Penser une composition

Démarré par Adrien_Letellier, Novembre 27, 2017, 17:09:55

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jac70

Bien sûr, tous mes exemples postés ici ont tendance à respecter la règle des tiers ou de la diagonale.
Je les ai choisis volontairement ainsi car je pense que pour un débutant, cela peut être un point de départ intéressant.

Le matin où je me suis retrouvé devant cela, je n'étais pas du tout obnubilé par les règles de composition....

Franciscus Corvinus

Citation de: egtegt² le Novembre 28, 2017, 12:59:06
J'avais vu une interview de Cartier-Bresson où il expliquait qu'il recherchait des motifs géométriques dans ce qu'il voyait. Pas un instant il ne parlait de règle des tiers ou autres (Et d'ailleurs je me demande même si cette règle avait déjà été énoncée quand il a débuté)
La regle des tiers est en fait une approximation de la division du cadre par un rapport basé sur le ombre d'or, qui était connu depuis l'antiquité comme un moyen de générer des proportions harmonieuses.

egtegt²

Citation de: jac70 le Novembre 28, 2017, 14:22:55
Bien sûr, tous mes exemples postés ici ont tendance à respecter la règle des tiers ou de la diagonale.
Je les ai choisis volontairement ainsi car je pense que pour un débutant, cela peut être un point de départ intéressant.

Le matin où je me suis retrouvé devant cela, je n'étais pas du tout obnubilé par les règles de composition....

En l'occurrence, tu utilises une des "règles" de composition : centrer se justifie quand il y a une symétrie :).

jac70

#28
Citation de: Franciscus Corvinus le Novembre 28, 2017, 14:23:21
La regle des tiers est en fait une approximation de la division du cadre par un rapport basé sur le ombre d'or, qui était connu depuis l'antiquité comme un moyen de générer des proportions harmonieuses.

Erreur

jac70

Citation de: egtegt² le Novembre 28, 2017, 14:38:46
En l'occurrence, tu utilises une des "règles" de composition : centrer se justifie quand il y a une symétrie :).

Ah ben zut alors !!!!!
C'est bien ce qui me semblait : je ne suis pas du tout créatif !

;D ;D ;D ;D ;D

Et celle-là, au même endroit, c'est quelle règle ?

Fradel

la règle du fouillis dans un lieu magique qui se suffit à lui même.....

Verso92

Citation de: egtegt² le Novembre 27, 2017, 21:40:05
Ensuite, je me pose la question de l'environnement (c'est là que je me plante la plupart du temps  :-\). Je me permet de montrer une photo de Verso92 que je trouve particulièrement réussie sur ce point, j'espére qu'il me pardonnera mais je suis bien incapable d'en trouver une aussi bonne pour illustrer ça dans les miennes :)

Me voilà érigé en vedette malgré moi...  ;-)

Sur cette image, réalisée en courant (ou presque), je dois bien avouer que je ne me suis préoccupé que du sujet principal (la Cocc') et du positionnement du balcon par rapport à elle...

Citation de: Franciscus Corvinus le Novembre 28, 2017, 12:04:29
Les gens qui traitent les regles/guides avec mépris ne sont certainement pas ceux de qui il faut apprendre.

Comme déjà évoqué plus haut, encore faut-il les énoncer correctement, ces fameuses règles (au lieu de les tronquer bêtement) : cela rendra le discours plus lisible...

Tonton-Bruno

#32
Citation de: Franciscus Corvinus le Novembre 28, 2017, 14:23:21
La regle des tiers est en fait une approximation de la division du cadre par un rapport basé sur le ombre d'or, qui était connu depuis l'antiquité comme un moyen de générer des proportions harmonieuses.
D'après ce que j'ai pu lire, dans l'Antiquité le nombre d'or n'était qu'une curiosité mathématique et il n'y a aucun écrit, ni de l'Antiquité, ni du Moyen-Age, ni de la Renaissance , qui recommanderait de suivre cette proportion pour l'architecture ou la peinture.

Toujours d'après ce que j'ai pu lire, la première mention écrite de l'application du nombre d'or à l'architecture ou à la peinture remonterait à la seconde moitié du dix-neuvième siècle dans un ouvrage du théoricien qui verrait le nombre d'or partout : dans la façade du Parthénon (en coupant la base) dans le fameux dessin de Léonard de Vinci (en coupant les pieds), etc.

