Chacun se souvient de la grande campagne photographique lancée dans les années 1930 par la Farm Security Administration afin de documenter les conséquences de la Grande Dépression sur la vie des Américains. Bien moins connu est « Documerica », projet lancé en 1970 par l’Agence environnementale américaine afin de rendre compte des problèmes écologiques touchant les États-Unis. L’initiative était en avance sur son temps et bénéficiait de moyens conséquents : une centaine de photographes impliqués (dont Arthur Tress, Boyd Norton ou Danny Lyon), quelque quatre vingt mille clichés réalisés… mais au final, pas un n’est passé à la postérité à la manière de la Migrant mother de Dorothea Lange ou du Fermier et ses fils d’Arthur Rothstein. Comme le montre Documerica, les images oubliées de l’Amérique, la qualité des photographies produites n’était pas en cause. Au pire peut-on leur reprocher d’avoir outrepasser la consigne de départ : faute de cadrage, ce qui devait être un vaste reportage environnemental s’est transformé en portrait géant de la société de consommation. Une dérive somme toute logique, car comme le dit l’un des intervenants, « le projet Documerica a mis en lumière que deux grands mythes nationaux, celui d’une nature sans limites et celui d’un progrès inébranlable, étaient en conflit l’un avec l’autre. »
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DANS LES FILETS D’ARDITUBE
PHO•pho•phoTUS !
Sur le principe de feu Motus, saurez-vous trouver ce mot de six lettres en lien avec la photographie ?
En bref et en vrac...
verbatim
L’horreur, on peut la décrire avec des mots. Mais en photo c’est plus compliqué, surtout si on veut la décrire avec la manière. Toute ma vie, je me suis censuré parce que c’était trop violent, trop dur, parce qu’on atteignait la dignité des gens aussi. Et aujourd’hui je le regrette, j’aurais dû faire ces photos quitte à les sortir deux ans, cinq ans, dix ans plus tard. Mais qu’il reste une trace…
La complexité de la photographie, c’est qu’elle est très plurielle : elle est à la fois un art, avec une conception esthétique très forte, mais aussi un procédé qui est rentré dans des sphères plus économiques. Donc elle est partout, et le risque d’être partout, c’est qu’elle ne soit plus visible là où elle est. Le but du bicentenaire est de regarder la photographie, de se demander ce qu’elle forme comme cadre sur le monde.
la petite musique de fin
Bouclons la boucle avec un extrait d’Ethel’s Documerica, spectacle multimédia conçu en 2013 par le quatuor à cordes Ethel et illustré par des séquences d’images extraites des archives Documerica. Une playlist intégrale est disponible ici.
« Clique Clac », c’est chaque jeudi le résumé d’une semaine sur la Toile
à travers quelques liens sélectionnés par la rédaction de Chasseur d’Images.
Clique Clac se met en pause pour quelques semaines.
Bel été et bonnes vacances si vous en prenez !