Conceptualisé en 1993 par l’historienne des sciences Margaret W. Rossiter, l’effet Matilda désigne l’appropriation par des hommes d’un travail intellectuel effectué par leurs homologues femmes. À la vision du documentaire que Sigrid Faltin a consacré à Lucia Moholy, on peut affirmer que cette dernière en fut victime. Car avant d’être considérée comme LA photographe du Bauhaus, école et mouvement dont elle immortalisa les œuvres et l’essor dans les années 1920, Lucia Moholy dut se battre avec Walter Gropius pour récupérer ses négatifs. La légèreté (pour le dire gentiment) avec laquelle Gropius traita la photographe (utilisant ses images sans jamais la rémunérer ni même la créditer, puis refusant mordicus de lui restituer ses plaques de verre) en dit long sur son manque de considération pour celle dont les images lui permirent d’écrire sa légende.

NONA FAUSTINE, 1977-2025

L’exposition accrochée l’année dernière au Brooklyn Museum fut, on l’imagine, une forme d’accomplissement pour Nona Faustine, photographe new-yorkaise dont on a appris la disparition fin mars à l’âge de 48 ans. Dans ce musée, la diplômée de la School of Visual Arts présentait « White shoes », un ensemble d’images qui permet de mesurer la force de ses engagements. « White shoes » consiste en une série d’autoportraits réalisés entre 2013 et 2021 par Nona Faustine en divers lieux de New York dont on comprend qu’ils ont été le siège d’activités esclavagistes : une ancienne plantation sur l’île Shelter, un cimetière africain-américain enfoui à Central Park, un marché aux esclaves à Wall Street, etc. La photographe y pose altière, habillée ou partiellement nue, avec aux pieds seulement les chaussures blanches symbolisant la culture dominante. De quoi éveiller les consciences des spectateurs new-yorkais sur l’histoire de leur ville.
Pour en savoir plus sur le parcours de Nona Faustine et ses précédentes séries, on vous conseille cette longue interview donnée à Bomb Magazine en mars 2024.

DONNER DE LA VOIX POUR DONNER À VOIR

Diapoké, quésaco ? Derrière ce mot-valise, contraction de diaporama et de karaoké, se cache une communauté de photographes-chanteurs qui, lors de soirées ouvertes au public, présentent leurs images personnelles tout en fredonnant des classiques du répertoire de la chanson française. Cette vidéo captée en juillet dernier à Chalon-sur-Saône, où l’on voit Jean-François Dalle-Rive interprété Michel Delpech, vous donne une idée du spectacle proposé. Si l’extrait a piqué votre curiosité et que vous résidez près de Bordeaux, sachez qu’une soirée événement est prévue ce jeudi 10 avril à partir de 19h à l’Espace Saint-Rémi. Cette soirée est proposée dans le cadre des Itinéraires des photographes voyageurs, festival accueillant jusqu’au 27 avril treize expositions sur huit sites bordelais.

PHO•pho•phoTUS !

Sur le principe de feu Motus, saurez-vous trouver ce mot de cinq lettres en lien avec la photographie ?

EN BREF ET EN VRAC...

Reconnu comme l’un des maîtres de la photographie animalière, Jim Brandenburg est mort à l’âge de 79 ans. Le Minnesota Star Tribune a honoré sa mémoire, tout comme le Festival de Montier-en-Der, où il montra ses images à quatre reprises. Dans cette interview donnée en 2012 au Journal de la Haute-Marne, l’Américain évoque l’un des sujets de sa vie : le loup. Pour voir ou revoir ses photos, c’est ici que ça se passe.
Un piège photo vieux de 50 ans vient d’être retrouvé dans le loch Ness… et pas la moindre trace de Nessie sur le film.
Aux quatre coins du monde, la fête de l’Aïd el-Fitr (marquant la rupture du jeûne du mois de ramadan) vue par les photographes de National Geographic.
« This is one of the worst photography products I’ve ever used. And yet, I have a weird affinity for it. » DPreview a testé la Hello Kitty Toy Camera.
Des London Cowboys à Lone Justice, Rémi Boissau raconte ses années 80 dans les salles de concert parisiennes.
Regardez qui s’est invité sur la photo de Preston et Belle.
Au musée de Fourvière, à Lyon, Ferrante Ferranti compose une ode à la spirtualité avec son exposition « Voyage chez les croyants du monde ».
Les personnages de Disney, Marvel et Pixar inspirent à Laleh Mohmedi des compositions culinaires qui peuvent vous fournir quelques idées pour notre prochain Défi « Tous à table ! »
Sans grande surprise, c’est un renard urbain qui remporte le Grand Prix des British Wildlife Photography Awards.
Étonnant reportage de Ramesh Satish Babu sur l’évolution des mentalités en Inde où, de plus en plus souvent, des éléphants mécanisés sont utilisés lors des cérémonies.
Une photo a changé le cours de votre vie ? Envoyez-votre témoignage au Monde..
Parallèlement à son palmarès des produits photo de l’année, le TIPA décerne un prix, le « camerAmore », à la meilleure image mettant en scène les équipements photo et leurs utilisateurs. Et les lauréats 2025 se nomment Vurzie Kim, Tinna Björk Indigodóttir et Paula Brown.

J’ai toujours trouvé que [l]es images [traitant le thème de l’Incompiuto], malgré leur puissance, étaient souvent très « criantes », probablement à juste titre. Ce que j’ai tenté de faire, en revanche, c’est de créer des images “déspectacularisées”, avec le moins d’éléments de distraction possible pour le spectateur. L’objectif est d’inviter à contempler ces structures, qui apparaissent comme des points d’interrogation dans le paysage. Concrètement, avec mes images, j’essaie de restituer l’état d’esprit qui a animé le moment de la prise de vue : un mélange d’étonnement et d’interrogation face à cette aberration.

ROBERTO GIANGRANDE

J’ai emprunté un livre qui décrit toutes les erreurs qui peuvent se produire durant la prise de vue et lors de la gestion des pellicules. C’est un vieux livre destiné aux photo-clubs dans le but de faire la photo parfaite. Pour moi, c’est presque une bible. J’essaie de comprendre chaque erreur car elles peuvent m’aider à développer un projet, sublimer mon propos.

ANNA KATHARINA SCHEIDEGGER

la petite Musique de fin

Jusqu’au 1er juin, le Quai de la Photo (Paris 13e) accueille « Un autre Mali dans un autre monde », une exposition initiée par Françoise Huguier où sont présentés, entre autres, des tirages inédits de Malick Sidibé. En 2005, le maître avait réalisé le portrait d’Amadou et Mariam illustrant le coffret de leurs jeunes années maliennes. Pour honorer la mémoire d’Amadou Bagayoko, réécoutons « Mougnou koro », chanson issue dudit coffret dont la traduction littérale – « La patience est un chemin d’or » – parlera aux photographes.

« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile
à travers quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.