Pour Léonard de Vinci, il a illustré l'ouvrage de son ami Luca Pacioli consacré au nombre d'or (De la divine proportion) avec diverses figures géométriques et un alphabet, mais on ne trouve aucun de ces dessins ou schémas préparatoire de ses tableaux s'appuyant explicitement sur le nombre d'or.

Je dis cela parce que je l'ai lu. Je ne suis pas chartiste ni archéologue et je ne lis ni le latin ni le grec.
Si quelqu'un trouve une mention plus ancienne du nombre d'or appliqué à la peinture ou à l'architecture, j'en conclurai que j'ai lu un mauvais ouvrage et je reviendrai sur mon erreur.

Voici les références de l'ouvrage que j'ai lu:
Le nombre d'or, mythe ou mystère ?
Tout ce qui peut être réglé dès la prise de vue gagne à l'être

Tonton-Bruno

Je viens de lire l'article de Wikipedia,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_d%27or#Antiquit.C3.A9
qui me conforte dans ce que j'ai lu et que j'ai rapporté.

Pas de nombre d'or explicite en peinture ou en architecture avant le vingtième siècle.

Comme dit dans l'article, ce serait tentant pour certains de trouver une clé mathématique pour définir l'Art ou la Beauté, mais ce n'est qu'une illusion de scientifique, qui aimerait bien ramener toute création artistique à un problème de géométrie.
Tout ce qui peut être réglé dès la prise de vue gagne à l'être

Franciscus Corvinus

Citation de: Tonton-Bruno le Novembre 28, 2017, 20:03:44
D'après ce que j'ai pu lire, dans l'Antiquité le nombre d'or n'était qu'une curiosité mathématique et il n'y a aucun écrit, ni de l'Antiquité, ni du Moyen-Age, ni de la Renaissance , qui recommanderait de suivre cette proportion pour l'architecture ou la peinture.

Toujours d'après ce que j'ai pu lire, la première mention écrite de l'application du nombre d'or à l'architecture ou à la peinture remonterait à la seconde moitié du dix-neuvième siècle dans un ouvrage du théoricien qui verrait le nombre d'or partout : dans la façade du Parthénon (en coupant la base) dans le fameux dessin de Léonard de Vinci (en coupant les pieds), etc.

Merci; je ne savais pas d'ou venait ces utilisations du nombre d'or dans l'antiquité. Maintenant que je le sais, je ne ferai plus l'erreur! Donc HCB connaissait sans doute la regle des "tiers", mais peut-etre comme une nouveauté qui essayait de se donner une légitimité.

Tonton-Bruno

Citation de: Franciscus Corvinus le Novembre 28, 2017, 22:05:56
Merci; je ne savais pas d'ou venait ces utilisations du nombre d'or dans l'antiquité. Maintenant que je le sais, je ne ferai plus l'erreur! Donc HCB connaissait sans doute la regle des "tiers", mais peut-etre comme une nouveauté qui essayait de se donner une légitimité.
Je considère HCB comme le plus grand photographe du XXème siècle mais en tant que (très modeste) historien d'art, je décèle deux faiblesses dans son oeuvre qui pourraient lui faire perdre cette prééminence dans les temps futurs:
1) Il cherche sans arrêt à constituer des "scènes de genre" dont la dimension psychologique risque dans le futur d'apparaître stéréotypée.
2) Ses constructions géométriques ahurissantes de précision et de complexité risqueront d'être perçues comme trop formalistes et artificielles au fil des ans.

Voir à ce sujet le contre-pied total de cette approche dans le livre de Roland Barthes, La Chambre claire.

La photographie est un art mécanique qui intéresse au premier chef les personnes tournées vers la technique, et ce forum en est un bon exemple.

La tendance à ramener la prise de vue à un exercice de géométrie est donc toujours très forte, surtout dans la patrie de Cartier-Bresson !

