Grand photographe et matos simple

Démarré par pourquoipas, Décembre 06, 2012, 20:55:03

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Benaparis

Citation de: rickyfirst le Décembre 12, 2012, 13:44:14
Ce sont des photographes du hasard.

Hasard évidemment personne n'a dit le contraire, en revanche elles ne sont pas gratuites et c'est bien là que la différence se fait. Encore une fois tu ne peux balayer d'un revers de mains les choix opérés.
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Nikojorj

Citation de: rickyfirst le Décembre 12, 2012, 13:44:14
La photo, qui nous intéresse ici, celle de rue, sera ratée ou réussie sur des critères indépendants de la volonté seule du photographe, parmi ceux ci, le plus important: la bonne imbrication des formes, des éléments, dans une moindre mesure, de la lumière [...]
Et c'est bien là tout le travail du photographe : le choix du cadrage et de l'instant de déclenchement au premier lieu, et ensuite celui de sélection.

Benaparis

#227
Citation de: rickyfirst le Décembre 12, 2012, 14:48:57
Dans les deux cas tu es tributaire du hasard, et dans une moindre mesure de ta faculté à le voir et en faire quelque chose de photographoquement intéressant.

Je ne vois pas en quoi le hasard enlève quoi que ce soit à l'œuvre? Seule la photo ou tout est construit n'aurait de valeur dans la mesure où toute les composantes de la prise de vue seraient parfaitement maitrisées?

Tu sembles confondre hasard et gratuité, AMHA.

La chance, comme tu dis, cela se provoque, il faut aller la chercher...de la manière dont tu parles des "street photographers"  on dirait des glandeurs qui respirent l'air du temps et ne mettent aucune implication dans leur travail, ne se fiant qu'au bon vouloir du hasard. Souvent dans leur travail il y a de la cohérence dans les images retenues/celles qui nous sont montrées, un fil conducteur se dessine, une patte, une empreinte...là on sort du hasard pur et dur et on arrive dans les intentions/demarche de l'auteur.
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Stéphane Hette

Oui, oui, la chance et le hasard ... des ingrédients tout au plus. Quand la chance se reproduit plusieurs centaines de fois est-ce un hasard ?   
Si oui alors les grands photographes ont de la chance ;)

Nikojorj

Citation de: rickyfirst le Décembre 12, 2012, 14:48:57
Pour ce qui est de la sélection, c'est somme toute assez simple: ne garder que les images intéressantes,
En fait c'est superfacile de faire des chefs-d'oeuvre, c'est ça? ;)

Citationpour le photographe, ou, mieux encore s'il ça à disposition: un oeil proche et extérieur.
Pas d'accord non plus. C'est au créateur de faire son boulot, point. S'il se ment à lui-même tant pis pour lui (il ne fera pas de chefs-d'oeuvre ;) ;) ).

Benaparis

#230
Citation de: rickyfirst le Décembre 12, 2012, 15:29:17
Je ne pense pas. Les images de rue ne sont pas des images faites mais des images reçues, le photographe ne fait qu'appuyer sur un bouton qui va ouvrir une fenêtre qui va enregistrer la chose vue.

Regarder en cherchant à voir, telle est, du moins pour les bons photographes humanistes, leur devise ; parfois ils voient quelque chose, mais cette faculté n'a rien à voir avec un quelconque travail, si ce n'est à considérer que l'habitude dans ce cas est un travail. Mais même si cela était, l'habitude (ou le travail donc) ne sont pas suffisants pour assurer au photographe un résultat intéressant. Il le sera lorsque tout sera en harmonie dans son cadre, cela relève du hasard qui consiste à ètre au bon endroit au bon moment (où est ce? quand?) à se rendre compte qu'on y est et à déclencher à ce moment là.

