Le Japon côté sud

Démarré par Stepbystep, Février 03, 2022, 17:07:56

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Stepbystep

Si le cœur vous en dit, je vous propose un voyage effectué en 2014 dans la partie sud du Japon, souvent moins visité par les touristes. J'avais déjà posté une partie de ce voyage, mais suite à différentes vicissitudes, il s'était retrouvé vidé de sa substance.

Photos et textes de 2014

Samedi 12 juillet 2014, 10h20, mon vol décolle de Roissy Charles de Gaulle. Destination finale : Fukuoka au Japon, après 2 escales Francfort et Nagoya et quelques 16H30 de voyage.

  A peu près un mois avant, j'ai finalisé le circuit que je voulais faire, définit le programme des visites à faire et réservé les vols internationaux et domestiques ainsi que les hôtels. Seuls les voyages en train et en cars ne sont pas réservés, mais je prendrais les billets au fur et à mesure. 

  J'ai aussi acheté un JR Kyushu Pass de 3 jours qui me permettra de voyager en train de manière illimité.

  Je prends mon premier vol, assez court, et une heure vingt plus tard, j'arrive à l'aéroport de Francfort. Aéroport que je connais très bien car à une époque, je faisais de nombreux déplacements professionnels dans cette ville. Escale sans problème et j'embarque pour Nagoya. Depuis la fin des années 90, le confort des longs courriers s'est nettement amélioré et on a aujourd'hui la possibilité de voir de nombreux films récents sur l'écran LCD fixé sur le siège de devant. Pour moi qui n'arrive jamais à dormir dans les avions, je peux facilement regarder 5 ou 6 films pendant les 11h25 que dure le vol et du coup celui-ci me paraît beaucoup plus court.



  Arrivé  à Nagoya, je me dirige avec les milliers de voyageurs qui débarquent de plusieurs vols vers le contrôle des passeports. C'est probablement la partie la plus désagréable quand on arrive au Japon. La scène peut-être particulièrement impressionnante quand on arrive à Tokyo.

  A Nagoya, je mettrais 45 minutes pour passer le contrôle. Je file vers les tapis roulants afin de récupérer mon bagage pour pouvoir ensuite me faire réenregistrer pour le vol suivant. J'ai des doutes sur la possibilité d'attraper le vol suivant, mais je veux encore y croire.

  Les bagages  commencent  à arriver sur le tapis et au fur à mesure  que le temps passe, je commence à comprendre et très vite j'en acquiers la certitude. Mon bagage n'est pas arrivé à Nagoya.

  Je repère rapidement les jeunes filles en charge de traiter les réclamations et je leur explique le problème. Elles font quelques recherches et  m'indiquent que mon bagage n'est pas arrivé à Francfort et n'a donc pas suivi. Il faut donc faire une déclaration de perte de bagages.

  La principale difficulté au Japon pour un gaïjin (littéralement personne de l'extérieur), c'est la communication. Ce qu'il faut comprendre au Japon, c'est que lorsqu'on a affaire à l'administration, à une institution ou à des salariés d'une grande entreprise : il faut leur faire confiance, être patient, expliquer son  problème, plusieurs fois à différentes personnes si nécessaire et surtout ne jamais s'énerver. Dans certains cas, si on essuie un refus, il faut aussi savoir insister tout en restant calme.

  Souvent aussi, il arrive que les japonais discutent entre eux du problème, en japonais bien sûr, et on à l'impression d'être démuni face à une situation à laquelle on ne comprend pas grand-chose. Heureusement, comme j'ai préparé mon itinéraire à l'avance, je suis en mesure d'indiquer tous les hôtels où je séjournerai avec les dates ainsi que les numéros de téléphone.

  Après 20 à 30 mn qui m'ont paru interminables, le formulaire est rempli, le dossier constitué avec toutes les informations. La jeune fille me donne en plus un enveloppe préaffranchie avec l'adresse de Lufthansa au Japon avec un formulaire à remplir que je devrais envoyer si mon bagage n'est pas retrouvé au bout de 3 jours.

