Trains, fil ouvert...

Démarré par rail77, Mai 18, 2013, 01:29:18

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DNphoto

Citation de: TYBOR le Avril 15, 2017, 11:11:11
Bonjour,
J' aime beaucoup cette livrée verte et rouge qui me rappelle certaines vieilles machines françaises des années d'après-guerre...
Ce rouge à vocation à servir d'avertissement, pour la visibilité des trains qui arrivent.

il est vrai que de nombreux engins ont du rouge à l'avant, mais ça ne sert strictement à rien pour la visibilité.
la meilleure façon de rendre un train visible est de rouler avec les phares allumés.

TYBOR

Bonjour,
J'aurai peut être du dire "avait".
Tant il est vrai que les matériels anciens disposaient d'un éclairage moins fiable...
Des bandes de visibilités ont donc bien été ajoutées (jaunes, rouge ou oranges) sur les faces frontales des rames de la banlieue parisienne... Et la livrée des autorails, jusqu'aux années 80, était le rouge et le jaune pâle.

rail77

Bonjour
Une photo faite tout à l'heure à Chevilly, au nord d'Orléans, avec cette BB 7200 qui passe derrière un champ de colza en fleurs.
Train Intercités n° 14049 Paris-Austerlitz - Orléans.
J'ai remarqué que le sol est sec, archi-sec, alors que l'an passé, au même endroit, tout a été inondé lors des intempéries de fin mai/début juin. C'était au point que le champ de colza que vous voyez ressemblait plutôt à un étang. Et il avait fallu attendre la fin de l'été pour que le trop plein d'eau se résorbe enfin.
Amitiés
Pierre

amonre

ambiance d'autrefois (Mariembourg, festival de la vapeur)

amonre

une autre
une belle allemande d'autrefois

stratojs

Bonjour,
Une image faite "à l'arrache" pour ce fil.

rail77

Bonsoir.
Il y a quelques temps, j'avais promis de vous poster les photos du Mistral, prises par mon père.
Je viens de les scanner rapidement et j'espère que vous voudrez bien m'excuser de leur qualité parfois pas optimale (mon père a parfois été atteint de "penchitude" sur certains clichés), mais elles ont le mérite d'exister et ont aujourd'hui une valeur historique.

SPOTMATIK

#1757
Citation de: rail77 le Avril 19, 2017, 16:59:11
C'était au point que le champ de colza que vous voyez ressemblait plutôt à un étang. Et il avait fallu attendre la fin de l'été pour que le trop plein d'eau se résorbe enfin.
...... et il en subsiste encore plein de rouille sur les supports de caténaires ......... désolé , mais le pollen du colza peut faire interprêter , comme le 2 TGV dont un double l'autre ........

humoristiquement contemplatif ......

rail77

Avant toutes choses, présentons ce train célèbre.