A tel point  ce n'est pas un travail, ni même une habitude: des grands maîtres ne réussissent pas à tous les coups, alors que des débutants font parfois, assez souvent, des images de rue fantastiques.

on dirait des glandeurs qui respirent l'air du temps et ne mettent aucune implication dans leur travail, ne se fiant qu'au bon vouloir du hasard

C'est pourtant le cas, pour les plus connus et reconnus (sans reconnaitre pour ma part le terme ·glandeur·, se promener, déambuler, regarder, est bien autre chose que glander, c'est simplement vivre).

J'ai bien compris ce que tu disais, je ne remet pas en cause la part de hasard, comme je te l'ai dit il se provoque...de plus ces photographes font énormément de photos et en jettent beaucoup pour ne garder justement que celles qui correspondent à leur vision à ce qu'ils ont envie de transmettre...c'est un peu comme des chercheurs d'or qui doivent passer au tamis des tonnes de terre pour trouver quelques grammes d'or, les grands spécialistes ont ce talent de mieux sentir les filons.
Comme tu le dis toi même (et fort bien d'ailleurs) ils vivent et donc ont ce pouvoir de retranscrire la vie sous un angle qui traduit leur vision...Que tu le veuilles ou non c'est un vrai travail avec toutes les frustrations qui vont avec...
Mais encore une fois je ne vois pas en quoi la part de hasard enlève quoi que ce soit à ce genre photographique par rapport à celui où les images sont construites parfois de A jusqu'à Z...Il y a dans tes propos une différence de valeur suggérée sur laquelle j'aimerai obtenir de ta part une vrai réponse.

Par ailleurs, le fait que des débutants puissent réussir, il est vrai, d'excellentes photos de rue ne remet pas en cause pour autant le fruit de ceux qui sont de vrais spécialistes.
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Benaparis

Citation de: rickyfirst le Décembre 12, 2012, 15:36:03
Ils sont, les plus grands, selon ton expression, les premiers à le dire.

Qu'est ce que cela enlève à la qualité de leur travail (apprécié d'une manière globale)? (cela rejoins ma question initiale).
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ninon

Citation de: Zouave15 le Décembre 11, 2012, 19:18:33
Ninon, je fais une nette différence entre la peur de la mort et la peur du néant. La première conduit à vouloir laisser des traces, profiter pleinement, s'accrocher ou nier les réalités, tandis que la seconde conduit à inventer des mondes ou une suite, et toutes religions. Et il y a autre chose que tu abordes en filigrane et qui selon moi est la peur de l'inconnu, qui crée les systèmes (de pensée ou de sociétés) et qui explique bien des choix, actions et comportements. Il me semble que toutes ces peurs et d'autres peuvent trouver leur transcendance dans l'acte créatif.

Et en effet, je rejoins l'idée qu'il y a une différence majeure entre la pulsion de création chez tout un chacun, plus ou moins intermittente, et la production continue qui demande un tout autre dépassement de soi (si on est nietzschéen comme silbad, au moins à travers quelques phrases ici). Il me semble retrouver ici l'art occidental tandis que l'art oriental serait plus lié à l'acceptation de soi qu'à son dépassement (impression, pas certitude).

Il me semble également certain qu'une création soutenue, indépendamment de son éventuelle qualité, demande quelque chose qui dépasse le quotidien et qui se paye assez cher, comme toute affirmation forte (idées, mode de vie) qui sort du corpus habituel d'émotions, d'idées et de conceptions [Aparté : sans prétendre à une quelconque qualité de mes œuvres, idées et choix, j'estime l'avoir payé cher (désocialisation, paupérisation, ostracisme) ]. Il est d'ailleurs difficile de ne pas sombrer dans diverses choses parallèles ou n'avoir comme public que des marginaux plus ou moins désaxés (comme Francis Bacon) et la voie de soi est un passage étroit (pour reprendre l'expression consacrée).