  Bien sûr, j'ai raté mon vol. La jeune fille m'emmène alors dans une autre partie de l'aéroport où on m'enregistre sur le prochain vol à destination de Fukuoka, 20 minutes plus tard.

  Je pars donc avec mes seuls biens, c'est à dire ce que j'ai sur moi et mon sac photo qui heureusement contient tout mon matériel photo ainsi que mon pc portable.




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  Entre le 8 et le 12 juillet, le typhon Neoguri, un des typhons les plus violents depuis 15 ans, a traversé le Japon, du sud au nord, laissant un ciel nuageux et quelques pluies qui mettront plusieurs jours à disparaître.

  Après un bref passage à l'hôtel, je pars vers le premier lieu que j'ai prévu de visiter, le sanctuaire de Dazaifu.



  Dazaifu est une petite ville située à une quinzaine de kilomètres de Fukuoka, célèbre pour son sanctuaire shinto, Daizafu Tenman-Gû. A partir de Fukuoka, on prend la Nishintetsu-Omuta line et il faut ensuite changer à Nishitetsufutsukaichi. Le trajet prend une demi-heure.

A la sortie de la gare, il faut prendre une rue piétonne bordée de commerces et de restaurants pour se rendre au sanctuaire.



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#2
  Le sanctuaire a été élevé à la mémoire de Sugawara no Michizane. Né en 845, dans une famille d'érudits au service de l'empereur. Il occupe différents postes lui permettant de gravir les échelons de la hiérarchie jusqu'à ce qu'à la faveur d'un remaniement politique, il soit nommé ministre et conseiller de l'empereur. mais le clan Fujiwara, qui avait occupé la régence jusqu'à la majorité de l'empereur, vit d'un mauvais oeil cette ascension d'un simple fonctionnaire et complota pour le disgracier aux yeux de l'empereur. En 901, il est exilé loin de la cour de Kyoto, à Dazaifu, et mourra dans la solitude 2 ans plus tard.

  Michizane était aussi un poète reconnu, spécialiste de la poésie chinoise. A l'époque, les fleurs de prunier étaient admirées de la même manière qu'aujourd'hui les japonais admirent les fleurs de cerisiers. Michizane y consacra de nombreux poèmes. et dans sa résidence de Kyoto, il avait un prunier qu'il affectionnait particulièrement.



  Une légende raconte que lors de son exil, il fût désespéré de devoir quitter son prunier tant aimé. Il composa alors un poème :

"Lorsque souffle le vent de l'est, épanouissez-vous en pleine floraison, vous, fleurs de prunier! Même si vous perdez votre maître, ne soyez pas oublieuses du printemps."

  Après son départ, le prunier  commença à dépérir, se languissant lui aussi de son maître. Un soir de pleine lune, il enleva une à une ses racines de la terre et profitant des alizés soufflant en direction de Dazaifu, s'envola pour aller rejoindre son maître.



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 En 903, son fidèle serviteur et quelques voisins s'occupèrent de son enterrement. Son cercueil fût déposé sur un chariot tiré par un bœuf. Mais pendant qu'ils cheminaient vers le lieu où Michizane devait être enterré, le bœuf se coucha au milieu du chemin et refusa de bouger. Cela fût interprété comme un signe divin et ils prirent la décision de l'enterrer là où le bœuf s'était couché.



  Dans les sanctuaires qui lui sont  consacrés, on peut aussi voir des statues du bœuf qui s'est couché.

  Caresser les cornes et le museau est censé apporter chance. Avec le temps, ces parties sont devenues brillantes.


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  Mais l'histoire de  Michizane ne s'arrête pas là.  Après sa mort, la lèpre et la sécheresse se répandent dans la capitale et plusieurs fils de l'empereur meurent. La salle des grandes audiences est frappée plusieurs fois par la foudre et des pluies torrentielles s'abattent sur la ville de Kyoto, provoquant de graves inondations.

  Ces catastrophes furent attribuées à la colère de l'esprit de Sugawara no Michizane. Un sanctuaire shinto, nommé kitano Tenman-Gû,  fut alors construit à Kyoto en son honneur.