"Le Mistral" est un vent violent et froid soufflant dans le couloir rhodanien suite à des dépressions localisées sur la mer Méditerranée. C'est aussi le nom de l'écrivain Frédéric Mistral (1830 - 1914), qui contribua activement au rayonnement de la langue provençale.
Mais pour le passionné de chemins de fer, c'est aussi le train le plus prestigieux de la SNCF, qui de 1950 à 1982 relia Paris à Lyon, Marseille et Nice et dont le nom, tout en faisant référence au vent et à l'écrivain cités ci-dessus, était à la fois synonyme de performances de vitesse et d'un confort exceptionnel, aujourd'hui disparu.
Créés le 15 mai 1950 entre Paris et Marseille à l'occasion de la mise sous tension de la section Laroche-Migennes - Dijon, première étape de l'électrification Paris - Lyon - Marseille, les rapides 1et 2 sont destinés à remplacer les rapides 33 et 34 mis en service en 1947.
Dénommés "Le Mistral", ces trains ne comportent alors que des voitures de 1ère et de 2ème classe (jusqu'en 1956 il y avait trois classes), dont deux voitures Pullman.
La traction est alors confiée à des Pacific 231 G ou H, la section nouvellement électrifiée étant cependant du ressort des 2D2 9100.
Les 862 km du trajet Paris - Marseille sont alors abattus en 10h03 (10h06 au retour), à la vitesse maximale de 120 km/h.
Une correspondance pour Nice est assurée dans la cité phocéenne au moyen d'un autorail Bugatti à essence.
D'emblée, le succès est au rendez-vous et le Mistral trouve sa clientèle, d'autant plus qu'à cette époque la concurrence, tant routière qu'aérienne, est quasiment inexistante.
Dès le service d'hiver 1950/1951, le parcours Paris - Dijon est entièrement électrifié, ce qui permet de sensibles accélérations.
Il en sera de même le 5 juin 1952 lorsque la caténaire atteint Lyon, les toutes nouvelles CC 7100 prenant au passage le relais des 2D2.
Au-delà de la cité des Gaules, les locomotives à vapeur 241 P prennent en charge Le Mistral jusqu'à Marseille.
A l'hiver 1952, le train est enfin prolongé de Marseille à Nice, avec d'abord des 231 G ou H, puis des 141 R alimentées au mazout à partir de 1954, afin de limiter les risques d'incendie dans le massif de l'Esterel.
Dès 1953, une première voiture en acier inoxydable, d'un type entièrement nouveau, avec chauffage par air pulsé, fait son apparition.
Elle servira de prototype à une nouvelle série de voitures, spécialement construites pour le Mistral.
Celles-ci seront mises en circulation au service d'été du 3 juin 1956.
La suppression de la 3ème classe en Europe a pour effet de transformer le Mistral en un train rapide composé uniquement de voitures de première classe.
Le nouveau matériel, c'est une première, est doté de la climatisation, laquelle sera également installée sur les voitures Pullman et restaurant affectées à ce train.
En 1957, les BB 9200, aptes à 160 km/h, prennent en charge le Mistral et effectuent le trajet Paris - Lyon en exactement 4h, les 5&1 km du parcours étant couverts à une vitesse commerciale de 127,7 km/h.
Cela constitue alors un record mondial.
Le 30 juin 1962, Paris - Marseille est enfin entièrement sous caténaires.
Cela permet un temps de parcours de 7h10, tandis que Paris - Nice est alors effectué en 10h19, la traversée de la Côte d'Azur étant désormais confiée à des Diesel BB 67 000.
le 30 mai 1965, le Mistral intègre le label "Trans Europ Express" (TEE) et les voitures inox reçoivent alors un bandeau rouge rappelant cette distinction prestigieuse.
Le 9 février 1969, à la faveur de la mise en service de la traction électrique entre Marseille et Nice, les nouvelles voitures "Mistral 1969", toujours en acier inoxydable, font leur apparition, avec notamment la célèbre voiture "bar-spécial" de type Arux, avec sa boutique, son secrétariat et surtout son salon de coiffure.
Par ailleurs, l'extension des zones autorisées à 160 km/h et l'introduction des magnifiques et puissantes CC 6500 sur Paris - Marseille et des BB 25200 entre Marseille et Nice, permettent de nouvelles accélérations.
Les meilleures performances sont réalisées en 1972 : Paris - Lyon en 3h47, Paris - Nice en 9h01.
Mais le TGV va bientôt entrer en scène.
Sa mise en service, le 27 septembre 1981, va signer l'arrêt de mort du Mistral : changement de numéros, perte du label TEE et composition remaniée avec introduction de voitures Corail de 2ème classe.
Le sursis sera de très courte durée car dès le 23 mai 1982, à la faveur de l'introduction de TGV directs entre Paris et Marseille, le Mistral disparait définitivement du paysage ferroviaire français, qu'il a pourtant fortement marqué de son empreinte pendant plus de 30 ans.
Aujourd'hui, certaines voitures servent de train-exposition, tandis que d'autres ont été envoyées à Cuba où elles circulent toujours.

Voilà pour le rappel historique.
Passons maintenant aux photos.

rail77

Paris-Gare-de-Lyon le 14 octobre 1950.
Alors que la traction électrique a été mise en service quelques semaines auparavant, le Mistral est prêt à quitter la capitale, au crochet de la 2D2 9110.
(Sauf mention contraire, toutes les photos sont de mon père, Jacques Bazin)

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Moins d'un an plus tard, le 23 septembre 1951, c'est la 2D2 9104 qui va emmener le Mistral jusqu'au terme de sa première étape, à Dijon.

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20 février 1953, toujours à Paris-Gare-de-Lyon.
Les CC 7100, ici la 7105, ont pris le relais des 2D2 9100.