Je ne suis pas contre cette approche, car la photographie est avant tout un loisir populaire, mais il faut avoir conscience que tout formalisme est un académisme.
Tout ce qui peut être réglé dès la prise de vue gagne à l'être

madko

Citation de: Tonton-Bruno le Novembre 29, 2017, 07:47:38
Je considère HCB comme le plus grand photographe du XXème siècle mais en tant que (très modeste) historien d'art, je décèle deux faiblesses dans son oeuvre qui pourraient lui faire perdre cette prééminence dans les temps futurs:
1) Il cherche sans arrêt à constituer des "scènes de genre" dont la dimension psychologique risque dans le futur d'apparaître stéréotypée.
2) Ses constructions géométriques ahurissantes de précision et de complexité risqueront d'être perçues comme trop formalistes et artificielles au fil des ans.

Voir à ce sujet le contre-pied total de cette approche dans le livre de Roland Barthes, La Chambre claire.

La photographie est un art mécanique qui intéresse au premier chef les personnes tournées vers la technique, et ce forum en est un bon exemple.

La tendance à ramener la prise de vue à un exercice de géométrie est donc toujours très forte, surtout dans la patrie de Cartier-Bresson !

Je ne suis pas contre cette approche, car la photographie est avant tout un loisir populaire, mais il faut avoir conscience que tout formalisme est un académisme.
Je ne suis pas loin de partager ton jugement sur l'importance d'HCB,
comme beaucoup d'autres d'ailleurs, mais avec quelques nuances cependant.

D'abord, la scène que ses photos proposent est certes fondée sur une psychologie
qui pourrait dater un jour (certes moins tôt que chez Doisneau, par exemple), mais
l'ère de la photographie est encore bien courte, bien plus courte que celle de la
littérature ou du théâtre, et nous partageons encore beaucoup avec la psychologie
des personnages de Molière ou de Balzac, même si certains tics d'époque peuvent
nous faire sourire. Je préférerais parier que, comme Shakespeare, HCB restera en dépit
de tout a man for all seasons.

Ensuite, le formalisme. Une œuvre d'art est d'abord un travail sur la forme. Et le souci formel
d'un (grand) artiste définit son style, bientôt reconnaissable entre tous. Je sais bien
que l'art moderne, et surtout contemporain a poussé les recherches formelles jusqu'à
l'absurde, voire au ridicule de ce qu'on peut nommer un formalisme stérile. Il y a bien
un académisme de la forme, mais à chercher chez les suiveurs et les troisièmes
couteaux. Il suffit pour s'en convaincre de voir à quel point l'invention d'une forme
peut être dévoyée, en faisant le tour des galeries de la place des Vosges, par exemple,
ou bien en allant au Palais de Tokyo.

Mais chez HCB, justement, il y a bien souvent un équilibre quasi miraculeux entre l'esprit de
géométrie si cher aux Français, paraît-il, et l'esprit de finesse permettant d'échapper
aux constructions qui te semblent trop artificielles, et de ne pas l'y réduire : c'est là
qu'intervient la (mise en) scène, la théâtralité, la psychologie des êtres, peut-être.

Quant à l'avis de Barthes sur la photo, aussi intelligent qu'il puisse paraître, je ne
m'en soucie guère et je me défie des interprètes qui théorisent sans jamais avoir
pratiqué ; ni comme photographe, ni comme romancier d'ailleurs, Barthes n'a jamais rien fait,
ce qui ne l'empêchait pas d'avoir des avis sur tout cela, et des plus péremptoires.
Reste que sa lecture offre encore de bons moments de rigolade (Sur Racine ... )

Tonton-Bruno

Citation de: madko le Novembre 29, 2017, 08:31:02
Je ne suis pas loin de partager ton jugement sur l'importance d'HCB,
comme beaucoup d'autres d'ailleurs, mais avec quelques nuances cependant.

D'abord, la scène que ses photos proposent est certes fondée sur une psychologie
qui pourrait dater un jour (certes moins tôt que chez Doisneau, par exemple), mais
l'ère de la photographie est encore bien courte, bien plus courte que celle de la
littérature ou du théâtre, et nous partageons encore beaucoup avec la psychologie
des personnages de Molière ou de Balzac, même si certains tics d'époque peuvent
nous faire sourire. Je préférerais parier que, comme Shakespeare, HCB restera en dépit
de tout a man for all seasons.

