Sept ans après sa fermeture, le toit de la Grande Arche rouvre ses terrasses aujourd’hui. L’intérêt photographique de cette information ? Eh bien, non seulement le lieu, juché à 110 m de hauteur, offre un point de vue exceptionnel sur le Grand Paris, mais il accueille désormais L’Arche du photojournalisme, un espace de 1200 m2 qui, tout au long de l’année, présentera au public les grandes signatures contemporaines de la photographie de reportage et d’actualité.
Le lieu est placé sous la direction artistique de Jean-François Leroy, co-fondateur de « Visa pour l’Image – Perpignan ». Un signal fort qui augure une programmation exigeante et pertinente, ce que confirme le premier accrochage. Celui-ci présente, en 150 photos et 6 vidéos, le travail de Stephanie Sinclair sur le mariage forcé d’enfants dans diverses régions du monde. La photographe américaine a véritablement pris conscience de cette pratique en 2003 alors qu’elle couvrait le conflit afghan. Une découverte brutale : certaines fillettes préféraient s’immoler plutôt que d’être mariées de force dès 9 ans à des hommes beaucoup plus âgés. L’ignominie n’ayant pas de frontières, elle a multiplié les reportages sur le sujet en Afghanistan, au Népal, en Éthiopie, en Inde, au Yémen ou au Guatemala. Ses huit années d’enquête, jalonnées par trois World Press Photo et trois Visa d’Or, ont conduit Stephanie Sinclair à s’engager clairement pour la cause en créant l’ONG qui donne son nom à l’exposition présentée à L’Arche du photojournalisme : « Too young to wed ».
« Photographiquement, c’est intelligent.
D’un point de vue journalistique, c’est passionnant. Humainement, c’est indispensable. »
Jean-François Leroy

Environs de Hajjah, Yémen.
« Dès que je le voyais, je courais me cacher. Je le détestais. » Tahani (en rose) se souvient des premiers temps de son mariage avec Majed. Elle avait alors 6 ans et lui 25. Elle en a 8 aujourd’hui, et elle est photographiée ici dans son village avec une autre petite mariée, Ghada, son ancienne camarade de classe.
© Stephanie Sinclair / Too Young to Wed

Inde du Nord.
Radha (15 ans), la veille de son mariage. Trois sœurs, Radha, Gora (13 ans) et Rajni (5 ans), ont été mariées à trois jeunes frères le jour d’Akshaya Tritiya, une importante fête hindoue.
© Stephanie Sinclair / Too Young to Wed