Pourquoi le Leica M9 est-il si cher?

Démarré par bourgroyal, Octobre 12, 2011, 12:44:19

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paname

J'ai bien noté que le titre de ce post est : pourquoi le Leica M9 est-il si cher ?

Et qu'il est bien connu que ce forum regroupe les spécialistes mondiaux en ingénierie industriel et en coût de production, il me semble logique de trouver, ici, une discussion entre amateurs éclairés qui cherchent à comprendre certaines choses.
Alors nous procédons par déduction, chacun amenant une petite contribution, quelques fois justes, certaines fois fausses.

Mais, nous avons, en commun, le plaisir d'apprendre des uns et des autres.
En tout cas moi, si vous avez des remarques sur les fils que j'ai ouvert, je suis preneur.

kochka

Il y a peut-être quelques unes qui ont touché au sujet, de près ou de loin, et qui commencent à avoir une idée des difficultés de calculer un coût  raisonnable, avec des hypothèses de répartition qui tiennent la route, sans être absolues.
Technophile Père Siffleur

Pascal Méheut

Citation de: paname le Décembre 19, 2011, 12:08:11
Sur le coût du Leica M8 ou M9, c'est claire que le prix est fixé en fonction dunpositionnement marketing et non du coût de production.
Il suffit de se souvenir de l'Epson RD1, son prix n'était pas si exorbitant, alors que la production devait être confidentielle.

Excellent celle là parce qu'effectivement, le RD-1 avait une base de boitier déjà nettement moins chère qu'un M, un capteur APS de grande diffusion et pas d'adaptation aux spécificité des optiques M.

Et il était vendu par une boite qui n'avait absolument pas besoin de faire un bénef dessus, comme opération de prestige (et pour faire plaisir au PDG apparemment, son lancement ayant semble-t-il été décidé sur un green de golf...)

Si on néglige ces "petites différences", on peut effectivement en déduire qu'il est évident que le coût du M9 est fixé en fonction d'un positionnement marketing  ;D

paname

Tu as raison, la comparaison avec l'Epson n'est pas la plus pertinente, mais, il n'y a pas d'autres appareils télémétriques pour faire une comparaison.
Néanmoins, même si l'Epson est inférieur au Leica M8 (si vous voulez discuter sur ce point, ce serait intéresant), le prix était aussi largement moindre.
Comparaison n'est pas raison, alors, il est clair qu'on ne peut pas en déduire le prix de revient des Leica M.

Le propriétaire de Leica considère lui-même que le positionnement de sa marque est celui d'un produit de luxe.
Alors, même si les technologies utilisées ont un coût important, la fixation du prix (comme pour tout produit) se fait aussi en tenant compte du potentiel financier des clients. Et ce que je voulais juste dire, mais je me suis mal exprimé, c'est que pour Leica, la fixation du prix peut se faire de manière plus indépendante que sur le simple coût de fabrication, et cela, plus que pour les autres marques qui subissent une très forte concurence (Canikon). Leica est sur un marché à part, le marché du luxe qui connait des règles différentes.

Un article de l'AFP :

L'Autrichien qui a ressuscité les appareils photos Leica
Agence France-Presse (Francfort)
08 novembre 2011 | 07 h 54
Andreas Kaufmann, grand patron de Leica.


Il a milité dans la gauche radicale, enseigné la littérature dans une école alternative, avant d'hériter de centaines de millions d'euros et de se lancer un défi: ressusciter Leica, marque d'appareils photos culte mais moribonde en 2005.

Pour Andreas Kaufmann, 58 ans, le rachat du fabricant allemand pour plusieurs dizaines de millions d'euros, commence par «une déception».

«L'entreprise était en très mauvais état, et même ses dirigeants doutaient de la qualité des produits», explique celui qui est aujourd'hui président du conseil de surveillance, dans un entretien à l'AFP.

Six ans plus tard, ce quinquagénaire jovial, au visage rond, qui n'hésite pas à sortir de sa poche un appareil pour en faire l'article, est en passe de gagner son pari.
Lundi, Leica a annoncé des ventes en hausse de 31,8% à 115,6 millions d'euros sur les six premiers mois de son exercice décalé 2011/2012.

