a conseillé d'utiliser le programme I1 profiler fourni avec de la sonde I1 display pro III plutôt que ColorNavigator, qu'en pensez vous ?

A priori, que ce n'est pas un bon conseil. Quels étaient leurs arguments ?

Apo2935

Oui, quels étaient leurs arguments ? Question : i1 profiler permet t'il un réglage hardware de l'écran ?

Le but c'est de rester cohérent entre l'écran, les logiciels, et l'impression.

Lightroom utilise l'AdobeRGB (6500 K, et gamma 2.2) pour la Bibliothèque, le module Impression, enfin pour tout SAUF pour le module Développement où il utilise le ProPhoto (5000 K, et gamma 1.8 )

Et dans tout cela, il y a en plus l'écran et l'imprimante à gérer.

Un vaste chantier en effet.

Le fait d'avoir un Gamma 1.8 donne t'il une image plus claire qu'avec un 2.2 ou est ce l'inverse ? C'est déjà un bon point de départ et une bonne question / réflexion ... et pour ton imprimante, cela rapproche plus du 1.8 ou du 2.2 ? et pour ton écran ?
Port Garrec - Finistère Sud

pgrat

Citation de: Apo2935 le Avril 16, 2015, 15:43:29
Question : i1 profiler permet t'il un réglage hardware de l'écran ?

Oui.

Citation de: Apo2935 le Avril 16, 2015, 15:43:29Lightroom utilise l'AdobeRGB (6500 K, et gamma 2.2) pour la Bibliothèque, le module Impression, enfin pour tout SAUF pour le module Développement où il utilise le ProPhoto (5000 K, et gamma 1.8 )

Non. Le module de développement de LR utilise un ProPhoto linéaire associé à la courbe de transfert du sRGB auquel Adobe a donné le nom de Melissa RGB.

Citation de: Apo2935 le Avril 16, 2015, 15:43:29Le fait d'avoir un Gamma 1.8 donne t'il une image plus claire qu'avec un 2.2 ou est ce l'inverse ? C'est déjà un bon point de départ et une bonne question / réflexion ... et pour ton imprimante, cela rapproche plus du 1.8 ou du 2.2 ? et pour ton écran ?

Selon vous ? Le problème des impressions trop sombres amène très souvent au constat d'un écran trop clair. 80 cd/m2 n'est pas à prendre en valeur absolue mais par rapport à l'environnement de la pièce.

Apo2935

#153
Je ne suis pas dans le secret des dieux concernant LR, donc voici ma source (j'ai pas plus technique comme src, aussi ... vous avez surement raison):

https://helpx.adobe.com/lightroom/help/color-management.html

Lightroom uses Adobe RGB:

for previews in the Library, Map, Book, Slideshow, Print, and Web modules
...

In the Develop module, by default Lightroom displays previews using the ProPhoto RGB color space. ProPhoto RGB contains all of the colors ...

Quand à i1 profiler, avec le bordel qu'il fout dans la machine (cf la console et les fichiers_log du mac), je préfère ne pas l'utiliser.
Port Garrec - Finistère Sud

gourou1951

bonjour,
Comme argument j'ai eu "laissez tomber colornavigator car I1 profiler est plus complet" c'est tout, un peu léger comme explication mais j'ai quand même utilisé colornavigator avec le CS240 et j'étalonne mon imac  avec i1 profiler (qui me donne d'ailleurs un excellent affichage).
Tout ce que je peux affirmer c'est que en mettant à 80cd/m2 je me rapproche de ce que j'imprime, mais je n'est pas testé encore la valeur du gamma (je suis à 2,2) et je n'ai pas essayé de descendre en dessous de 80 cd/m2.
je viens de lire la réponse de pgrat et i1 profiler permet un réglage hardware de cet écran, donc quel programme pour étalonner vous semble le plus performant?
Le fait de jouer avec ces deux paramètres devrait me permettre de diminuer l'écart entre ce que je vois à l'écran et ce que j'imprime, et définissant un profil adapté pour l'impression je devrais obtenir un bon résultat.
Canon 5D MarkII -

Jean Delmas

Citation de: gourou1951 le Avril 16, 2015, 12:56:34
Le boutique ou j'ai acheté le EIZO CS240 m'a conseillé d'utiliser le programme I1 profiler fourni avec de la sonde I1 display pro III plutôt que ColorNavigator, qu'en pensez vous?

