Il ne vous reste que quelques jours pour visionner, sur le site de France TV, Le Sommet des Dieux, long-métrage d’animation adapté du manga de Jirō Taniguchi (lui-même inspiré d’un roman de Baku Yumemakura). L’intrigue tourne autour d’un mystérieux appareil photo, un Kodak Vest Pocket ayant possiblement appartenu à George Mallory, alpiniste britannique mort sur l’Everest en 1924 et dont on n’a jamais su s’il avait ou non grimpé au sommet (ce qui ferait de lui le premier à avoir accompli cet exploit). Retrouver son appareil photo et développer le film qu’il renferme, c’est avoir, peut-être, le fin mot de l’histoire…
Ne lisez pas ce qui suit si vous ne voulez pas vous gâcher le visionnage.
[Le personnage de George Mallory a réellement existé et il a connu la mort lors de son ascension de l’Everest en 1924. Il avait sur lui un appareil photo, mais celui-ci n’a pas été retrouvé lors de la découverte de son corps en 1999.]

ROGER KASPARIAN, 1938-2024
Parti en reportage en Arménie avec sa fille Lydia et son petit-fils Norvan, Roger Kasparian a été emporté par un virus à l’âge de 86 ans. Durant les années 60, ce photographe aussi discret qu’opiniâtre avait côtoyé la fine fleur des musiciens américains, britanniques et français, de Roger Daltrey à Françoise Hardy en passant par Nina Simone, mais il avait dû attendre le début des années 2010 pour connaître un embryon de succès. On vous invite à (re)lire cette interview de 2013 où l’on apprend, entre autres, que Kasparian a initié Eric Burdon des Animals à la photographie (« Il venait de s’acheter un appareil et ne savait pas s’en servir »), qu’il ne se mêlait pas à la clique des photographes de Salut les Copains et que son cliché le plus vendu (Romy Schneider et Alain Delon à l’hôpital) doit absolument tout au hasard.
PORTRAIT DE LETIZIA BATTAGLIA EN CITOYENNE ENGAGÉE
« Insolente, très sensible, bonne vivante, pleine d’humour, sensuelle, militante, généreuse, extrêmement courageuse, engagée et libre. » La litanie des qualificatifs qui ouvrent l’émission « Toute une vie » du 3 février dernier dresse le portrait d’une photojournaliste italienne qui aura passé une grande partie de sa vie à témoigner des crimes de la mafia : Letizia Battaglia. Elle a vu la mort de près et souvent, mais à la différence d’un photographe de guerre qui peut vivre sa vie normalement quand il revient chez lui, il n’y a pas de répit quand on travaille dans une ville, Palerme en l’occurrence, où la guerre est permanente. Articulé autour des témoignages de celles et ceux qui l’ont connue, le documentaire montre aussi Letizia Battaglia en citoyenne impliquée, loin du socialisme romantique, au plus près des gens et de leurs problèmes.
ET PENDANT CE TEMPS, RAYMOND DEPARDON…
• …fait don de trois séries (« Rural », « Son œil dans ma main » et « Communes ») au musée Fabre de Montpellier.
• …pose son regard de fils de fermier et de documentariste sur la contestation paysanne dans Le Un Hebdo.
• …commente l’exposition « Weegee, autopsie du spectacle », actuellement présentée à la Fondation HCB.
• …voit quelques-unes de ses photos pour Libération rejoindre les Archives nationales.
• …prépare ses valises pour Barcelone, où il recevra début mai, avec Claudine Nougaret, un prix couronnant leur œuvre commune.
AUTOPORTRAITS ANIMALIERS
Visible pour quelques jours encore au Musée des Beaux-Arts du Locle (Suisse), l’exposition « Instinct animal » présente des œuvres photo et vidéo explorant l’instinct inné qui guide les actions des êtres vivants. L’accrochage n’a pas reçu que des louanges, mais il a le mérite, entre autres, d’interroger le rapport des animaux aux images, notamment à travers le travail d’Emilio Vavarella. Depuis l’affaire Naruto, d’aucuns se demandent si les animaux qui s’emparent des pièges photo laissés dans la nature ont conscience de leur propre image. François Saltiel rebondit d’ailleurs sur cette question avec sa récente chronique « Pourquoi les rats adorent se prendre en selfie ? » Sur le même thème, on peut aussi revoir le numéro du Dessous des Images sur une série d' »autoportraits » réalisés par un ours brun dans le parc de Boulder (Colorado). Alors, les ours sont-ils adeptes du photomaton ? Non, sauf dans les dessins animés !
EN BREF
• En cette journée mondiale du scoutisme, prenez quelques minutes pour regarder le reportage réalisé par Olivier Ouadah sur les scouts et guides de France.
• Témoin du quotidien des paysans et pêcheurs de Martinique, Arlette Rosa-Lameynardie s’est éteinte à l’âge de 93 ans.
• La Maison du Souvenir de Maillé, village d’Indre-et-Loire décimé durant l’occupation nazie, est à la recherche de tout document pouvant apporter un éclairage sur la vie à Maillé, avant, pendant et après le massacre du 25 août 1944.
• Depuis ses débuts, Alison Bounce est dans le partage. Cette spécialiste du portrait subaquatique a consacré un livre au sujet et forme régulièrement ses pairs à cette pratique. Selon elle, les photographes proposant cette prestation seraient aujourd’hui plus d’une centaine en France.
• Du haut de ses 29 ans, Charlotte Bernard fait revivre une période qu’elle n’a jamais connue : les années 70.
• Êtes-vous du genre à faire pause quand, dans un film, un personnage brandit un appareil photo ? Jason Kummerfeldt aussi, et il en a même fait une vidéo.
• Thierry Chocard a un voisin conciliant qui lui permet d’afficher tous les mois depuis sept ans une nouvelle photo sur la porte de son garage. Au grand plaisir des cyclistes et automobilistes qui empruntent la route reliant Vence et Saint-Jeannet.
• Depuis le 11 mai 2023, les mairies françaises ont l’obligation d’afficher en leur sein le portrait présidentiel. Faut-il y voir l’inscription dans les textes d’un usage déjà bien ancré ou alors un abus de pouvoir ? Éléments de réponse avec la pastille « Le pourquoi du comment ».
• Éric Bouvet aime tout… enfin surtout le chiffre deux !
MUSIQUE
Message aux fans de musique indé/expé des années 1990 : Drag City Records est à la recherche de photos de Gastr Del Sol, groupe de Chicago fondé par Jim O’Rourke et David Grubbs qui a commis en sept années d’activité (1991-1998) quelques albums à la beauté étrange et sinueuse, comme ce Upgrade & Afterlife illustré par une œuvre de l’artiste suisse Roman Signer.
« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile en dix entrées et quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.