Les artistes maudits ou dont on a écrit qu'ils étaient atteints de maladies psychiatriques ont selon moi plutôt dépassé la ligne invisible intérieure qu'été réellement malades (sauf les cas avérés). De même ceux par trop histrioniques (démonstratifs, disons); narcissiques (au sens psychologique), avec folies des grandeurs, luxure ou adoration de l'argent, car la recherche de pouvoir sous toutes formes est un danger certain lié à toute expression de soi (et à toute recherche, quelle qu'elle soit).

Et, pour faire un retour peut-être osé vers le sujet initial du fil, la quête de matériel ou de technique (qui reste cependant importante) peut être une fuite ou un déni de ces différentes choses, auxquelles on est forcément confronté dès qu'on commence à exprimer vraiment quelque chose de soi.

...Tout à fait en phase avec ton post, et je suis sensible au fait de constater que nous nous accordons tous, à qq détails près, sur ce sujet souvent battu en brèche et qui concerne un besoin vital, celui de créer!
...L' artiste n' est pas un "surhomme", c' est (juste) un chamane qui prend le risque de se perdre, pour nous proposer quelques instants de communion intemporelle!
...Aucune civilisation, même la plus primitive, ne peut perdurer sans la culture de l' Art...qui le plus souvent est lié au religieux!...voir les peintures corporelles ou les scarifications!... ;)

Benaparis

Citation de: rickyfirst le Décembre 12, 2012, 15:56:37
Je pense, j'espère, t'avoir répondu.

Ok j'ai compris...Merci  :) J'y voyais au départ une forme de remise en cause de ce que l'on appelle la Street Photography.
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Benaparis

Citation de: rickyfirst le Décembre 12, 2012, 16:05:14
Loin de moi cette idée, c'est le domaine photographique que je préfère!  ;)

En fait pour être plus exact, ce n'est pas tant la remise en cause de ce genre photographique, après tout pourquoi pas, que l'argument du hasard comme fondement cette (mal) supposée remise en cause que je n'arrivais pas à capter...
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Canito

Ricky, je suis totalement en phase avec Ben et - je dois le dire - en total désaccord avec toi. Bien sûr que le hasard a son rôle à jouer, mais sans un discours et une démarche, il n'est rien ; ou tout au plus est-il une heureuse coïncidence à côté de laquelle on peut aisément passer. Pourquoi ? Parce que ce qui fait déclencher un "bon" photographe, ce n'est pas seulement la parfaite conjonction (que la plupart des autres preneurs d'images ne verront d'ailleurs pas) des éléments qui se mettent en place en face de lui, "au bon moment au bon endroit", c'est le regard qu'il porte sur les choses qui l'entourent. La photographie, c'est le regard, uniquement le regard. Une bonne série (j'insiste sur l'existence d'une série) suppose un propos préalable, inconscient ou non, et surtout un regard original porté sur le monde, qui se travaille - c'est la part laborieuse - aussi a posteriori, avec l'editing, qui est une composante, essentielle, totalement absente de ton propos, alors qu'elle est essentielle. Ne t'est-il jamais arrivé de te dire, en voyant une image, bon sang, comment fait-il pour voir ça ?! Tu évoques Friedlander, c'est particulièrement vrai. Certaines de ses images ont un pouvoir extrêmement fort alors qu'elles reposent sur rien, ou si peu, sur des choses bassement contingentes, et pourtant, il les a vues, et il a vu en elles leur pouvroir d'attraction et d'évocation. ca, ce n'est pas que du hasard.

Benaparis

Puisque l'on évoque la notion de hasard, voici une photo sans la moindre retouche (que je vous engage à regarder attentivement) que j'ai prise il y a quelques années alors que je m'amusais (et oui il y a souvent une notion de jeux quand je fais des photos y compris dans le cadre d'une commande) à faire du sténopé.
Curieusement, j'ai été complètement attiré et ce de manière quasi magnétique par ce nuage que j'ai volontairement cadré en ces deux lampadaires, et pour dire les choses je ne me suis rendu compte de ce qu'il représentait qu'au moment où je l'ai vu sur mon écran quand j'ai développé mon raw...donc il arrive parfois que ce soit notre esprit qui voit mais pas nos yeux, en tout cas de manière immédiate :