Ensuite, le formalisme. Une œuvre d'art est d'abord un travail sur la forme. Et le souci formel
d'un (grand) artiste définit son style, bientôt reconnaissable entre tous. Je sais bien
que l'art moderne, et surtout contemporain a poussé les recherches formelles jusqu'à
l'absurde, voire au ridicule de ce qu'on peut nommer un formalisme stérile. Il y a bien
un académisme de la forme, mais à chercher chez les suiveurs et les troisièmes
couteaux. Il suffit pour s'en convaincre de voir à quel point l'invention d'une forme
peut être dévoyée, en faisant le tour des galeries de la place des Vosges, par exemple,
ou bien en allant au Palais de Tokyo.

Mais chez HCB, justement, il y a bien souvent un équilibre quasi miraculeux entre l'esprit de
géométrie si cher aux Français, paraît-il, et l'esprit de finesse permettant d'échapper
aux constructions qui te semblent trop artificielles, et de ne pas l'y réduire : c'est là
qu'intervient la (mise en) scène, la théâtralité, la psychologie des êtres, peut-être.

Quant à l'avis de Barthes sur la photo, aussi intelligent qu'il puisse paraître, je ne
m'en soucie guère et je me défie des interprètes qui théorisent sans jamais avoir
pratiqué ; ni comme photographe, ni comme romancier d'ailleurs, Barthes n'a jamais rien fait,
ce qui ne l'empêchait pas d'avoir des avis sur tout cela, et des plus péremptoires.
Reste que sa lecture offre encore de bons moments de rigolade (Sur Racine ... )

Belle analyse, très convaincante, à laquelle j'adhère volontiers puisqu'on se rejoint sur ce qui nous ramène au coeur de cette discussion: les suiveurs et les troisièmes couteaux qui ne sont que de plus ou moins mauvais copieurs, sans parler de la foule des photographes amateurs pas toujours très adroits.
Je crois qu'en tant qu'amateurs, doués ou pas, nous sommes condamnés à l'académisme et au formalisme, et c'est pour cela que nous devrions avant tout nous attacher aux photos souvenirs mettant en scène nos proches et nous-mêmes, ou les rencontres que nous pouvons faire au cours de nos voyages, car ce sont les seuls clichés qui auront un peu de valeur aux yeux de nos descendants.
Pour nos arrière-neveux, notre selfie fait au téléphone devant le Grand-Canyon sera sans doute beaucoup plus intéressant et émouvant que notre photo faite sur trépied au fond d'Antelope Canyon, semblable à des milliers d'autres prises par des milliers de photographes exactement au même endroit.
Tout ce qui peut être réglé dès la prise de vue gagne à l'être

madko

Citation de: Tonton-Bruno le Novembre 29, 2017, 09:10:25
Belle analyse, très convaincante, à laquelle j'adhère volontiers puisqu'on se rejoint sur ce qui nous ramène au coeur de cette discussion: les suiveurs et les troisièmes couteaux qui ne sont que de plus ou moins mauvais copieurs, sans parler de la foule des photographes amateurs pas toujours très adroits.
Je crois qu'en tant qu'amateurs, doués ou pas, nous sommes condamnés à l'académisme et au formalisme, et c'est pour cela que nous devrions avant tout nous attacher aux photos souvenirs mettant en scène nos proches et nous-mêmes, ou les rencontres que nous pouvons faire au cours de nos voyages, car ce sont les seuls clichés qui auront un peu de valeur aux yeux de nos descendants.
Pour nos arrière-neveux, notre selfie fait au téléphone devant le Grand-Canyon sera sans doute beaucoup plus intéressant et émouvant que notre photo faite sur trépied au fond d'Antelope Canyon, semblable à des milliers d'autres prises par des milliers de photographes exactement au même endroit.

C'est vrai, c'est là sans doute tout ce qui importera des photos que nous prenons,
mais avec un peu de chance, elles agiront sur la mémoire (celles que j'ai prises il y a des
années agissent déjà sur la mienne, en l'informant - au double sens de pallier ses manques
et de donner une forme à mes souvenirs), à la façon dont le tintement de la cloche du jardin
à Combray résonne à travers le temps dans le roman de Proust.

Et pourtant : nous ne sommes ni Proust, ni HCB, mais il ne nous est pas interdit,
même au moment de faire un selfie ou un portrait familial, de nous souvenir de ses compositions,
et de nous en inspirer à notre mesure, sans en faire un diktat ni tenir les propos du maître
pour parole d'évangile.

