Pensée et conçue par Edward Steichen dans la foulée de la Seconde Guerre mondiale, l’exposition « The Family of Man » avait pour but de brosser un portrait de l’humanité en 503 photographies réalisées par 273 autrices et auteurs originaires de 68 pays. Considéré comme un classique du genre, cet accrochage a été vu par 10 millions de visiteurs et est inscrit depuis 2003 au registre de la Mémoire du Monde de l’UNESCO. Sans nier l’importance de « The Family of Man » dans l’histoire de la photographie, on est en droit de questionner la prétendue universalité de ce corpus d’images. C’est ce qu’a fait Maya Osaka en dressant un inventaire précis des images exposées. L’infographie qu’elle en a tiré montre que les trois-quarts des photos ont été prises en Amérique du Nord ou en Europe et que les contributions furent, dans une très large majorité, masculines (seulement 17% de femmes photographes). Un souci de représentativité pris en compte par Nick Shepard lorsqu’il a proposé à ses étudiants de l’université de Sacramento d’imaginer une version moderne « The Family of Man » en puisant parmi les images de Flickr en licence Creative Commons.

HENRI DAUMAN, 1933-2023 Né à Paris le 5 avril 1933, mort à New York le 13 septembre dernier, Henri Dauman a traversé les décennies et les océans en toute discrétion. En France, on n’a (re)découvert son œuvre qu’en 2014, à l’occasion d’une rétrospective au Palais d’Iéna. Sa carrière, le photographe l’a construite essentiellement aux États-Unis où il débarqua en 1950. Huit ans plus tard, il signait son premier photoreportage pour Life. Newsweek et le New York Times Magazine suivront, tous conquis par sa patte. En cinéphile averti, Dauman couvre les sujets d’actualité comme s’il les mettait lui-même en scène, usant de la contre-plongée, jouant avec les ombres, peaufinant son cadre, ce qui donne à ses images la force de symboles (sa photo de Jackie Kennedy sera d’ailleurs « empruntée » par Andy Warhol pour une de ses sérigraphies). La même modernité se ressent dans ses portraits des stars de l’époque, d’Elvis à Brigitte Bardot. Pour en apprendre plus sur la vie et l’œuvre de Henri Dauman, lisez cet article de Guénola Pellen. Pour l’entendre et le voir, regardez ce sujet du JT de France 2 ou les différentes vidéos compilées sur le site officiel du photographe. Un documentaire d’une heure et demie, Looking up, est aussi disponible sur Prime Video.
FAN DES SEVENTIES Exposées actuellement à la MEP, les œuvres de Rachel Fleminger Hudson convoquent l’esprit des années 70. Troublant quand on sait que la photographe et vidéaste britannique est née en 1997. Comment peut-on être nostalgique d’une décennie que l’on n’a pas vécue ? C’est autour de cette question, essentielle pour comprendre son travail, que tourne l’interview qu’a donnée Rachel Fleminger Hudson au Figaro : « En explorant les individus, la société et l’histoire des seventies, je cherche à partager l’expression d’une individualité, d’une classe sociale et d’une culture révolue. Je n’essaie surtout pas de dire : «C’était mieux avant.» Pour une discussion plus approfondie (mais en anglais), rendez-vous sur le site de la MEP.
DANS LES COULISSES DE MÉDIAPART
Photographe de métier passé par les rédactions de Libération ou des JoursSébastien Calvet est aujourd’hui responsable du département photo de Médiapart. Pour le chat de rentrée du site d’information, il a présenté quelques portfolios publiés par Médiapart ces derniers mois et répondu aux questions (très variées : de la technique aux problèmes éthiques, en passant par les nouveautés technologiques) des internautes concernant sa fonction et sa relation avec les photojournalistes. (vous pouvez sauter les huit premières minutes)
FAITES-VOUS FLASHER !
L’association Rétinostop organise les 27 et 28 septembre une opération de sensibilisation pour faire connaître le rétinoblastome au grand public et en favoriser un diagnostic précoce. Quel rapport avec la photo, nous direz-vous ? Eh bien, un moyen simple de détecter la leucocorie, un des symptômes de la maladie qui se manifeste par un reflet blanc dans la pupille, consiste à photographier le sujet au flash. Sur le parvis de la Défense seront donc installés le stand de l’association ainsi qu’un photomaton afin de tirer le portrait de celles et ceux qui veulent un premier diagnostic ou simplement en savoir plus sur cette tumeur intraoculaire.
L’EFFET BOOMERANG
On apprend beaucoup de choses en écoutant l’interview donnée par Sophie Calle à  « Affaires culturelles », notamment qu’elle a eu l’idée de sa série des repas chromatiques en lisant Léviathan de Paul Auster. Un retour à l’envoyeur puisque Paul Auster s’était lui-même inspiré de l’artiste française pour créer le personnage de Maria dans ce même roman.

EN BREF…

« Photographier, filmer, enregistrer ou raconter par écrit un acte militant ne peut pas être un délit. » Un rappel utile du SNJ suite à la mise en examen de Yoan Sthul-Jäger. • Karambolage a 20 ans : souriez pour la photo d’anniversaire ! • L’Ocean Photographer of the Year, dont nous vous présentions les finalistes la semaine dernière, a décerné son Grand Prix 2023 à une photo d’argonaute prise dans les eaux philippines par Jialing Cai. • Adepte de l’argentique (« car il impose de faire des choix »), Charlotte Gainsbourg commente quelques-unes des photos qu’elle a prises au 5 bis rue de Verneuil, la maison de son enfance devenue musée. • Photographie et écologie sont au programme de la dernière newsletter du Bottin, média artistico-responsable. • Ciel, des farfadets ! • Avis à nos lectrices : l’appel à candidatures concernant les bourses de création du festival « Les Femmes s’exposent » se termine bientôt. • On ne le répétera jamais assez : une photo ne justifie pas le dérangement d’un oiseau… en plus, ça peut coûter cher. • L’équipe de basket des Philippines n’a pas vraiment brillé durant « sa » coupe du monde, mais l’enthousiasme autour de ce sport est indéniable, comme le montre ce reportage d’Eloisa Lopez. • Il est révolu le temps où le calendrier Pirelli jouait la carte de la sexualisation à outrance. Dans l’édition 2024, supervisée par Prince Gyasi, on trouvera même… Marcel Dessailly !
MUSIQUE
Treize ans après sa sortie, « Photoshop handsome » n’a rien perdu de son impertinence visuelle, ni de sa pertinence thématique à l’heure où Adobe vante les mérites de Firefly, son module d’IA générative.

« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.