Les anglophones l’appellent “Long-tailed widowbird”, littéralement, “l’oiseau veuve à longue queue”. Ce qui convient mieux à son genre de beauté romantique que son nom français d’euplecte à longue queue, dérivé de son appellation scientifique : euplectes progne.
Ce petit passereau endémique de la partie est de l’Afrique du Sud, où il vit essentiellement sur les hauts-plateaux, est l’une des merveilles les plus élégantes que la nature ait jamais façonnées. Lorsque vient l’été austral, et l’heure de la nidification, le mâle mue: à la place de son plumage chamarré tirant sur le brun, il revêt une livrée d’un noir d’encre, seu­lement rehaussée par des épaulettes rouges et blanches.
Mais c’est la croissance des plumes de sa queue qui fait de lui une star. Alors que l’oiseau mesure entre 15 et 20 cm en hiver, ses rectrices croissent en quelques jours pour atteindre, chez certains individus, 40 cm ! Le double de la longueur du corps. L’une des plus spectaculaires transformations saisonnières de tout le règne animal. Des scientifiques ont étudié cette étrange métamorphose, qui le handicape for­tement pour voler et fait de lui une proie beaucoup plus facile pour les prédateurs, au sol comme dans les airs. Un peu pervers, mais guidés par l’intérêt supérieur de la science, ils ont raccourci les rectrices de certains mâles et collé des prothèses pour rallonger celles d’autres mâles. Résultat sans équivoque : plus les plumes étaient longues, plus les mâles ont séduit de femelles. Si vous partez un jour à la rencontre de l’oiseau, inutile de vous lever à 4 heures du matin pour arriver à l’heure dorée.
L’euplecte est un lève-tard, il ne s’active que lorsque le soleil est déjà très haut dans le ciel, c’est-à-dire après 7 heures. De quoi ravir ceux qui considèrent que le réveil en pleine nuit est une nuisance en safari. Personnellement, j’y vois plutôt un inconvénient : on ne photographie l’oiseau-veuve que sous la chaleur la plus intense. Crème, chapeau et lunettes noires de rigueur. Repérer les mâles est assez facile. Toute la journée, ils alternent des vols courts, généralement pas plus d’une centaine de mètres en ligne droite, et des périodes de repos perchés sur des herbes hautes ou des buissons. Le problème, pour la photo, est plutôt l’approche.
L’euplecte est petit, et surtout craintif. Il s’éloigne dès que vous vous approchez, que ce soit à pied ou en voiture. La solution consiste donc à sortir les jumelles et, avant d’attaquer la séance photo, à prendre le temps de l’observation. Lorsque vous avez repéré un perchoir, il faut attendre que l’oiseau s’en éloigne. Puis venir garer le véhicule à une dizaine de mètres, couper le moteur, caler le téléobjectif et… espérer.
Tôt ou tard, il repassera par là… Canon EOS 5D Mark II, EF 100-400 mm, f/4,5-5,6 L IS USM, à 360 mm, f/6,3 1/2000 s, 640 ISO http://chrisjek.photodeck.com

Ca se passe en pages 6 et 7 de Nat’Images n°44 : sur papier couché, c’est encore plus beau.Chaque année, le Festival Photo de La Gacilly passe commande de reportages sur sa région à des photographes de renom. Cette année, Emanuele Scorcelletti et Emmanuel Berthier ont travaillé sur deux thèmes distincts: la tradition équestre pour le premier et la vie des marais de Glénac pour le second.

Ce travail donne lieu à deux magnifiques expos, qui seront visibles à La Gacilly durant tout l’été (jusqu’au 30 septembre) et que nous vous recommandons vivement de visiter. Mais les rédactions de Chasseur d’Images ont aussi rendu hommage à ces auteurs en leur réservant un portfolio.
Dans Nat’Images, c’est Emmanuel Berthier qui est à l’honneur avec son reportage sur le réveil des marais. Savourez…

• Expos, concours, stages
Tous les stages, concours et expos dédiés à la photo-nature

• Almanach
Un été dans le Roussillon
Cinq sujets de saison par Jean-Yves Bartrolich.

• Livre du mois : Basses vallées angevines
Louis-Marie Préau présente son nouveau livre, réalisé en collaboration avec Francis Cauet.

• Portfolio
Glénac, le réveil des marais
Fruit d’une commande du Fesival photo de La Gacilly, le reportage d’Emmanuel Berthier nous invite dans la brume du “Mortier”.

• Challenge 366
C’est un sacré défi que s’est lancé Fabien Dubessy : réaliser quotidiennement une bonne photo nature pendant les 366 jours de 2016. Une réussite totale.

• Voyage en terre d’Irlande
Le vert des prairies, le fauve de la tourbe, les lumières changeantes… l’Irlande avait tout pour séduire l’expert paysagiste qu’est Emmanuel Boitier.

• 20 000 yeux sous les mers
“On sait qu’on ne deviendra pas riche mais c’est une vie formidable.” Ainsi parle Greg Lecœur, photogra-phe sous-marin dont la cote ne cesse de monter…

• De battre leurs ailes ne s’arrêtent pas
Les colibris n’ont pas de secret pour Maxime Aliaga qui les photographie régulièrement dans leur habitat naturel : les forêts tropicales humides.

• L’envahisseur qui venait du chaud
L’élanion blanc s’est invité depuis quelques années dans la plaine d’Ariège. Au grand plaisir de Gregory Odemer qui y a élu domicile en 2012.

• Rollier d’Europe
Un exceptionnel travail de suivi photo et vidéo

• Art flamant
En peintre de la nature, Thierry Vezon profite de chaque saison pour mettre en valeur un sujet de choix de l’avifaune camarguaise : le flamant rose.

• L’amour du Rift
Autre région, autre peintre. Benoît Féron a rapporté de ses survols au-dessus de la vallée du Rift une série de tableaux abstraits et colorés.

• Le petit peuple de la rosée
Collemboles et cicadelles s’offrent à l’objectif matinal de Jean-Pierre Bertrand.

• Le vol relatif de l’agrion
Sans recourir à du matériel de pointe, Alain Rogati est parvenu à saisir l’agrion en vol. Il nous explique comment il a procédé…

• Décodage : Le ballet des tircis
Mais à quelle drôle de danse les tircis s’adonnent-il ? Ghislain Simard nous apporte son éclairage.

• Stages photo : testés et approuvés
Avec plusieurs stages et voyages photo à leur actif, Sylvie Royer et Sigrid Laroubine sont bien placées pour vous aider à éviter les pièges.

• Techno-pôle: Creuser une mare dans son jardin
Aménager une mare chez soi, c’est s’assurer la présence de multiples insectes et oiseaux toute l’année. Conseils et images à l’appui, Gabrielle et Patrick Ledoux livrent leur expérience.

• Carnet de terrain : le Hérisson, serial piqueur
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Erinaceus europaeus sans jamais oser le demander. Par Stéphane Hette et par Marcello Pettineo.

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