La 3e édition du Parlement de la photographie, qui se tiendra les 7 et 8 juin au Palais de Tokyo, promet des tables rondes et conférences passionnantes… auxquelles vous pourrez assister de façon virtuelle en vous inscrivant sur le site dédié à l’événement.
Émilie Brout et Maxime Marion ont érigé le photobombage, cette pratique consistant à s’incruster sur les photos des autres, au rang de performance artistique, s’invitant dans le cadrage photo de touristes en goguette puis traquant sur les réseaux sociaux les clichés en question. Le duo, qui a rassemblé ses exploits sur le site Ghosts of your souvenir, a répondu à quelques questions de Federica Chiocchetti. Une interview où ils nous apprennent qu’un tel projet serait aujourd’hui impossible : « [En 2014-2015], les outils offerts par les médias sociaux étaient alors plus ouverts, permettant par exemple de filtrer des images en fonction de coordonnées de géolocalisation extrêmement précises. »
« Je n’ai pas de proble?me avec l’agence Bestimage. Elle remplit les pages des magazines people et c’est tre?s bien comme c?a. La? ou? c?a devient proble?matique, c’est quand un pouvoir e?lu et re?publicain utilise ce service. » Confidences d’un vieux routard de la photo politique : Jean-Claude Coutausse.
Diffusée entre 1985 et 1991 sur ABC, A&E et Travel Channel, l’émission américaine « World of Photography » proposait chaque semaine pendant une demi-heure d’explorer un domaine de la prise de vue à travers le regard d’un ou d’une photographe (le portrait avec Annie Leibovitz, l’animalier avec Roy Morsh, le sport avec Audrey C. Tiernan, etc.). Une chaîne YouTube a été créée qui regroupe 200 vidéos issues de l’émission.
DANS LES ARCHIVES DE L’INA
Il n’est pas impossible qu’on ait déjà parlé ici d’Emilio Morenatti, mais la trajectoire de ce photojournaliste est telle qu’elle mérite qu’on y revienne. Au-delà de son talent, qui lui a valu maintes publications et récompenses (World Press Photo en 2008, Prix Lucas Dolega en 2012, Prix Pulitzer en 2021), c’est l’humilité et la capacité de rebond de l’Espagnol qui impressionnent. Kidnappé lors d’un reportage à Gaza en 2005, mutilé par une bombe en 2009 alors qu’il couvrait la guerre en Afghanistan, il a continué à faire son travail pour Associated Press tout en accordant plus d’attention à ses compagnons d’infortune, tous ces civils ou militaires que la guerre a physiquement cassés. Preuve en est ce récent reportage réalisé dans les hôpitaux de Lviv et Kiev. Preuve en est aussi cette vidéo postée sur le blog d’AP.
Parce qu’on maîtrise mal le sujet, on peine à mettre des mots sur l’effet que produisent sur nous les images venues de l’espace. Faute de mieux, on se limite à « c’est loin, mais c’est beau ». Heureusement qu’il existe des Bethany Downer, des Mahdi Zamani ou des Owen Higgins pour expliquer et faire vivre les photos rapportées par le télescope spatial Hubble.
Il y a 127 ans pile naissait Dorothea Lange, pionnière de la photographie documentaire connue pour son travail sur les conséquences de la Grande Dépression sur les populations vivant dans le sud des États-Unis. Sa photo la plus célèbre a inspiré au groupe de metal progressif Protest the Hero un morceau dans lequel le chanteur/narrateur se met dans la peau de Florence Owens Thompson, la fameuse « Migrant mother ».
Post-Scriptum

Selon que l’on habite de l’un ou l’autre côté de l’Atlantique, on percevra différemment le travail de Laurent Elie Badessi, photographe franco-américain qui dans cette série de 60 portraits explore, sans la juger, la fascination de la jeunesse états-unienne pour les armes à feu. Lointains cousins de B.J. Van Fleet, teenager posant avec sa carabine en 1982 devant l’objectif de Richard Avedon, Connor, Dylan ou Waverly brandissent, qui sa Winchester, qui son revolver, qui son pistolet à eau, le plus souvent en accompagnant ce geste d’un sourire… désarmant. En regard de chaque portrait, le jeune modèle est caractérisé par son âge, l’état où il réside et sa réponse à cette question: “Qu’est-ce qui te plaît dans les armes à feu?” Chasser, se protéger, parader arrivent en tête des arguments, mais certains disent aussi leur haine des armes. Un paradoxe qu’éclairent l’avant-propos du photographe et l’introduction de la sociologue Jennifer Carlson.
Laurent Élie Badessi – Age of Innocence. 144 p, 60 photos N&B, 24×23 cm, bilingue français/anglais, éd. Images Plurielles, 25 €.