Je n'ai plus de réponse bien claire à votre question. Naguère, les résultats obtenus avec i1Profiler étaient sensiblement supérieurs à ceux de ColorNavigator, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui... Le mieux est sans doute d'essayer les deux et de choisir celui dont l'interface vous parait la plus pratique... Si vous étalonnez (ou projetez d'étalonner) votre imprimante avec un spectrophotomètre X-Rite, il peut être intéressant d'utiliser un seul logiciel, i1Profiler, pour les deux opérations...

Citation de: Apo2935 le Avril 16, 2015, 15:43:29
[1] Question : i1 profiler permet t'il un réglage hardware de l'écran ?
[2] Lightroom utilise l'AdobeRGB (6500 K, et gamma 2.2) pour la Bibliothèque, le module Impression, enfin pour tout SAUF pour le module Développement où il utilise le ProPhoto (5000 K, et gamma 1.8 )
[3] Le fait d'avoir un Gamma 1.8 donne t'il une image plus claire qu'avec un 2.2 ou est ce l'inverse ? C'est déjà un bon point de départ et une bonne question / réflexion ... et pour ton imprimante, cela rapproche plus du 1.8 ou du 2.2 ? et pour ton écran ?

1 - Oui.

2 - Adobe communique peu sur ces sujets. Il est tout de même à peu près établi que :

A - Les calculs internes de Lightroom sont effectués sur des nombres RGB avec une résolution tonale de 16 bits (ou 32 bits pour certains calculs) dans un espace qui possède les mêmes primaires que ProPhoto RGB mais sans la correction préventive de gamma = 1,8 (ce qu'on appelle parfois un espace « linéaire »).

B - Les images affichées par le module Développement ainsi que les nombres RGB affichés par l'interface du logiciel de même que leur traduction graphique en histogramme, sont définis dans un espace qui possède aussi les mêmes primaires que ProPhoto RGB mais avec une correction préventive de « gamma » utilisant la courbe tonale de sRGB !! C'est cet espace que l'on appelle généralement Melissa RGB du nom de Melissa Gaul, une experte de l'équipe de développement Adobe (Mark Hamburg, responsable du développement de Lightroom voulait appeler cet espace « bastardized RGB » !)

C - Les APERÇUS d'images affichés par Lightroom dans les modules Bibliothèque,  Diaporama et Impression sont des JPEG définis dans Adobe RGB (1998). On peut donc parfois observer de petites différences entre une même image affichée pendant le développement et affichée dans un autre module...

3 - Deux versions d'une même image affichées avec un gamma de 1,8 et un gamma de 2,2 ont le même noir et le même blanc. Il est donc inapproprié de dire que l'une d'elles est plus claire que l'autre. En revanche, les étagements des valeurs tonales entre ce noir et ce blanc diffèrent pour les deux images. L'image en gamma 1,8 possède des niveaux tonals un peu plus élevés (surtout dans les valeurs moyennes) et parait de ce fait un peu pâlichonne.
bleutchekov

Apo2935

#156
donc si je résume bien , sous LR, on affiche en AdobeRGB ( D65, G 2.2 ), on développe en MelissaRGB ( un ProPhoto D50 ou D65, mais en G 2.2 environ, enfin celui du sRGB) et on exporte en véritable ProPhoto D50 G 1.8, ou en AdobeRGB D65 G 2.2

c'est donc le gros bordel en fait sous LR ...

c'est un Melissa D50 ou D65 ? ma logique me dit D65, mais ...
Port Garrec - Finistère Sud

Jean Delmas

Bonjour aApo2935.

Je ne dirais pas que LR « affiche en Adobe RGB » ni même que c'est le bordel, car, sur ce plan, les autres logiciels de développement RAW opèrent de la même manière ou à peu près de la même manière.

