Trains, fil ouvert...

Démarré par rail77, Mai 18, 2013, 01:29:18

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André Perier

Citation de: rail77 le Avril 26, 2017, 15:14:13
Bonjour
Oui j'ai des photos des Chemins de Fer Départementaux du Tarn.
Mon père y est allé à plusieurs reprises entre 1953 et 1962, année de sa fermeture (celle-ci est intervenue le 31 décembre 1962 et mon père s'y est rendu une dernière fois les 29 et 30 décembre et il y a rencontré un passionné comme lui, venu tout spécialement de Suède pour l'occasion).
C'est d'ailleurs le sujet d'un article paru dans le numéro 80 du magazine Objectif Rail, pages 64 à 69 où je raconte l'histoire de ce sympathique petit train.
Il est actuellement en kiosque (en général on le trouve sans problème dans les gares, ailleurs cela est moins courant), mais dépêchez-vous car le numéro 81 ne devrait pas tarder à sortir.
Je vous mettrai quelques photos ultérieurement, mais pour vous faire patienter en voici une :
A Castres-Albinque, le 29 décembre 1962, à l'avant-veille de la fermeture, cet autorail Billard A 80 D effectue l'un de ses tous derniers voyages.
Amitiés
Pierre
Merci Pierre, me suis planté sur la date , 31 Dec 62, j'avais 11 ans et je le revois encore monter l'avenue d'Albi avec son radiateur apparent, un excellent livre également " Le monde du petit train " de Michel Viers et Bernard Vieu
Flou à lier

rail77

Citation de: TYBOR le Avril 26, 2017, 15:49:41
Bonjour,
Le paysage est tellement pimpant et propret, avec le château et le lac, qu'on dirait que c'est LUI le décor de chemin de fer miniature.
Ce n'est pas un lac mais la rivière Sava.
Prenant naissance en Slovénie dans les Alpes Juliennes celle-ci passe près de Ljubljana puis suit des gorges assez étroites jusqu'à Sevnica où est prise la photo.
Ensuite, en entrant en Croatie la vallée s'élargit et Notre rivière passe à Zagreb.
La Sava marque alors la frontière entre la Croatie et la Bosnie et entre en Serbie pour aller se jeter dans le Danube  à Belgrade, ville construite au confluent des deux cours d'eau.

André Perier

Très belle image , sérénité...en tout cas la Sava est bien calme et semble couler en toute quiétude, ce qui n'est pas le cas du mari de la dame qui est originaire du lieu... ;)
Flou à lier

michel d

Gare de Dijon avec ses nouveaux clients en 1940

MD

stratojs

CFV en gare de Lamastre au milieu des années 70.

rail77

#1855
Bonjour.
Séquence nostalgie avec le chemin de fer à voie de 60 cm du Tramway Pithiviers - Toury, le célèbre TPT.
Nous sommes le 8 octobre 1960, en pleine campagne betteravière.
A Greneville-en-Beauce, la 040T KDL n° 4-12 côtoie un antique tracteur et même de braves percherons, qui amènent à ce point de correspondance, que l'on appelle une bascule, les betteraves.
Celles-ci seront ensuite convoyées par le train jusqu'aux râperies (où elle sont lavées et râpées) et aux sucreries de Pithiviers et de Toury.
De nos jours, les premiers kilomètres au départ de Pithiviers ont été préservés.
Et c'est désormais des touristes que notre brave KDL convoient à la belle saison.
Amitiés
Pierre

stratojs

Ah Pithiviers! Le tracteur antique, un Renault D22 ou D35 était d'une rare modernité en 1960.  :D
Le MTP, musée des trains de Pithiviers exploite donc, à la belle saison, quelques kilomètres rescapés d'une époque révolue.

http://amtp-pithiviers.wifeo.com

rail77

Bonjour
Un peu plus haut, André Perier demandait il y a quelques temps si j'vais des photos des Chemins de fer Départementaux du Tarn qui ont circulé de 1905 à 1962.
Mais avant les photos, un peu d'histoire.