Instagram : benjaminddb

ninon

Citation de: Zouave15 le Décembre 12, 2012, 08:00:52
Il y a certainement plusieurs aspects. Laisser une trace ou des motifs liés à des peurs sont des éléments secondaires, des peurs à transcender qui colorent la création (ou toute autre chose) et en effet il y a quelque chose qui pousse à l'intérieur, et peut amener à des réalisations comme à leur absence (un travail sur soi, ou le fait d'être présent à ses proches, l'aide gratuite et totale) y compris jusqu'au non-agir (qui ne suppose pas l'inaction).

Ce qui nous pousse est souvent enterré, par bien des personnes, prises (et qui acceptent d'être prises) par les contingences sociales. Ensuite, certains ont besoin d'exprimer ce qu'ils sentent ainsi, et s'ils sont doués ou/et connaissent des codes et des procédés, ou les étudient, ils deviennent des artistes (ou des penseurs, etc.), parfois connus.

Mais tous les artistes ne sont pas comme cela, certains y sont venus par intérêt (curiosité, besoin) ont fait une école et ont poursuivi, voulant s'exprimer, et ne ressentant pas forcément le besoin impérieux évoqué au début de ce post. Et je pense qu'entre ces deux formes d'extrêmes, il y a tous les possibles.

Bien sûr dans un tel échange nous redisons des choses dites ailleurs, mais tout n'a pas été dit, et on n'a pas tout lu, et l'intérêt d'en discuter reste entier à mon sens

...Chacun de vos posts ouvre de nouvelles portes!...Passionnant!

...Parler de l' art tel que je le conçois, est aujourd' hui une gageure!...Aujourd' hui, le statut d' artiste est avant tout conçu comme un rang social, assez recherché au titre de la "grande liberté"(mal comprise!) qui est attachée à cette fonction!...La surmédiatisation actuelle fait en qq mois d' un tétard, un culard! ;D
...Dans ce monde en forme de "mirroir aux alouettes", ou tout ce qui brille est pris pour de l' or, les postulants à la célébrité muséographique oublient trops rapidement le revers obscure de la médaille:
D' abord, la très grande solitude, puis le doute, la crainte obsessionnelle de la stérilité, l' angoisse de la "page blanche"...qui n' est autre que le veritable mirroir de l' artiste!...Et puis, il y a l' énorme pression de tout ce qui gravite autour de l' art: en passant rapidement sur la spéculation, il y a bien en amont les obstacles suivants, et qui ne sont pas des moindres: L' absolue necessité de se trouver un HONNETE commanditaire, les collectionneurs qui refuseront tout changement significatif de cap, dans votre cheminement...et qui vous étriperont dès que vous vous fourvoirez qq peu, la production "programmée" par les galliéristes, qui ne sont pas tous des mécènes, la faune colorée des croqueurs de petits-fours, avec lesquels il faut échanger "bulles" et "postillons"!... ;)

Verso92

Citation de: Benaparis le Décembre 12, 2012, 16:23:42
Puisque l'on évoque la notion de hasard, voici une photo sans la moindre retouche (que je vous engage à regarder attentivement) que j'ai prise il y a quelques années alors que je m'amusais (et oui il y a souvent une notion de jeux quand je fais des photos y compris dans le cadre d'une commande) à faire du sténopé.