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Un autre cliché pris le même jour.
On remarque la présence de cheminots et d'un photographe qui tient un trépied.

rail77

Le 20 juin 1953, cette fois c'est la CC 7103 qui est en charge du Mistral.
Mon père empruntera ce train jusqu'à Dijon, première étape d'un périple ferroviaire qui durera jusqu'au 6 juillet suivant, où il parcourra de nombreux réseaux de chemins de fer secondaires et de tramways à travers tout le sud et l'ouest du pays et dont il ramènera de nombreux clichés.

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Dimanche 25 avril 1954.
Toujours à Paris-Gare-de-Lyon.
Cette fois, c'est une toute autre raison qui conduit mon père à emprunter Le Mistral.
Il part en effet en voyage de noces et la jeune femme qui pose devant la locomotive n'est autre que ma mère.
Onze mois plus tard, la CC 7107 deviendra célèbre, puisque le 28 mars 1955, elle atteindra la vitesse de 331 km/h, record mondial qu'elle co-détiendra avec la BB 9004 jusqu'en 1981 et l'avènement du TGV.

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Brunoy, 4 juillet 1964.
Le Mistral, tracté par une BB 9200, possède désormais une plaque distinctive accrochée à l'avant de la locomotive.
La composition est typique de l'époque avec  derrière la machine le fourgon générateur pour la climatisation, la voiture Pullman, la voiture-restaurant de la compagnie des Wagons-Lits et les voitures en acier inoxydable modèle "Mistral 1956".
Ces dernières voitures ont pour partie trouvé refuge en Afrique, pour être transformées à l'écartement métrique et assurer le train Dakar - Bamako.

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CC 6500 et voitures "Mistral 1969".
Dans sa composition typique des années 1970, le Mistral traverse la petite gare de Thomery, perdue au milieu de la forêt de Fontainebleau.

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Moret-les-Sablons (aujourd'hui Moret-Veneux-les-Sablons), 6 septembre 1964.
BB 9200 + fourgon générateur, voiture Pullman et voiture-restaurant des Wagons-Lits.
Le Mistral traverse la gare qui marque le point de séparation entre la ligne Impériale Paris - Lyon - Marseille et la ligne du Bourbonnais Paris - Clermont-Ferrand.

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Même gare le 9 août 1969 mais avec cette fois-ci une BB 9200 et les toutes nouvelles voitures "Mistral 1969" récemment mises en service.

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10 ans plus tard, en août 1979, cette CC 6500 franchit le viaduc de Saint-Mammès, haut-lieu de la batellerie fluviale et remorque des voitures Mistral 1969 avec en tête le fourgon générateur, nécessaire à la climatisation de la rame.
Hormis les peupliers qui ont pas mal poussés depuis, le lieu a très peu changé et il est toujours possible de prendre un cliché assez similaire, mais sans le Mistral.

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Je vous livre ici la légende écrite par mon père au dos de la photo :
Le Rapide 1 "Le Mistral" Paris - Marseille du samedi 14 octobre 1950 remorqué par la 2D2 9110 en gare de Dijon-Ville venant d'effectuer le parcours Paris - Dijon - 314,4 km en 2h43' (Moyenne commerciale 115,73 km/h.

Visiblement mon père, qui venait d'emprunter pour la première fois Le Mistral, était émerveillé par la performance accomplie et qui si elle parait banale de nos jours, semblait alors extraordinaire.

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Trois ans plus tard, au même endroit, le 20 juin 1953, mais avec la CC 7103.

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Lyon-Perrache, le 25 avril 1954.
Mes parents viennent d'achever la première étape de leur voyage de noces à bord du Mistral.
La traction électrique s'arrête alors dans la cité des Gaules et c'est cette locomotive 141 P qui va prendre le relais jusqu'à Marseille.
Plus de soixante ans plus tard, ma mère parle encore du confort exceptionnel de la voiture Pullman, qu'elle découvrait à cette occasion.

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Lyon-Perrache, le 17 mai 1956.
La 241 P 12, arborant sa plaque distinctive, vient d'arriver en gare avec le train de sens pair, en provenance de Nice et Marseille.

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Marseille-Saint-Charles le 17 mai 1956.
La 241 P 12 est en tête de la tranche Marseille - Paris, avant que celle-ci ne soit raccordée aux voitures en provenance de Nice.
Cette photo et la précédente me permettent d'en conclure que mon père avait emprunté ce train, au moins de Marseille à Lyon. J'ai par ailleurs plein de photos de tramways de Marseille qui ont été pris ce jour-là et la veille.