Parmi les rendez-vous proposés chaque année dans le cadre du Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre, il en est un dont on se passerait bien : le dévoilement de la stèle saluant la mémoire des journalistes de guerre disparus durant les douze mois écoulés. Aux 73 noms gravés cette année sur le Mémorial des reporters il faudra ajouter celui d’Antoni Lallican, photojournaliste tué vendredi dernier par un drone alors qu’il exerçait son métier dans le Donbass. Membre de l’agence Hans Lucas, Antoni Lallican diffusait ses reportages dans de nombreux titres de presse, dont Le Temps, Libération, Mediapart, Le Figaro et Le Monde. En 2022, dans le cadre de Solidays, il avait donné une interview où il racontait son métier de photographe de guerre, spécifiquement en Ukraine, et où il posait cette question toujours d’actualité : « Pourquoi, dans une société où l’image est centrale, notre profession se paupérise-t-elle ? » Vous pouvez retrouver les reportages d’Antoni Lallican sur son site personnel.

RENDEZ-VOUS AU SALON !

Pour préparer au mieux votre visite au Salon de la Photo (où Chasseur d’Images est de retour), écoutez cet épisode spécial de Faut pas pousser les ISO avec, en invité principal, Simon Edwards, directeur artistique de la manifestation depuis 2015. Le Salon se déroule du 9 au 12 octobre et est, plus que jamais, ouvert à toutes et tous puisqu’un espace d’exposition sera réservé aux malvoyants. Au cours du podcast est aussi évoquée l’étude de l’AFNUM (Alliance française des industries du numérique) sur la pratique photo en France. L’enquête, en libre accès, nous apprend notamment que la Génération Z plébiscite les appareils au design rétro et que 30% des pratiquants (tous âges confondus) sont favorables à une retouche systématique par IA.

LES EFFACÉES

De Diane Arbus à Antoine d’Agata en passant par Larry Clark, les photographes attirés par les marges sont légion. Donna Gottschalk, elle, les a photographiées de l’intérieur. À une époque où afficher son homosexualité vous menait tout droit en prison, la New-yorkaise a chroniqué le quotidien des lesbiennes avec lesquelles elle vivait et militait. Et parce que ces images faisaient courir des risques aux personnes photographiées, elle les a longtemps gardées pour elle. C’est la rencontre avec Hélène Giannecchini (et peut-être aussi le virage répressif pris par les États-Unis) qui a convaincu Donna Gottschalk de montrer enfin ce travail : dans une exposition présentée au BAL jusqu’au 16 novembre et dans un beau livre (Nous autres) paru à l’Atelier EXB. Pour bien en comprendre les enjeux, on vous conseille l’écoute de l’émission « Le cours de l’histoire » du 26 septembre dernier, où Hélène Giannecchini était invitée.

PHO•pho•phoTUS !

Sur le principe de feu Motus, saurez-vous trouver ce mot de cinq lettres en lien avec la photographie ?

En bref et en vrac...

Spot a convié autour de sa table l’acteur Alexandre Desane (qui incarne Frantz Fanon actuellement au cinéma) et Thierry Maignan, infirmier en psychiatrie. Deux personnalités qui ont en commun de pratiquer la photo assidûment, mais qui ont surtout beaucoup de choses intéressantes à dire.
« Invitation au voyage » fait une halte en Papouasie Nouvelle-Guinée, pays où, en 1970, Irving Penn se rendit pour photographier « les peuples non perturbés » à l’aide de son studio mobile.
La station Pannenhuis (Bruxelles) est prisée des photographes : on la retrouve en couverture du dernier numéro de Chasseur d’Images mais aussi dans le palmarès 2025 des Analog Sparks Awards.
Invité d’honneur du Festival photo de Saint-Benoit (près de Poitiers), Reza donnera ce vendredi une conférence autour de son exposition « La nature de l’Homme ». Faute de pouvoir y assister, vous pouvez écouter les épisodes de « 101 Visages », podcast dans lequel le photographe raconte ses clichés les plus emblématiques.
Le diaporama mis en ligne par The Guardian en hommage à Jane Goodall nous apprend que la primatologue fut mariée durant dix ans au photographe naturaliste Hugo van Lawick.
Empathie et discrétion sont les maîtres mots quand on est photographe de plateau. Nouvelle preuve avec Enda Bowe qui raconte son expérience sur les tournages de la série Normal People et du film Small things like these.
Qui a dit que le roman-photo était une forme désuète ? Pas nous (cf. le Défi de CI n°470). Pas Michel Poivert non plus.
France 3 Normandie a profité du festival international de cerfs-volants de Dieppes pour interroger Pierre Lesage, un adepte de l’aérophotographie.
La Jamaïque avait ses Rasta Rocketts, le Kenya a ses Ice Lions, une équipe de hockey sur glace qu’a suivie Khadija M. Farah.
Quel impact des coupes budgétaires sur l’édition photographique ? Ericka Weidmann a mené l’enquête.
Avis aux ornithophiles : la livraison annuelle des Audubon Photography Awards est servie (pour les insatiables, il y a même un Top 100).

verbatim

Nous avons créé un nouveau genre photographique : le photojournalisme animalier. Le photojournalisme traditionnel se concentre sur la condition humaine, tandis que la photographie animalière s’intéresse aux animaux sauvages et aux espèces que nous souhaitons étudier et protéger. Mais ces genres excluent la plupart des animaux que les humains utilisent quotidiennement, ceux qui vivent dans les fermes, les laboratoires, les zoos, les aquariums, ceux utilisés pour le divertissement et ceux utilisés pour le travail. Le photojournalisme animalier comble cette lacune.

Jo-Anne MCARTHUR

Je ne suis pas sûr d’avoir un style. De vous à moi, je suis parfois étonné de ne pas reconnaître mes images. Peut-être parce que je m’efface derrière les sujets que je photographie. L’intention que je poursuis consiste à capter la spécificité des personnes que j’ai en face de moi à travers des signes imperceptibles, une allure, un geste, une expression. Je cherche la rencontre plus qu’à affirmer une patte.

Gilles BENSIMON

la petite musique de fin

Blanca, le dernier album en date de Julia Eckhardt, doit son nom à la petite ville espagnole où l’artiste belge a effectué une résidence en novembre 2022. Pour créer, la musicienne s’appuyait sur un protocole précis : chaque jour, elle partait dans la campagne murcienne et revenait de sa promenade avec un échantillon sonore et une photographie ; elle s’inspirait ensuite de cette matière pour composer des pièces au violon. La vidéo ci-contre donne à entendre trois extraits de l’album, accompagnés des photos qui les ont inspirés.

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