Jolie photo de lampadaires, Ben !
(et je m'y connais en photo de lampadaire...)

pourquoipas

Citation de: Verso92 le Décembre 12, 2012, 16:32:28
Jolie photo de lampadaires, Ben !
(et je m'y connais en photo de lampadaire...)

pff c'est bien le seul post de ce fil pour lequel t'as le niveau pour intervenir !
;D
Flickr makalux

Canito

Oui, en effet, beaucoup de portes sont ouvertes dans ce fil, et à mon sens on touche ici à l'une des limites des possibles comparaisons de la photographie et de la peinture, ou dit autrement de la photographie intégrée à des discussions générales sur l'art. C'est toujours à contrecoeur que j'ai accepté d'intégrer celle-ci dans celui-là, non parce que la photographie ne serait pas, sous certaines de ses formes, une discipline artistique, mais parcequ'en dépit de cette vérité (plus ou moins vraie  ;D) il n'en demeure pas moins difficile de l'intégrer pleinement à des discours globalisant sur l'art tant son attache au réel en fait un mode d'expression particulier.

ninon

Citation de: Silbad le Décembre 12, 2012, 11:16:13
Je pense effectivement que la création est partout, et pas seulement dans l'art, mais que celui-ci occupe une place particulière du simple fait qu'il est consacré dans nos sociétés, qu'on lui confère une place privilégiée, qu'il a ces lieux de cultes... On peut s'intéresser à ce qui pousse un artiste à faire œuvre, mais il n'est pas inutile de s'interroger sur la place qu'occupe l'art et donc l'artiste dans une société car il me semble que l'un ne va pas sans l'autre. L'artiste n'a que d'existence que par la reconnaissance qu'on lui accorde, reconnaissance qui ne va pas sans poser les problèmes des jeux de pouvoir, de la volonté de dominer et de se distinguer mais aussi de s'opposer et d'être l'expression d'une contestation. L'expression artistique est ainsi prise dans tous les méandres de ce qui fait société. L'artiste peut vouloir s'extirper des contingences sociales, la liberté absolue est illusoire et nous sommes toujours confrontés à des cadres sociaux qui agissent sur nos comportements. Cela souligne peut-être simplement qu'il y a, dans l'expression artistique, plusieurs dimensions qu'il ne faut pas confondre même si au final, l'œuvre se présente comme un tout indissociable ?

...Oui, absolument, l' acte créatif est partout!
...Faire la cuisine pour des êtres que l' on aime est en lui-même un acte d' amour créatif!
...A ce sujet, il est curieux de constater qu' il y a une écrasante majorité d' hommes postulants à l' "acte créatif"!...L' art serait-il machiste?...je ne le crois pas: la Femme à l' origine de l' Humanité, dans sa sereine sagesse, qui dépasse de loin le phénomène culturel, ne recherche que rarement les "hochets" d' un soit disant pouvoir!
...L' art, c' est la grossesse nerveuse de l' homme!...Il ne peut accoucher du monde!...et bien il le crée...à son image et se proclame haut et fort CREATEUR!...çà ne vous rappelle rien? ;D  

Silbad

Je ne suis pas un spécialiste de la photographie de rue, mais j'ai le sentiment que ce que l'on nomme ici le hasard est une composante de la photographie en générale, surtout lorsqu'on l'exploite de manière plus artistique. D'un point de vue professionnelle, sans véritablement que l'on puisse l'éliminer, limiter les incertitudes constituent une exigence professionnelle essentielle.
Plutôt que de parler de hasard je préférerais parler d'improbable pour ce qui dans l'acte photographique, représente cette part d'inattendu, de ce qui se révèle en dehors de toute attente comme la photographie que Benaparis nous présente. Cette inattendu peut rester un pur hasard qui s'est produit et qui ne se reproduira peut-être jamais. Mais lorsque cette inattendu révèle un champs d'exploration possible et qu'on s'en saisit, alors commence un véritable travail de recherche, d'élaboration à la fois technique et esthétique qui n'éliminera pour autant l'improbable mais se mêlera intimement avec des intuitions  et des intentions de plus en plus précises incorporant la construction d'un savoir-faire qui, au fil du temps, et peut-être suffisamment incorporé pour devenir un acte routinier.