Comme toute application gérant les couleurs, l'espace dans lequel LR affiche les images est, tout simplement, le profil d'affichage. C'est-à-dire qu'avant d'afficher une image, LR la convertit dans le profil d'affichage, ceci quel que soit son espace de définition.

C'est ce que fait LR pendant le développement d'une image. L'image est définie dans l'espace interne de LR (primaires de ProPhoto RGB...) et convertie dans le profil d'affichage avant d'être affichée.

C'est aussi ce que LR fait pour les APERÇUS affichés par les autres modules. Il les définit dans Adobe RGB (1998) puis, pour les afficher, il les convertit dans le profil d'affichage. Pour diminuer le volume des aperçus, LR les compresse sous forme de JPEG. Mais comme le standard JPEG n'est pas compatible avec une résolution tonale de 16 bits, LR ne peut pas les définir dans un espace à large gamut comme ProPhoto RGB. Adobe a donc opté pour « le plus grand des espaces classiques utilisables en 8 bits » c'est-à-dire Adobe RGB (1998)...

Dans le module Impression, c'est bien entendu seulement l'aperçu qui est défini dans Adobe RGB (1998) et non l'image imprimée. Cet aperçu est, comme les autres images, converti par LR dans le profil d'affichage avant d'être affiché. Mais c'est évidemment l'image d'origine, c'est-à-dire l'image définie dans l'espace à large gamut interne de LR qui est imprimée, c'est-à-dire qui est convertie dans le profil d'impression avant d'être envoyée à l'imprimante.

De même, quand on observe l'aperçu Adobe RGB (1998) d'une image dans le module Bibliothèque et qu'on en demande l'exportation vers un espace de sortie quelconque, par exemple ProPhoto RGB, c'est l'image d'origine, et non son aperçu, qui est convertie dans cet espace... 
bleutchekov

Apo2935

Merci pour ces explications
Port Garrec - Finistère Sud

pgrat

Citation de: Apo2935 le Avril 16, 2015, 17:26:56
donc si je résume bien , sous LR, on affiche en AdobeRGB ( D65, G 2.2 ), on développe en MelissaRGB ( un ProPhoto D50 ou D65, mais en G 2.2 environ, enfin celui du sRGB) et on exporte en véritable ProPhoto D50 G 1.8, ou en AdobeRGB D65 G 2.2

Le module bibliothèque affiche en Adobe RGB, et si l'on travaille sur 2 écrans, l'écran secondaire affiche une vue "bibliothèque" donc aussi en Adobe RGB. C'est assez gênant lorsque l'on a les deux sous les yeux ou que l'on passe trop souvent d'un module à l'autre sur une même image.
Quant au module d'impression, l'espace d'affichage n'est pas le plus important. Ce qui compte, ce sont la mise en page et les paramètres d'impression.

On exporte bien dans ce que l'on veut du moment qu'il s'agit d'un profil RGB. Le CMJN et les niveaux de gris sont incompatibles avec LR qui ne connait que le RGB.

Citation de: Apo2935 le Avril 16, 2015, 17:26:56
c'est un Melissa D50 ou D65 ? ma logique me dit D65, mais ...

Melissa RGB est en D50 comme ProPhoto.

Apo2935

Je n'ai pas la possibilité de travailler avec 2 écrans (c'est soit l'écran du portable, soit l'écran EIZO, l'un ou l'autre) et c'est du boulot d'amateur, avec une veille carte graphique ainsi qu'un ordi plus très jeune ... mais effectivement cela doit être gênant. Et cela ne dérange pas Adobe ?, en fait c'est comme chez C1, une certaine résistance pour la correction d'un problème ...

(comme il y existe aussi un Melissa D65, d'où la question ...)