A ce propos, il y en a une, de phrase signée HCB, que j'aime bien, c'est quand il dit
que la netteté en photographie est un concept bourgeois. J'y pense chaque fois que je lis
quelque chose sur le piqué, et les optiques censées en produire un "de la mort qui tue".

Il faut non seulement regarder, mais aussi écouter Cartier-Bresson !

Tonton-Bruno

Citation de: madko le Novembre 29, 2017, 09:28:04
Et pourtant : nous ne sommes ni Proust, ni HCB, mais il ne nous est pas interdit,
même au moment de faire un selfie ou un portrait familial, de nous souvenir de ses compositions,
et de nous en inspirer à notre mesure, sans en faire un diktat ni tenir les propos du maître
pour parole d'évangile.
C'est exactement ça.
Tout ce qui peut être réglé dès la prise de vue gagne à l'être

B_M

Citation de: Tonton-Bruno le Novembre 29, 2017, 07:47:38
...
1) Il cherche sans arrêt à constituer des "scènes de genre" dont la dimension psychologique risque dans le futur d'apparaître stéréotypée.
2) Ses constructions géométriques ahurissantes de précision et de complexité risqueront d'être perçues comme trop formalistes et artificielles au fil des ans.
...

J'étais de cet avis.Je le trouvais même "froid". Mais depuis quelques temps, notamment avec la Fondation HCB, j'ai pu voir ses photos confrontées à celles d'autres grands photographes. Je trouve qu'elles "résistent" bien. Elle supportent largement la comparaison. Il a une réelle attention aux gens, assez respectueuse à mes yeux. (Walker Evans s'en sort moins bien sur ce plan.) En plus il lui reste quelques traces du surréalisme de sa jeunesse.
B_M
B_M

pichta84

Citation de: madko le Novembre 29, 2017, 09:28:04
C'est vrai, c'est là sans doute tout ce qui importera des photos que nous prenons, (...)
Il faut non seulement regarder, mais aussi écouter Cartier-Bresson !

Pour les écouter, il existe une série de 3 DVD d'interviews de tout une série d'artistes.
J'aime aussi lire leur livres (Depardon en a écrit beaucoup) et ceux qu'on a fait sur eux. Tous les artistes n'ont pas forcément une diffusion publique retentissante de leur œuvre, je pense à Vivian Maier, par exemple, parce qu'elle n'a probablement jamais pensé que ce qu'elle faisait présentait un grand intérêt.

La photographie présente beaucoup de similitude avec la peinture (en particulier avec les hyper réalistes), la culture occidentale est imprégnée des canons esthétiques de la Grèce antique, même si elle semble n'avoir été qu'un effet de mode récurent au cours de l'histoire de l'art. Je ne renie pas ces bases culturelles. Depuis le début du 20ième siècle, les cultures orientales et occidentales se sont mutuellement influencées pour le plus grand bien de tous, néanmoins, le rectangle d'or reste une perfection à mes yeux (Je résume tout ça dans divers articles de mon site).

S'informer est certainement une bonne chose, ça permet de mieux comprendre ce qu'on fait et pourquoi on le fait, ça permet aussi de mieux apprécier les productions des autres et d'en comprendre la qualité. Je suis persuadé qu'il faut trouver un juste équilibre entre "le plagiat" et "l'inspiration" pour donner le meilleur de soi. Ce qui fait toute la différence entre mes premières photos et celles que j'ai commencé à faire après une dizaine d'années de pratique, c'est que la plupart sont déjà réalisées dans ma tête bien avant que j'appuie sur le déclencheur. Je me trompe peut être, mais j'ai le sentiment que c'est à ce moment là que j'ai commencé à progresser. Mais outre que ma pratique était plutôt intense, j'avais lu une encyclopédie de l'histoire de l'art et côtoyé quelques artistes.

madko

Citation de: pichta84 le Novembre 29, 2017, 12:10:30
Pour les écouter, il existe une série de 3 DVD d'interviews de tout une série d'artistes.
J'aime aussi lire leur livres (Depardon en a écrit beaucoup) et ceux qu'on a fait sur eux. Tous les artistes n'ont pas forcément une diffusion publique retentissante de leur œuvre, je pense à Vivian Maier, par exemple, parce qu'elle n'a probablement jamais pensé que ce qu'elle faisait présentait un grand intérêt.