Je partage également le point de vue de Canito qui consiste à considérer que la photographie ne s'arrête pas à l'acte photographique, c'est-à-dire à la prise de vue et à l'obtention d'un négatif ou d'un raw parce qu'il y a tout le travail de ce que l'on fait de ce négatif ou de ce raw pour arriver à un aboutissement, l'image que l'on présente au regard. C'est à travers toutes ses étapes et son cheminement que l'artiste se révèle, que ces sens son en éveil et qu'il compose avec de l'insaisissable, cette réalité avec laquelle, la photographie n'a pas d'autre choix que de se confronter. Donc la plasticité de la matière photographique est présente à différent niveau et permet justement qu'une oeuvre de l'esprit peut s'élaborer.

Nikojorj

Citation de: ninon le Décembre 12, 2012, 16:47:27
la Femme [...] ne recherche que rarement les "hochets" d' un soit disant pouvoir!
Ah ben, est-ce que la femme ne recherche pas moins les hochets du pouvoir simplement à cause du poids culturel de la société patriarcale qui le lui interdit? ;D

J'avoue qu'autour de moi, j'ai plutôt eu l'exemple inverse avec essentiellement des femmes artistes (une tante peintre, ma mère musicienne, mais ça c'est de l'anecdote.
Le fait est que des femmes photographes, y'en a.

ninon

Citation de: Nikojorj le Décembre 12, 2012, 15:35:55
En fait c'est superfacile de faire des chefs-d'oeuvre, c'est ça? ;)
Pas d'accord non plus. C'est au créateur de faire son boulot, point. S'il se ment à lui-même tant pis pour lui (il ne fera pas de chefs-d'oeuvre ;) ;) ).

...La seconde reflexion est essentielle: un "artiste" qui n' est pas honnête avec lui-même et qui n' a pas pour postulat, l' authenticité...est un imposteur!

Zouave15

La notion de hasard n'est pas simple à déterminer, si on n'est pas dans l'aspect mathématique du terme. Quant à être au bon endroit au bon moment, c'est d'une part tout un travail (cf les orientaux) et d'autre part un présupposé, celui qu'il y aurait une concomitance du temps et de l'espace qui soit particulière et qui serait meilleure qu'une autre, etc.

Personnellement, je ne crois pas du tout au hasard (du moins, dans ce cadre), ni à la chance quand elle est répétée. D'ailleurs, la « chance » s'analyse très bien en psychologie : si on peut en définir une structure, alors il n'y a pas de chance autre que de temps à autre.

De plus, toutes ces notions sont des perceptions, des façons de voir le monde. Dans la même situation, l'un estime avoir de la chance et pas l'autre, et alors, à l'editing, l'un voit la photo et pas l'autre. Je trouve un peu fort d'éliminer l'editing du processus car c'est à mon sens ce qui fait la différence (d'ailleurs, on voit très bien ici que peu de personnes savent faire leur editing).

Après, si on dit que c'est en fait une question d'œil, autant pour la prise de vue que pour le choix, d'accord, et j'admets qu'on puisse refuser d'analyser pourquoi et comment on a l'œil, mais je trouve dommage de ne pas le faire. Bien sûr, il ne faut pas croire que parce qu'on aura tout analysé on deviendra l'artiste, mais il me semble que personne ici ne pense ça.

Mia

Bonjour. ^^

Quel fil passionnant ! Pourtant je ne m'attendais pas à une discussion aussi intéressante quand j'ai lu le début du fil.
Tellement intéressante que j'ose m'incruster. ^^'

Citation de: Canito le Décembre 12, 2012, 16:36:09
Oui, en effet, beaucoup de portes sont ouvertes dans ce fil, et à mon sens on touche ici à l'une des limites des possibles comparaisons de la photographie et de la peinture, ou dit autrement de la photographie intégrée à des discussions générales sur l'art. C'est toujours à contrecoeur que j'ai accepté d'intégrer celle-ci dans celui-là, non parce que la photographie ne serait pas, sous certaines de ses formes, une discipline artistique, mais parcequ'en dépit de cette vérité (plus ou moins vraie  ;D) il n'en demeure pas moins difficile de l'intégrer pleinement à des discours globalisant sur l'art tant son attache au réel en fait un mode d'expression particulier.