Merci encore pour ces explications
Port Garrec - Finistère Sud

gourou1951

Je travaille avec 2 écrans sous Lightroom et que ce soit sur le module bibliothèque ou sur le module développement (affichage sur Imac) le rendu de la photo est nettement supérieur sur l'écran secondaire (CS240), plus de nuances dans les couleurs en saturation et détails.Par contre le module impression donne un affichage similaire au modules bibliothèque et développement. Donc le rendu des photos avec Lightroom sur écran EIZO avec un gammut plus large donne de meilleurs résultats. Je vais procéder à quelques essais pour limiter ce léger écart entre ce que je vois à l'écran et l'impression sur papier. Cette discussion m'auras appris beaucoup de choses sur la méthode à adopter afin de parvenir à de meilleurs résultats selon ce que l'on veut faire de nos photos.
Merci à tous pour toutes ces explications.
Canon 5D MarkII -

Jean Delmas

Citation de: Apo2935 le Avril 16, 2015, 17:26:56
c'est un Melissa D50 ou D65 ? ma logique me dit D65, mais ...

Pgrat vous répondu dans son intéressant commentaire. Le blanc de Melissa RGB est en effet D50.

Mais, qu'est ce que le « blanc » d'un espace de travail ?

S'il est assez facile de comprendre ce qu'est le blanc d'un appareil ; la couleur blanche d'un écran, par exemple, est celle qu'il affiche quand on lui injecte les trois nombres R=G=B=255, que peut bien être le blanc d'un espace de travail qui, par définition, est indépendant des appareils ?

Ce « blanc » est en fait une donnée tout à fait abstraite et conventionnelle mais indispensable pour connaitre le sens absolu d'une couleur définie par trois nombres RGB dans un espace de travail donné.

Un espace de travail  RGB est d'abord déterminé par neuf nombres qui spécifient ses trois couleurs primaires Rouge, Vert et Bleu. Dans son profil, chacune des primaires est définie par ses trois composantes dans un modèle absolu de « mesure » des couleurs (ici XYZ ou Lab dans d'autres types de profils).

On sait qu'une couleur quelconque est définie par trois nombres RGB qui mesurent les trois « quantités » de primaires qu'il faut mélanger additivement pour obtenir la couleur considérée. Mais on ne connait pas les « quantités unitaires » de Rouge, de Vert et de Bleu qu'il faut multiplier par les nombres R, G et B pour obtenir le mélange convenable. Eh bien, c'est la couleur du  blanc R=G=B=255, c'est-à-dire ses trois composantes colorimétriques absolues (XYZ ou Lab), qui fixent ces quantités unitaires. Ainsi, pour calculer les coordonnées absolues d'une couleur définie par trois nombres RGB, il FAUT connaitre les coordonnées absolues de chacune des trois primaires de l'espace de travail de référence ET celles de son blanc.

Le détail du calcul des nombres RGB se trouve dans tous les bouquins de colorimétrie, mais bon... s'il est intéressant de comprendre l'articulation ci-dessus, cela n'a guère d'intérêt pratique pour un photographe ou un graphiste d'en connaitre les détails, sauf bien sûr s'il travaille pour Datacolor, X-Rite ou Adobe, ce qui arrive à certains...
bleutchekov

Apo2935

Merci pour vos explications Mr Delmas

Quelle différences (en visuel) y a-t-il en un Blanc D50 et D65 ?

(l'un est-t-il plus R, ou G, ou B que l'autre, etc ... )

C'est peut être une question complètement stupide (je suis expert dans le genre), alors dites le moi gentiment si c'est le cas ;-)

Encore merci
Port Garrec - Finistère Sud

Jean Delmas

 [at] Apo2935

Votre question n'est absolument pas stupide. Elle est même carrément intéressante et souvent mal comprise.

Comme souvent, la gestion des couleurs (plus que sa sérieuse voisine la colorimétrie...) a pondu un vocabulaire supposé simplificateur qui a pour premier effet de dérouter l'amateur. Dans ce domaine, il est tout de même assez incroyable qu'on ait trouvé malin d'appeler « Point blanc » la COULEUR du blanc d'un écran et « Point noir » la LUMINANCE de son noir (et non sa couleur).

Mais je reviens à votre question. Le seul blanc qui soit théoriquement blanc, c'est-à-dire, comme Newton l'avait déjà compris, composé additivement « à égalité » de toutes les couleurs pures perceptibles par la vision (l'arc en ciel...), est la couleur de l'illuminant appelé E ou équi-énergétique. C'est la couleur qui à des coordonnées égales dans les diagrammes de chromaticité rg et xy (r=g=b= 1/3 et x=y=z=1/3). Jamais personne n'a pu hélas voir ce blanc car il n'est physiquement pas réalisable, mais il existe tout de même un blanc standardisé par la CIE qui en est proche sur le diagramme de chromaticité, c'est l'illuminant D55 (c'est l'une des raisons pour lesquelles il n'est pas mauvais de régler le blanc de son écran sur D55 ou 5500 K...)