  Mais, ce fût 70 ans plus tard que Michizane fut déifié sous le nom de Tenjin-sama, le kami (dieu) des études et de la culture.




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  Les écoliers et étudiants japonais ont l'habitude de lui adresser leurs prières de réussite aux examens.



  La religion shinto (littéralement « la voie des dieux ») est la religion la plus ancienne du Japon. Elle est basée sur le caractère sacré de la nature et considère l'homme comme un élément d'un grand tout. C'est une religion polythéiste. Issus de l'essence de l'univers, les flux créant la vie incarnent une multitude de kamis ou divinités qu'on retrouve dans les cours d'eau, un astre, une personne charismatique ou dans une simple pierre. La mythologie shinto indique qu'il existe 8 millions de kamis.

  Les femmes peuvent aussi accéder à la prêtrise. A ne pas confondre avec les miko, qui sont des assistantes et qu'on voit souvent dans les temples shinto.  Les miko sont reconnaissables à leur hakama rouge.


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  Dans les tempes shinto, des petites boutiques, tenues par des miko proposent, entre autres, différentes amulettes (Omamori), des plaquettes de vœux en bois (Ema) et des petits papiers contenant des prédictions (Omikuji).






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  Ci-dessous, des Omikuji, petits papiers divinatoires.



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Retour à Fukuoka. Je n'ai pas choisi la période par hasard, le lendemain doit avoir lieu le festival Hakata Gion Yamakasa. Dans différents lieux de la ville, on peut voir des participants qui se préparent.






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  Originellement, les chars utilisés pour la course pouvaient faire 15-16 mètres de haut. mais à l'ère Meiji de nombreuses lignes électriques ont été posées rendant le passage impossible pour ces chars.

  Aujourd'hui, on a 2 type de chars. Les kazari-yamakasa qui sont purement décoratifs, ils sont exposés à des endroits précis d'Hakata, font 10 à 12 mètres de haut et les kaki-yamakasa qui sont les chars qu'on porte aujourd'hui, ils font environ 5-6 mètres et pèsent 1 tonne.

  Les kazari-yamakasa ont 2 faces une face représentant des personnages historiques et une face reprenant des personnages de dessins animés. Les personanges sont confectionnés par les artisans du quartier.






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  Fukuoka est très réputée pour ses yatai, petites échoppes ambulantes  et conviviales où les habitants aiment se retrouver le soir.

  On dit qu'il y en aurait plus de 200 dans la ville.

  Chaque jour, ils sont montés en début de soirée et démontés avant l'aube.








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Un groupe rencontré en cours de soirée.



Fukuoka la nuit.






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Un des temples de l'électronique et de la photo, ouvert jusqu'à des heures improbables.





La suite plus tard, si ça vous intéresse.  :)

AlainNx

Merci Stepbystep
Par ces temps où les voyages sont encore compliqués, tu nous aide à supporter l'adversité.

ViB

Ça ressemble à un album de famille

Stepbystep

Citation de: AlainNx le Février 03, 2022, 18:47:25
Merci Stepbystep
Par ces temps où les voyages sont encore compliqués, tu nous aide à supporter l'adversité.

Merci Alain.

Midship

Beau voyage . Je retrouve bien l'ambiance de cet archipel dans tes images.

jbpfrance

Beau reportage, belles photos au pays de la photo... et çà se voit !

emvri85


AlainNx


ARGNUM

Très bien ficelé tout cela. L'impression de marcher à coté de toi, de progresser dans la ville. Servi par des images soignées et un commentaire agréable.
Merci pour ce partage. J'attends bien sur la suite avec gourmandise.
Olivier


Stepbystep

Merci pour vos commentaires.  :)

Stepbystep

  15 juillet, jour de la course. Trois heures du matin, il faut se lever. La course commence précisément à 4h59 et je tiens à arriver en avance afin de repérer les lieux et essayer de me trouver une bonne place.

  Après un petit-déjeuner frugal, du thé et quelques biscuits, me voici parti dans les rues de Fukuoka.

  Ici, on prépare le repas des porteurs.



  Sur le chemin, je crois des participants