Mieux, le fonds d'investissement Blackstone, l'un des plus gros au monde, vient de mettre 160 millions d'euros dans l'affaire, un signe qui ne trompe pas.

S'il compare ses produits à des Porsche ou des Ferrari, «dont le prix élevé se justifie par leur technologie coûteuse», M. Kaufmann, héritier d'une fortune familiale amassée dans l'industrie du papier, n'est pas flambeur.

Lui qui dit avoir mené une enfance «frugale» dans le sud de l'Allemagne veut que ses propres enfants vivent comme lui, «sans passer sa vie à dépenser sa fortune».

Il sera professeur de lettres, seize ans durant, dans une école Steiner-Waldorf, pédagogie alternative en vogue dans les années 1970. Il a aussi participé à la fondation des Verts allemands en 1980.

«J'étais libre de faire ce que je voulais», la famille s'étant juré dans les années 1970 de ne pas travailler dans les entreprises détenues.

Serment rompu lorsqu'il rachète Leica. La marque à la pastille rouge chérie des pionniers du photojournalisme, Robert Capa ou Henri Cartier-Bresson, n'est plus que l'ombre d'elle-même, croulant sous les dettes et victime d'une bourde stratégique majeure: l'impasse faite sur la photo numérique.

M. Kaufmann «commence la restructuration de l'entreprise» après avoir racheté ses parts au groupe de luxe français Hermès.

Sa stratégie: se convertir au numérique tout en cultivant le mythe qui entoure ces appareils, parmi les derniers encore assemblés en Europe, à 60 kilomètres de Francfort (ouest). Quitte à froisser "le noyau dur des aficionados", qui ne jure que par la pellicule.

Réputée pour ses objectifs fabriqués main, la marque approfondit son pacte avec le fabricant grand public asiatique Panasonic, qui lui fournit sa technologie numérique en échange de lentilles Leica et du droit d'appliquer la fameuse pastille rouge sur certains boîtiers.

«Cela n'aurait pas eu de sens de produire nous-même ces appareils photos d'entrée de gamme», justifie M. Kaufmann, et permet de gagner de nouveaux clients qui n'ont pas les moyens d'acheter un appareil 100% Leica.

Car les produits phare de la marque, ceux que révèrent les «léicaïstes» sont très chers.

Le M9, version numérique du premier boîtier compact qui fit la fortune de Leica, ringardisant dès 1924 les volumineuses chambres photographiques, coûte dans les 5000 euros.

Pour le personnaliser avec la mention «Leica AG - Made in Germany», il en coûte 280 euros de plus. Des éditions limitées de marques de luxe ou d'artistes font encore grimper les prix.

Le groupe a aussi lancé une gamme d'appareils reflex, une hérésie pour les puristes, aux alentours de 20 000 euros.

À ces prix là, «nous sommes considérés comme un produit de luxe en Chine», «prochaine étape stratégique pour Leica» où il visera les nouveaux riches, avec l'appui de Blackstone.

Grâce à ce nouveau marché, ainsi qu'aux pays arabes, il veut doubler d'ici 2016 son chiffre d'affaires annuel, à environ 500 millions d'euros.

http://technaute.cyberpresse.ca/nouvelles/produits-electroniques/201111/08/01-4465632-lautrichien-qui-a-ressuscite-les-appareils-photos-leica.php

Jojo12

Bonjour,

le sujet du " Pourquoi le M9 est 'il si cher " est à traiter , économiquement parlant ,

dans la même rubrique que :

" Pourquoi la France à 70 à 75 millards d'euros en 2011 , pour un excédent commercial Allemand de 154 millards "
(prévisions !)  :P  :P

paname

La question sur le pourquoi du prix du M9 me semble très légitime car elle induit une autre question qui porte sur le positionnement de Leica.

La progression importante du CA de la firme allemande et l'arrivée d'investisseur extérieur traduit le fait que Leica est dans une situation dynamique, ce qui peut soutendre de futurs appareils développés avec soin.
Un autre fil sur le forum rapportait les propos du directeur du développement Stefan Daniel.
Quant à la question de l'excédent allemand comparé aux déficits français, ce fil illustre, au travers la société Leica, la différence de positionnement de nos industries respectives.