En fait, les « blancs » que nous connaissons sous les désignations standardisées de DXX ne sont pas  blancs mais suivent à peu près l'évolution de la couleur de l'éclairage solaire selon l'heure de la journée ou l'état de l'atmosphère (nuages ou pas...).

Regardez le graphique ci-dessous. J'y ai porté la courbe qui est approximativement celle de la couleur du soleil et les gros points rouges qui situent les couleurs des illuminants standardisés par la CIE. On y voit que la courbe des couleurs du soleil (c'est-à-dire des couleurs de ce que les physiciens appellent un « corps noir ») ne passe JAMAIS par le blanc théorique E (l'éclairage solaire n'est donc jamais neutre) et que l'illuminant standardisé D65 est « plus bleu » que D50, lequel est « plus jaune » que D65.

Attention tout de même à mon dessin. Le fonds coloré n'est que très vaguement indicatif car il n'existe aucun moyen de reproduire convenablement ces couleurs sur un écran ou sur du papier... J'ai eu d'ailleurs un prof qui collait un zéro à tout élève qui, comme moi aujourd'hui, avait le culot de colorier le diagramme de chromaticité...

Maintenant, pourquoi la gestion des couleurs appelle-t-elle « blanc » ces couleurs ? Car, au fond, on pourrait appeler D50 « canari » et D65 « pervenche ». Eh bien c'est à cause d'une propriété extraordinaire de la perception visuelle qui fait que, quand nous sommes environnés par un illuminant légèrement coloré, comme l'est le bleuté D65, c'est CETTE COULEUR LA que notre système cognitif trouve BLANC (neutre, achromatique, sans teinte...).

Cette affaire d'adaptation chromatique de notre perception visuelle induit beaucoup de ramifications très importantes pour les photographes et les graphistes. C'est, par exemple, à cause d'elle que l'on peut (et même que l'on doit) régler nos écrans sur des « blancs » qui ne sont pas neutres. Et, à contrario, c'est à cause du fait qu'il n'y a pas d'adaptation chromatique dans un objectif ou un capteur d'APN que l'on doit faire subir une balance des blancs à nos photographies...
bleutchekov

Apo2935

Merci infiniment Mr Delmas, vous venez de répondre à toutes mes interrogations.
Port Garrec - Finistère Sud

THG

Citation de: Jean Delmas le Avril 16, 2015, 18:48:07
Bonjour aApo2935.

Je ne dirais pas que LR « affiche en Adobe RGB » ni même que c'est le bordel, car, sur ce plan, les autres logiciels de développement RAW opèrent de la même manière ou à peu près de la même manière.

Comme toute application gérant les couleurs, l'espace dans lequel LR affiche les images est, tout simplement, le profil d'affichage. C'est-à-dire qu'avant d'afficher une image, LR la convertit dans le profil d'affichage, ceci quel que soit son espace de définition.

C'est ce que fait LR pendant le développement d'une image. L'image est définie dans l'espace interne de LR (primaires de ProPhoto RGB...) et convertie dans le profil d'affichage avant d'être affichée.

C'est aussi ce que LR fait pour les APERÇUS affichés par les autres modules. Il les définit dans Adobe RGB (1998) puis, pour les afficher, il les convertit dans le profil d'affichage. Pour diminuer le volume des aperçus, LR les compresse sous forme de JPEG. Mais comme le standard JPEG n'est pas compatible avec une résolution tonale de 16 bits, LR ne peut pas les définir dans un espace à large gamut comme ProPhoto RGB. Adobe a donc opté pour « le plus grand des espaces classiques utilisables en 8 bits » c'est-à-dire Adobe RGB (1998)...