Une longue génèse
L'idée de construire une voie ferrée au départ de Castres vers les localités montagnardes isolées de l'est du département remonte à 1871. Une première étude sera réalisée en 1877. Mais il faudra attendre 1981 pour que le Conseil municipal de Castres commence à s'intéresser à ce projet, puis 1893 pour qu'à son tour le Conseil général s'en occupe.
Finalement, le 29 décembre 1900 un particulier, Monsieur Lemonnier, reçoit au nom de la Compagnie Centrale de Chemins de fer, de Tramways et d'Electricité, la concession des lignes de Castres à Murat-sur-Vèbre avec embranchement du Bouissas à Brassac, d'Albi à Alban avec embranchement vers Saint-Juéry et d'Albi à Valence-D'albigeois.
La Déclaration d'utilité publique est promulguée le 3 avril 1901. Mais en 1902, la Compagnie des Chemins de Fer Départementaux du Tarn (CFDT) se substitue aux concessionnaires initiaux et en 1903 la consistance du futur réseau est légèrement modifiée. L'embranchement de Saint-Juéry est alors remplacé au profit d'une rectification de tracé de la ligne d'Albi à Alban qui desservira désormais directement cette localité fortement industrialisée.
Les travaux peuvent enfin commencer et le calendrier des mises en service des différentes sections s'établit comme suit :
- 1er juillet 1905 : Castres-Midi - Vabre
- 4 avril 1906 : Le Bouissas - Brassac
- 11 avril 1906 : Albi - Valence-D'albigeois
- 1er juillet 1906 : Vabre - Pierre-Ségade
- 1er janvier 1909 : Albi - Saint-Juéry
- 14 février 1910 : Saint-Juéry - Alban
- 20 mai 1911 : Pierre-Ségade - Lacaune-les-Bains
- 23 octobre 1911 : Lacaune-les-Bains - Murat-sur-Vèbre

Le réseau, dont la voie est à l'écartement métrique, est divisé en deux groupes isolés l'un de l'autre. La longueur totale exploitée est de 139,2 km, dont 75 km pour la ligne Castres - Murat-sur-Vèbre, 12,2 km pour l'embranchement du Bouissas à Brassac, 28,9 km pour Albi - Valence-D'albigeois et 23,1 km pour Albi - Alban.
Les lignes d'Albi peuvent être considérées comme un chemin de fer départemental classique, traversant les villes et les villages dans les rues et suivant les routes et les chemins existants, le plus souvent en accotement, en dehors des agglomérations.
Par contre, la ligne Castres - Murat-sur-Vèbre et l'embranchement conduisant à Brassac, possèdent des caractéristiques typiques des lignes de montagnes. Presque entièrement établie en site propre hormis la traversée de Castres et de certains villages, la voie voie ferrée est en rampe quasi-continue, avec des déclivités pouvant atteindre 40 mm/m afin de racheter un dénivelé passant de l'altitude 172 m à Castres à 903 m au col de la Jasse près de Moulin-Mage. Empruntant des vallées rocheuses étroites et encaissées, la ligne est jalonnée de nombreux ouvrages d'art, ponts, viaducs, tunnels et murs de soutènement. Les sections en alignement sont rares, tandis que les courbes, dont le rayon minimal descend souvent à 100 m, sont légion, le tout dans une région isolée, au climat très rude en hiver.

rail77

Une succession d'exploitants
Dès l'origine, les lignes du groupe d'Albi connaissent un trafic important, notamment grâce aux ouvriers travaillant dans les aciéries du Saut du Tarn à Saint-Juéry. Ces dernières étaient alimentées par du minerai de fer provenant des mines du Frayssé, près d'Alban, assurant ainsi un trafic marchandises relativement conséquent.
De son côté, le groupe de Castres, au caractère bien plus rural, désenclave le plateau du Sidobre et facilite l'accès à la station thermale de Lacaune-les-Bains. Outre le granit extrait des carrières de Luzières, sur l'embranchement de Brassac, le trafic des marchandises est essentiellement issu des activités agricoles. Ainsi, il existait même un billet de marché spécial, valable pour le voyageur à l'aller et au retour, et pour son veau, uniquement à l'aller ! Mais au cas où malheureusement le paysan n'arrivait pas à vendre son bovidé à la foire de Castres, il pouvait cependant le ramener à la ferme, moyennant le paiement d'un léger supplément.

la desserte de chaque ligne comprenait généralement entre trois et quatre allers-retours quotidiens, avec des courses supplémentaires les jours de foires et de marchés et des navettes pour le trafic ouvrier entre Albi et Saint-Juéry.