La photographie présente beaucoup de similitude avec la peinture (en particulier avec les hyper réalistes), la culture occidentale est imprégnée des canons esthétiques de la Grèce antique, même si elle semble n'avoir été qu'un effet de mode récurent au cours de l'histoire de l'art. Je ne renie pas ces bases culturelles. Depuis le début du 20ième siècle, les cultures orientales et occidentales se sont mutuellement influencées pour le plus grand bien de tous, néanmoins, le rectangle d'or reste une perfection à mes yeux (Je résume tout ça dans divers articles de mon site).

S'informer est certainement une bonne chose, ça permet de mieux comprendre ce qu'on fait et pourquoi on le fait, ça permet aussi de mieux apprécier les productions des autres et d'en comprendre la qualité. Je suis persuadé qu'il faut trouver un juste équilibre entre "le plagiat" et "l'inspiration" pour donner le meilleur de soi. Ce qui fait toute la différence entre mes premières photos et celles que j'ai commencé à faire après une dizaine d'années de pratique, c'est que la plupart sont déjà réalisées dans ma tête bien avant que j'appuie sur le déclencheur. Je me trompe peut être, mais j'ai le sentiment que c'est à ce moment là que j'ai commencé à progresser. Mais outre que ma pratique était plutôt intense, j'avais lu une encyclopédie de l'histoire de l'art et côtoyé quelques artistes.

Tu as donc pu vérifier (comme bon nombre d'entre nous, je suppose), ce constat
d'HCB : on rate ses 10 000 premières photos avant (peut-être) d'en réussir une ;-)

aldau

Bonjour, pour éclairer (un peu) notre nouvel arrivant voici une photo que j'aime bien car elle illustre ce que je voyais à ce moment là, du dynamisme, un sujet bien vivant et des éléments qui renseignent immédiatement sur le pays dans lequel est prise cette photo. J'ai bien sûr pensé quand même à la composition en soignant la position du gamin par rapport aux véhicules si (trop?) caractéristiques.
Amicalement
aldau
Asi pasan los dias

egtegt²

Pour revenir à quelque chose de plus terre à terre, j'ai toujours trouvé que le plus difficile dans la photographie n'était pas de définir les grandes lignes de la composition mais de gérer les détails. Positionner un modèle parfaitement dans l'image, c'est bien, mais si un poteau lui sort de la tête ou si ses yeux arrivent exactement au niveau de l'horizon, c'est foutu. Et au moment de prendre la photo, on est tellement concentré sur le modèle lui même qu'on a tendance à oublier le reste.

Je pense que c'est là que les 10000 photos de HCB prennent tout leur sens. A la 10000°, tu commences à avoir raté un peu tout ce que tu pouvais et tu commences à savoir comment éviter les plus gros pièges. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai montré cette photo de Verso92 plus haut. Je ne le connais pas personnellement mais il a visiblement quelques heures de vol derrière lui  ;), et ça se sent sur ses photos, même les moins réussies : il y a rarement de gros défauts. Pour les qualités, il est comme tout le monde, il a des hauts et des bas, mais il n'y a pas d'erreur de débutant.

En fin de compte, il n'y a pas de secret : ça prend du temps.

Au sujet de HCB, une des choses qui a mon avis a fait une partie de son succès, c'est qu'il a beaucoup photographié des gens ordinaires, et son style est en fin de compte assez proche des photos de famille que tout un chacun peut faire (j'ai parlé de style, pas de qualité ;) ). Pour moi c'est également une sorte d'idéal : si j'arrivais à faire des photos de famille qui ressemblent à ses photos, je considérerais que je n'ai plus rien à apprendre ... c'est pas près d'arriver  :-\

madko

Citation de: egtegt² le Novembre 29, 2017, 17:13:39
Pour revenir à quelque chose de plus terre à terre, j'ai toujours trouvé que le plus difficile dans la photographie n'était pas de définir les grandes lignes de la composition mais de gérer les détails. Positionner un modèle parfaitement dans l'image, c'est bien, mais si un poteau lui sort de la tête ou si ses yeux arrivent exactement au niveau de l'horizon, c'est foutu. Et au moment de prendre la photo, on est tellement concentré sur le modèle lui même qu'on a tendance à oublier le reste.