Dans le module Impression, c'est bien entendu seulement l'aperçu qui est défini dans Adobe RGB (1998) et non l'image imprimée. Cet aperçu est, comme les autres images, converti par LR dans le profil d'affichage avant d'être affiché. Mais c'est évidemment l'image d'origine, c'est-à-dire l'image définie dans l'espace à large gamut interne de LR qui est imprimée, c'est-à-dire qui est convertie dans le profil d'impression avant d'être envoyée à l'imprimante.

De même, quand on observe l'aperçu Adobe RGB (1998) d'une image dans le module Bibliothèque et qu'on en demande l'exportation vers un espace de sortie quelconque, par exemple ProPhoto RGB, c'est l'image d'origine, et non son aperçu, qui est convertie dans cet espace...  


Bonjour Jean,

Et je précise aussi que, à la base, Lightroom utilise deux circuits d'affichage séparés : l'un pour le module Bibliothèque, l'autre pour le module Développement.

Et outre l'espace interne Melissa/ProPhoto, il me semble que l'espace interne utilisé par les vignettes est effectivement Adobe RVB.

Jean Delmas

Salut Théophile,

Tu as raison Gilles, les vignettes, comme les aperçus de grand format, sont des JPEG définis sur 8 bits dans Adobe RGB (1998). Amitiés et à bientôt quelque part...
bleutchekov

MBe

Bonsoir M Delmas,

A propos de ce diagramme de chromaticité xy et de la courbe du corps noir, je m'interroge :

Le point noté « infini » correspond à quoi physiquement ? (la « limite de TC d'un corps noir ?, un point "blanc" que la vision humaine ne sait pas prendre comme référence de "blanc"?)
Les illuminants D65, D55, D50 passe un tout petit peu au dessus de la courbe du corps noir et décrivent une parabole,leur détermination a été faite mathématiquement ou par l'observation (mélange de 3 primaires et égalisation) ?

Vous indiquez en parlant du point E : "Jamais personne n'a pu hélas voir ce blanc car il n'est physiquement pas réalisable", j'ai compris que les couleurs dans ce diagramme xy étaient réelles , en synthèse additive, pourquoi n'est il pas réalisable? est-ce qu'il y a d'autres points comparables à l'intérieur de ce diagramme?

Merci.

Jean Delmas

Bonjour à tous et à toutes.

Bonjour MBe,

Voici donc un peu de punition (à la radio, on dit un tunnel) colorimétrique.

Le point noté « Infini » à l'extrémité de la courbe des couleurs du corps noir représente le rayonnement d'icelui (sa couleur) à une température tendant vers l'infini (c'est ce que donne la formule de Planck pour T=infini).

Les illuminants DXX ont été standardisés par la CIE au croisement des courbes isothermes T=XX00 et de la courbe solaire réelle obtenue par des mesures de l'éclairage solaire naturel à la surface terrestre (un peu différente du corps noir). Ces points solaires se trouvent sur une courbe dont on a donné une équation très simple (un polynome du second degré, en effet genre parabole) mais qui est un simple lissage empirique des mesures et non une loi physique...

Le modèle trichromatique RGB/XYZ de la CIE traduit, en substance, le fait que toute « couleur » (toute couleur de rayonnement lumineux) peut être IMITEE pour la perception visuelle par le mélange de trois rayonnements RGB convenablement dosés. Le verbe IMITER est ici fondamental car il permet de comprendre que le mélange R+G+B ne reproduit absolument pas le rayonnement lumineux d'origine mais se contente, ce qui est déjà beaucoup, de l'IMITER pour notre perception, c'est-à-dire qu'un observateur humain normal ne perçoit aucune différence entre le rayonnement d'origine et le rayonnement RGB qui l'IMITE (on dit « qui l'égalise »). Physiquement, les « couleurs » des deux rayonnements, c'est-à-dire les distributions spectrales des deux rayonnements (le rayonnement d'origine et le mélange RGB) sont tout à fait différentes.

Donc, personne n'a jamais pu percevoir le rayonnement équi-énergétique E formé du mélange d'une multitude de rayonnements de toutes les couleurs monochromatiques du spectre visible, car ce rayonnement est impossible à produire. En revanche, on peut parfaitement percevoir un rayonnement R+G+B qui l'IMITE et que l'on peut facilement produire en connaissant les coordonnées xy du point E sur le diagramme de chromaticité (et dont D55 est une bonne approximation).