Si les premiers autorails font leur apparition dès 1924, ils ne donnèrent pas satisfaction. Les premiers déficits apparaissent en 1929, ce qui amène le département du Tarn à racheter le réseau pour l'affermer à compter du 1er octobre 1933 à la Société des Voies Ferrées Départementales du Midi (VDFM). Ces dernières exploitaient depuis le 15 novembre 1930 les lignes électrifiées Toulouse - Castres et Revel - Castres. Pour assurer la continuité des transports, le nouvel exploitant modifie les attelages en dotant le matériel du système automatique Willison et investit dans l'achat de six autorails Verney. S'ils réduisent fortement les temps de parcours, ces engins ne permettent malheureusement pas de sauver les lignes du groupe d'Albi. Touchées par la concurrence des autocars et par la fin de l'exploitation des mines du Frayssé, elles sont fermées le 1er avril 1939. Du côté de Castres, les premières menaces commençaient aussi à se manifester. Mais l'avènement de la Seconde Guerre Mondiale offrit un sursis au train qui rendit alors bien des services à la population.

Après le conflit, l'exploitation fut reprise à partir du 1er janvier 1954 par la Société Auxiliaire pour l'exploitation des Chemins de Fer Secondaires (SACFS). Celle-ci innove dans de nombreux domaines afin de tenter la sauvegarde du train :
- intensification du service des voyageurs avec création de courses "express"
- achat d'occasion d'autorails Billard à des réseaux secondaires venant d'être supprimés
- suppression de la gérance humaine dans la plupart des gares
- autorails circulant avec le seul conducteur qui, à l'instar des autocars, assure également la vente des billets
- acheminement des colis par des autorails de "messagerie" spécialement aménagés à cet effet
- entretien des installations fixes par des brigades spécialisées à fort effectif et circulant en draisine
- application de tarifs attractifs
- service des marchandises confié à un locotracteur diesel en remplacement de la traction vapeur désormais confinée à la seule réserve

Ces mesures remportent un certain succès et on note même une augmentation du trafic. Annuellement, le train transporte 120 000 voyageurs, soit une moyenne de 23 personnes dans chaque circulation, dans des autorails d'une capacité de 28 places, ce qui offre un taux d'occupation tout à fait honorable. Entre 1960 et 1961, les recettes venant des voyageurs progressent de 2,23 % et celles de marchandises de 9,88 %.

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La fin du petit train
Devant les bons résultats obtenus, la SACFS garde un certain optimisme et effectue des investissements : achat d'un second locotracteur, remplacement massif de traverses, arrivée fin 1959 de deux nouveaux autorails Billard en provenance de Seine-et-Marne.
Mais c'était sans compter sur le lobby routier. Le Conseil général ne croyait plus au chemin de fer, jugé d'autant plus rétrograde que le Tarn était le dernier département de la région à encore posséder un "petit train". Malgré des dépenses importantes à effectuer sur le réseau routier pour pouvoir y faire circuler des autocars et des camions, les élus tarnais préférèrent voter en faveur de la fermeture du train le 11 avril 1962. Celui-ci cessera donc toute activité au soir du 31 décembre suivant. Le démantèlement a été très rapide et est achevé dès le mois d'août 1963, tandis que les autorails Billard, leurs remorques et les deux locotracteurs émigrent en Corse.

Traversant, surtout pour les lignes de Castres, une région magnifique, les Chemins de Fer Départementaux du Tarn ont animé pendant plus d'un demi-siècle cette contrée reculée et difficile d'accès, à l'écart des grands axes de circulation. Mon père évoquait toujours avec plaisir ce sympathique secondaire où il a toujours été très bien accueilli par les cheminots locaux à chacune de ses visites. Il se rappelait aussi avec délectation ce petit restaurant situé à proximité de la gare de Murat-sur-Vèbre, qui bien que ne payant pas de mine, lui avait servi pour un prix dérisoire un repas pantagruélique composé de pas moins de sept plats différents ! Il fit également la connaissance d'une habitante de la région, Madame Rose Salvaire, qui immortalisa les dernières circulations du train en 1962. Elle eu ensuite la très bonne idée de confier à mon père ses clichés, témoignages historiques d'une époque désormais révolue, dont certains vous sont aujourd'hui présentés ci-dessous.