Je pense que c'est là que les 10000 photos de HCB prennent tout leur sens. A la 10000°, tu commences à avoir raté un peu tout ce que tu pouvais et tu commences à savoir comment éviter les plus gros pièges. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai montré cette photo de Verso92 plus haut. Je ne le connais pas personnellement mais il a visiblement quelques heures de vol derrière lui  ;), et ça se sent sur ses photos, même les moins réussies : il y a rarement de gros défauts. Pour les qualités, il est comme tout le monde, il a des hauts et des bas, mais il n'y a pas d'erreur de débutant.

En fin de compte, il n'y a pas de secret : ça prend du temps.

Au sujet de HCB, une des choses qui a mon avis a fait une partie de son succès, c'est qu'il a beaucoup photographié des gens ordinaires, et son style est en fin de compte assez proche des photos de famille que tout un chacun peut faire (j'ai parlé de style, pas de qualité ;) ). Pour moi c'est également une sorte d'idéal : si j'arrivais à faire des photos de famille qui ressemblent à ses photos, je considérerais que je n'ai plus rien à apprendre ... c'est pas près d'arriver  :-\

"Essayer. Rater. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux." (Samuel Beckett, Cap au pire)

Une bonne devise pour les photographes.

Verso92

Citation de: egtegt² le Novembre 29, 2017, 17:13:39
Au sujet de HCB, une des choses qui a mon avis a fait une partie de son succès, c'est qu'il a beaucoup photographié des gens ordinaires, et son style est en fin de compte assez proche des photos de famille que tout un chacun peut faire (j'ai parlé de style, pas de qualité ;) ). Pour moi c'est également une sorte d'idéal : si j'arrivais à faire des photos de famille qui ressemblent à ses photos, je considérerais que je n'ai plus rien à apprendre ... c'est pas près d'arriver  :-\

Tiens, c'est étonnant : je ne vois pas du tout les photos de HCB comme des photos-de-famille-like...

egtegt²

Citation de: Verso92 le Novembre 29, 2017, 20:58:53
Tiens, c'est étonnant : je ne vois pas du tout les photos de HCB comme des photos-de-famille-like...

J'aurais dû écrire "Photo souvenir"  ;), mais ce que je voulais dire, c'est que si j'arrivais à faire un jour une photo aussi maîtrisée que celle-ci mais avec ma famille, je pourrais mourir heureux. Et j'arrive à imaginer faire une photo de vacances qui pourrait ressembler à ce genre de photographie. Alors que d'autres photographes peuvent m'attirer autant qu'HCB mais je n'imagine pas faire des photos comme les leurs.

En résumé, je trouve qu'il fait des photos proches des gens.

Edit : en passant, quelles règles HCB a-t-il suivies sur cette photo ? En dehors de la ligne des visages qui est à peu prés sur la ligne du tiers en bas, le bonhomme qui attire tout de suite l'attention est bien centré, et les fenêtres arrangées au petit bonheur la chance et deux des enfants sont vraiment bord cadre. Et pourtant c'est une des compositions les plus magistrales que j'aie jamais vues.

Et en plus ça penche plus qu'un peu. J'aimerais la voir présentée sur le forum critique :)

Seb Cst

Ben il a utilisé la règle des tiers tout simplement comme tu dis. Pas besoin d'autre chose.
(Oui le tiers horizontal inférieur pour être précis: toutes les têtes sont  à peu près dans cet alignement en particulier le regard de l'enfant de gauche)
Cette ligne était certainement un réflex visuel pour HCB: il n'avait pas besoin d'y penser car c'était enregistré depuis longtemps.

Le mur blanc écrasé de soleil, qui occupe les 2/3 tiers restants écrase à son tour les protagonistes de l'image: des enfants entrent de toutes parts dans le cadre et enserrent l'homme mûr. Comme un conflit de générations à venir sous l'implacable lumière du sud.

Il y a  du graphisme et du symbole dans cette image.
Madrid 1933... Trois ans plus tard la guerre civile. Une volonté de changement étouffée dans le sang par les malchances et les volontés de l'Histoire.

madko

Citation de: Verso92 le Novembre 29, 2017, 20:58:53
Tiens, c'est étonnant : je ne vois pas du tout les photos de HCB comme des photos-de-famille-like...

Celle-ci me rappelle le bon vieux temps de l'alphabet ;-)

https://www.chassimages.com/forum/index.php/topic,184727.25.html