Mais, si personne n'a jamais produit le rayonnement équi-énergétique, comment a-t-on pu trouver les coordonnées de son imitation E sur le diagramme ? C'est très simple. Une fois obtenues les coordonnées de tous les rayonnements monochromatiques visibles sur le diagramme (le contour en fer à cheval) à partir d'expériences d'égalisation menées avec des cobayes, il est « facile » de calculer les coordonnées xy de n'importe quel rayonnement dont on connait la distribution spectrale. Or la distribution spectrale de E est très simple à établir, c'est une droite horizontale (énergie constante quelle que soit la longueur d'onde). Ensuite, mais ça, c'est plus compliqué, on s'est débrouillé en construisant le diagramme de chromaticité pour que le point qui imite E ait pour coordonnées x=y=z ce qui implique x=y=z 1/3 car, par définition, x+y+z=1...

Courage
bleutchekov

Fabricius

Ouf ! J'ai l'impression en effet d'être rentré dans un tunel, heureusement que l'on peut faire de bonnes photos (et de moins bonnes) sans savoir tout ça.
Merci à Jean pour pour ces explications, celle sur le point blanc est ... lumineuse.

MBe

Citation de: Jean Delmas le Avril 18, 2015, 13:17:33
Bonjour à tous et à toutes.

Bonjour MBe,

Voici donc un peu de punition (à la radio, on dit un tunnel) colorimétrique.

Le point noté « Infini » à l'extrémité de la courbe des couleurs du corps noir représente le rayonnement d'icelui (sa couleur) à une température tendant vers l'infini (c'est ce que donne la formule de Planck pour T=infini).

Les illuminants DXX ont été standardisés par la CIE au croisement des courbes isothermes T=XX00 et de la courbe solaire réelle obtenue par des mesures de l'éclairage solaire naturel à la surface terrestre (un peu différente du corps noir). Ces points solaires se trouvent sur une courbe dont on a donné une équation très simple (un polynome du second degré, en effet genre parabole) mais qui est un simple lissage empirique des mesures et non une loi physique...

Le modèle trichromatique RGB/XYZ de la CIE traduit, en substance, le fait que toute « couleur » (toute couleur de rayonnement lumineux) peut être IMITEE pour la perception visuelle par le mélange de trois rayonnements RGB convenablement dosés. Le verbe IMITER est ici fondamental car il permet de comprendre que le mélange R+G+B ne reproduit absolument pas le rayonnement lumineux d'origine mais se contente, ce qui est déjà beaucoup, de l'IMITER pour notre perception, c'est-à-dire qu'un observateur humain normal ne perçoit aucune différence entre le rayonnement d'origine et le rayonnement RGB qui l'IMITE (on dit « qui l'égalise »). Physiquement, les « couleurs » des deux rayonnements, c'est-à-dire les distributions spectrales des deux rayonnements (le rayonnement d'origine et le mélange RGB) sont tout à fait différentes.

Donc, personne n'a jamais pu percevoir le rayonnement équi-énergétique E formé du mélange d'une multitude de rayonnements de toutes les couleurs monochromatiques du spectre visible, car ce rayonnement est impossible à produire. En revanche, on peut parfaitement percevoir un rayonnement R+G+B qui l'IMITE et que l'on peut facilement produire en connaissant les coordonnées xy du point E sur le diagramme de chromaticité (et dont D55 est une bonne approximation).

Mais, si personne n'a jamais produit le rayonnement équi-énergétique, comment a-t-on pu trouver les coordonnées de son imitation E sur le diagramme ? C'est très simple. Une fois obtenues les coordonnées de tous les rayonnements monochromatiques visibles sur le diagramme (le contour en fer à cheval) à partir d'expériences d'égalisation menées avec des cobayes, il est « facile » de calculer les coordonnées xy de n'importe quel rayonnement dont on connait la distribution spectrale. Or la distribution spectrale de E est très simple à établir, c'est une droite horizontale (énergie constante quelle que soit la longueur d'onde). Ensuite, mais ça, c'est plus compliqué, on s'est débrouillé en construisant le diagramme de chromaticité pour que le point qui imite E ait pour coordonnées x=y=z ce qui implique x=y=z 1/3 car, par définition, x+y+z=1...