C'est peut-être parce ce que la photographie relève plus de l'interprétation plus qu'à une création au sens propre. Du moins c'est comme ça que je le vois. On pourrait le comparer à la musique, avec la différence entre un compositeur qui crée une oeuvre et un interprète... Après tout certains pourraient dire que l'interprète ne fait rien d'autre que de retranscrire ce qui a déjà été créé, et qu'il n'a pas grand mérite (mis à part le boulot technique qu'il a fait). Pourtant c'est sûrement une "catégorie" (à défaut d'autre terme) des plus fascinantes, vu les différentes possibilités possibilités d'interprétations. L'interprète se réapproprie un sujet et propose ainsi sa vision des choses, touchant ou pas les autres. Je ne sais pas si je suis très claire. >_<

Dans le cas de la photographie, la notion de chance ou de hasard revient souvent j'ai l'impression, au détriment parfois du mérite du photographe. Je me demande si ce n'est pas justement parce que les éléments sur lesquels se base le photographe  (surtout pour la Street Photography) sont des choses mouvantes et éphémères auxquelles il n'a pas forcément d'emprise. Mais quelque part ne dit-on pas que la chance sourit aux esprits préparés? ;)  
 

ninon

Citation de: rickyfirst le Décembre 12, 2012, 15:38:16
Qu'est ce qu'un chef d'oeuvre? quoi qualifier de tel, quelle(s) photo(s), quel(s) photographe(s)?

Je ne m'y risquerai pas.

...C' est la grande problématique du rapport entre l' artiste et son public!
...La seule chose que nous puissions honnètement déclarer face à une oeuvre, est: J' aime...ou je n' aime pas!
  je suis sensible à...ou cela me laisse indifférent!...quitte à rechercher au fond de soi-même les raisons profondes et souvant innavouables de ce dégout!...Il est vain de chercher à critiquer l' oeuvre d' un artiste, alors que celui-ci ne maitrise pas lui-même le réel moteur de son processus créatif...et que son discours ( souvent inutile, quand il n' est pas carrément nocif) appliqué en sous-titre à postériori, ressemble plus à une justification qu' à une motivation!... ;)

pourquoipas

On fait souvent l'hypothèse que photo = street photographie.
Mais il existe des champ de la photographie où tout est maîtrisé.
Par exemple certains plasticiens, qui prennent en photo leurs installations (et qui détruisent ensuite l'installation).

Ceci dit ce ne sont pas les photographies que j'apprecie le plus.
Flickr makalux

ninon

Citation de: Benaparis le Décembre 12, 2012, 15:42:19
J'ai bien compris ce que tu disais, je ne remet pas en cause la part de hasard, comme je te l'ai dit il se provoque...de plus ces photographes font énormément de photos et en jettent beaucoup pour ne garder justement que celles qui correspondent à leur vision à ce qu'ils ont envie de transmettre...c'est un peu comme des chercheurs d'or qui doivent passer au tamis des tonnes de terre pour trouver quelques grammes d'or, les grands spécialistes ont ce talent de mieux sentir les filons.
Comme tu le dis toi même (et fort bien d'ailleurs) ils vivent et donc ont ce pouvoir de retranscrire la vie sous un angle qui traduit leur vision...Que tu le veuilles ou non c'est un vrai travail avec toutes les frustrations qui vont avec...
Mais encore une fois je ne vois pas en quoi la part de hasard enlève quoi que ce soit à ce genre photographique par rapport à celui où les images sont construites parfois de A jusqu'à Z...Il y a dans tes propos une différence de valeur suggérée sur laquelle j'aimerai obtenir de ta part une vrai réponse.

Par ailleurs, le fait que des débutants puissent réussir, il est vrai, d'excellentes photos de rue ne remet pas en cause pour autant le fruit de ceux qui sont de vrais spécialistes.


...La qualité est un sous-produit du nombre! ;D