Et maintenant, place aux photos !
Pierre

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- 1 : A Albi, le terminus des trains s'effectuait à la gare du Paris - Orléans. Puis un second arrêt était réalisé en ville, à la place du manège. C'est à cet endroit que se séparaient les deux lignes avec à gauche celle de Valence-D'albigeois et à droite la voie conduisant à Alban, sur laquelle s'engage un train de voyageurs.

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- 2 : Arrêt d'un train Albi - Alban en gare de Villefranche-d'Albigeois. Date et auteur du cliché inconnus

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- 3 : Vue d'ensemble du terminus d'Alban avec au premier plan la plaque tournante de retournement des locomotives tandis qu'une vache attend de monter dans un wagon qui risque fort de l'emmener à l'abattoir. Date et auteur du cliché inconnus.

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- 4 : Vu au dépôt de Castres le 2 septembre 1956, l'autorail Billard A 150D6 ex CGL n° 26 du Pas-de-Calais arbore toujours son immatriculation d'origine alors que dans le Tarn il sera ensuite connu sous le numéro 525.

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- 5 : En décembre 1962, au dépôt de Castres, cet autorail Billard effectue l'un de ses tous derniers ravitaillements en carburant avant son retrait du service. Cliché Rose Salvaire.

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- 6 : Le 29 décembre 1962, deux jours avant la fermeture du réseau, le locotracteur LT2, ex usine Solvay de Dombasle-sur-Meurthe, manœuvre sur le faisceau du dépôt de Castres. Cliché Jacques Bazin.
Je crois que ce locotracteur se trouve désormais sur le Vivarais.

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- 7 : En 1952, la 130T n° 13 stationne devant le hangar du dépôt de Castres. Auteur inconnu.

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- 8 : Le samedi 27 juin 1953, jour de marché, c'est une rame tractée par la 130T n° 11 qui s'apprête à partir de la gare de Castres-Midi en direction de Lacaune-les-Bains, en lieu et place de l'autorail Verney utilisé les autres jours. Cliché Jacques Bazin.

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- 9 : Le 28 juin 1953, arrêt de l'autorail Verney A1 en gare de Castres-Albinque, située plus près du centre-ville que la gare Midi. Cliché Jacques Bazin.

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- 10 : Déjà présentée il y a quelques jours sur ce fil, le 29 décembre 1962, à l'avant-veille de la fermeture, cet autorail Billard A 80D effectue l'un de ses tous derniers voyages et passe au niveau de Castres-Albinque. Cliché Jacques Bazin.

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- 11 : Au départ de Castres, le train remonte la vallée de l'Agout qu'il traverse ici sur un viaduc en maçonnerie au niveau de Roquecourbe.

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- 12 : Afin de venir à bout des nombreuses rampes de la ligne, dont la déclivité maximale peut atteindre 40 mm/m, la 130T n° 11, en charge d'un train Castres - Lacaune-les-Bains, marque l'arrêt en pleine voie pour remplir ses réservoirs d'eau. Cliché pris le 27 juin 1953, entre Lacazalie et Lacrouzette. Photo Jacques Bazin.

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- 13 : Au niveau du Bouissas, point de bifurcation de la ligne de Brassac, cette carte postale témoigne du profil difficile de la ligne, dont la construction a nécessité la réalisation de nombreux ouvrages d'art.

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- 14 : Au Bouissas, le 29 décembre 1962, un jumelage d'autorails arrive de Castres et traverse le viaduc sur l'Agout qui précède la bifurcation conduisant à Murat-sur-Vèbre et à Brassac. Cliché Jacques Bazin

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- 15 : Le 27 juin 1953 au Bouissas, le train Castres - Lacaune-les-Bains, assuré en rame tractée, donne correspondance à un autorail Verney à destination de Brassac. Cliché Jacques Bazin.