Courage


Merci beaucoup pour ces explications, je vais les conserver...et prendre le temps de réviser la formule de Planck.
La science des couleurs réserve bien des surprises et pour les pionniers de celle ci, de nombreuses difficultés vaincues dont nous héritons.

Romug

Bonjour,

J'ai lu (presque) tout le fil, étant possesseur nouveau d'un beau CS240, associé à un Mac Mini.

Première impression, par rapport à l'écran brillant de l'Imac, c'est hyper confortable à regarder. En revanche, la luminosité par défaut à 100cd me parait un peu forte.

Questions: (sans doute bêtes)

1. Pour faire le calibrage, dois- je le faire quand la pièce est sombre? (Ma pièce ne peut pas être sombre dans la journée, uniquement le soir). J'ai une sonde Spyder 5

2. Une fois le profil établi, dois- je désactiver quelque paramètre dans le mac pour être sûr que le profil établi sera celui utilisé par défaut?

3. Euh... le pied, impossible de le régler en hauteur, faut- il y aller comme un bourrin?  ;)
Bonne journée.

MBe

Citation de: Romug le Août 22, 2015, 12:03:10
Bonjour,

J'ai lu (presque) tout le fil, étant possesseur nouveau d'un beau CS240, associé à un Mac Mini.

Première impression, par rapport à l'écran brillant de l'Imac, c'est hyper confortable à regarder. En revanche, la luminosité par défaut à 100cd me parait un peu forte.

Questions: (sans doute bêtes)

1. Pour faire le calibrage, dois- je le faire quand la pièce est sombre? (Ma pièce ne peut pas être sombre dans la journée, uniquement le soir). J'ai une sonde Spyder 5

2. Une fois le profil établi, dois- je désactiver quelque paramètre dans le mac pour être sûr que le profil établi sera celui utilisé par défaut?

3. Euh... le pied, impossible de le régler en hauteur, faut- il y aller comme un bourrin?  ;)
Bonne journée.

Bonjour,

Le CS 240 est un très bon choix.

Pour répondre à la question 1, il faut faire des essais itératifs pour trouver la luminance adaptée à son poste de travail,

La luminance conseillée se situe entre 80 et 100 cd/m², certain propose d'aller jusqu' a 115 cd/m² (probablement dans un environnement assez lumineux).

Comme je fais des impressions, la méthode que j'ai adoptée est la comparaison écran / tirage (avec la valeur moyenne de l'éclairage de mon poste de travail) et j'ai trouvé un compromis qui donne une bonne correspondance.

Si tu ne fais pas d'impression, le choix se fait uniquement par rapport à son environnement, en fonction de son appréciation personnelle, du confort de visualisation,  sur une valeur moyenne d'éclairage de la pièce ou l'écran est positionné. Les professionnels ont un poste de travail avec un éclairage en D50 ou D55.
Pour la question 2, normalement il n'y a rien à faire, mais comme je suis sous windows, je laisse les spécialistes Mac te répondre.

Pour le réglage du pied, normalement cela se fait en "douceur".

Alain c

Citation de: Romug le Août 22, 2015, 12:03:10
Bonjour,

J'ai lu (presque) tout le fil, étant possesseur nouveau d'un beau CS240, associé à un Mac Mini.

...
3. Euh... le pied, impossible de le régler en hauteur, faut- il y aller comme un bourrin?  ;)
Bonne journée.

Bonjour,

D'accord avec MBe pour les premières questions,  (si tu a lu tout le fil tu a pu noter les valeurs de calibrage des utilisateurs , dont moi.)

Pour le pied, je dois  forcer un peu pour le monter, et forcer encore plus pour le descendre, mais c'est du EIZO, c'est solide, et c'est pas tous les jours que tu va régler la hauteur de ton écran.  ;)
Matérialiser l'immatériel