Alors qu'il y a encore quelques décennies, la France possédait de grands noms dans l'industrie optique (et des appareils photos), tous ont disparu.
Leica survit en ayant choisi le haut de gamme pour lutter contre les marques japonnaises.

Jc.

Citation de: paname le Décembre 22, 2011, 23:43:02
...
La progression importante du CA de la firme allemande et l'arrivée d'investisseur extérieur traduit le fait que Leica est dans une situation dynamique, ce qui peut soutendre de futurs appareils développés avec soin.
...
Leica survit en ayant choisi le haut de gamme pour lutter contre les marques japonnaises.

Exactement comme fit Harley Davidson en son temps (dans les 80') ...

Verso92

Citation de: paname le Décembre 22, 2011, 23:43:02
Alors qu'il y a encore quelques décennies, la France possédait de grands noms dans l'industrie optique (et des appareils photos), tous ont disparu.

Non.

http://www.angenieux.com/accueil.php

paname

Content de voir que la marque subsiste toujours, même si elle devenue une filiale de Thales.
Un grand nom toujours vivant.

Y-a-t'il d'autres fabricants qui existeraient toujours ?

Quant aux constructeurs d'appareils photos, un petit lien sur notre brillant passé : http://freeridermagasine.over-blog.com/m/article-18472794.html


Hedoras

Je viens de lire les 14 pages du fil, je me posais aussi cette question (les réponses m'ont expliqué pas mal de choses) et ça m'a donné envie de répondre un petit quelque chose...

Je suis assez choqué devant les comparaisons faites au sujet du M9...  Même dans le monde de la photo je pense pas qu'on puisse le comparer à d'autres appareils, ici on le compare au D3x, niveau prix on est pas loin, certes. Mais c'est tout ce qu'ils ont en commun, le public visé, les performances techniques sont complètement différentes. Pour faire une comparaison (on aime tous ça), je trouve que l'automobile est ce qui pourrait s'en rapprocher le plus et non Apple, qui est loin d'être un Leica de l'informatique.
On pourrait donc comparer le M9 à une Rolls Royce, pour le prix, la qualité de fabrication, le prestige, le public visé (si y'en a un.. ) et le D3x à une Formule 1 qui écrase tout en terme de performances* parce qu'après tout c'est son but d'aller vite, de tenir la route, d'en mettre plein les yeux, de contenter les pilotes experts avides de chaque upgrade qui peut être faite sur son bolide.
Depuis que je regarde des grands prix j'ai jamais vu de Rolls sur la grille de départ (y'a bien une merco quand y'en a un qui se plante mais rien à voir), donc je ne vois pas l'utilité de comparer ces appareils photo, qui font tout les deux des photos - comme la F1 et la Rolls roulent - mais qui sont pas dans la même catégorie. Je trouve ça simple, je vois pas pourquoi certains sont partis dans une discussion stérile sur les marges que peut faire Leica au niveau de la production, c'est pas les premiers ni les derniers à en faire...

La photo n'est pas faite que de performances et qui a le plus gros capteur, le plus gros buffer, et heureusement on peut se faire plaisir et faire de bonnes photos sans tout ça. Enfin je dis ça mais tout le monde le sait, juste histoire de replacer les choses dans leur contexte. Les professionnels qui ont besoin d'avoir des rafales exceptionnelles se tourneront vers un appareil comme le D3x et ceux qui veulent un appareil plein de charme prendront le M9 (même si d'autres appareils ont du charme, pataper ! ;D ).

Sur ce, je trouve ça toujours plus sympa qu'un énième débat Canikon..

*pour les trolls qui viendront dire que je suis un fan de nikon, c'était pour coller à la comparaison faite tout le long du fil, pas besoin de vous emporter.


kochka

Disons, pour ne vexer personne, que l'on compare un VTT et un vélo de piste. 
Ce n'est pas le même usage, bien que l'on puisse avancer en ville, en pédalant dans les deux cas.
Technophile Père Siffleur